Ghjuventù Tocca à Noi tenait ce vendredi matin une conférence de presse afin d’interpeller les candidats à l’élection municipale. Voici le texte de la conférence de presse :
« Le bureau de l’association Ghjuventù tocca à noi est présent ici aujourd’hui afin de faire part de son sentiment sur l’élection municipale d’Ajaccio, dont le premier tour doit se tenir le 25 janvier.
Avant de commencer, notre association souhaite profiter de cette occasion pour exprimer publiquement son entière solidarité aux familles des 17 victimes de la barbarie djihado-fasciste qui s’est abattue sur Paris la semaine dernière. Nous leur adressons, au nom de l’ensemble de nos adhérents, nos plus sincères condoléances.
Pour revenir sur l’élection d’Ajaccio. Si nous sommes là aujourd’hui, c’est pour lancer un cri d’alarme aux différents candidats. Notre association est présente depuis maintenant cinq ans sur le terrain de la lutte socio-politique, et nous connaissons bien Ajaccio. Nous sommes conscients que les défis que notre ville doit relever sont considérables, et nous avons malheureusement l’impression que les différentes listes en présence n’en prennent pas suffisamment la mesure.
Pour commencer, nous tenons à dire que nous déplorons le fait que le mouvement national, auquel nous appartenons, soit divisé en deux listes et quart. Même si certains ont souhaité l’union, d’autres étaient visiblement plus intéressés par des strapontins, et nous le regrettons. Au vue de la situation inquiétante d’Ajaccio, nous aurions préféré voir l’unité globale de la mouvance patriotique. Plus que jamais, nous attendons des candidats à cette élection une vision sociale et identitaire pour notre ville ! Car, oui, la situation d’Ajaccio, sur le plan social, économique et culturel est plus que préoccupante ; hausse du chômage, précarité, ghettoïsation, désertion du centre-ville, et pour couronner le tout, un PLU annulé !
Tous les voyants sont au rouge ! À commencer par les voyants sociaux, pour lesquels nous nous permettons de rappeler certains chiffres : – 17 000 Ajacciens vivants sous le seuil de pauvreté, ce qui représente presque 30% de la population de la ville ! – 10 % de chômeurs; un chiffre en constante augmentation (ils ne représentaient que 7,5% en 2008) ; + 5% en un an chez les moins de 25 ans et + 12 % chez les plus de 50 ans. Le tout s’accompagnant d’une évidente décorsisation des emplois qui empêche chaque année un peu plus les jeunes corses d’entrer sur le marché du travail. On constate également une fracture sociale qui touche notre ville de plein fouet. Fracture révélée pour la première fois par l’INSEE en 2011; un très net clivage Est-Ouest, avec un Nord-Est pauvre et un Sud-Ouest riche, et qui nous rappelle le triste contraste marseillais entre quartiers nord et quartiers sud. À notre connaissance, aucun élu ou candidat ne s’alarme de cette ghettoïsation grandissante de nos quartiers. Et comme souvent, les populations les plus exposées à cette pauvreté sont les familles monoparentales et les personnes âgées, et nous le constatons un peu plus chaque jour ; 15% des retraités perçoivent moins de 400 € par mois, certains sont même parfois obligés de fouiller dans les poubelles ! Quant à la politique des logements sociaux, force est de constater qu’il y’a beaucoup à redire ; Comment peut-on admettre qu’ils ne représentent que 15% des résidences principales de la villes – chiffre très éloigné des 25% requis – alors que la gauche a géré Ajaccio pendant 13 ans, et qu’elle a elle-même fixé le seuil à 25%. Là encore, il y’a urgence, et on ne peut que se demander pour qui cette cité est impériale ?
La situation économique n’est guère plus réjouissante. Les entreprises ajacciennes sont presque toutes touchées par la crise ; PME, artisans, petits commerçants, tous ressentent ses effets néfastes au quotidien. Il est bien loin le temps où l’on nous assurait que la crise n’impacterait pas notre île. Et il y’a un phénomène en particulier que l’on constate chaque jour un peu plus ; le centre-ville se meurt ! Il est temps pour les élus ajacciens d’en prendre pleinement conscience et d’appliquer les mesures qui s’imposent. Nous tenons à ce titre à saluer les actions entreprises par le collectif Centru Vivu, afin d’œuvrer à la re-dynamisation du centre-ville. Nous espérons que les candidats seront attentifs à leur propositions, en particulier l’idée d’une zone franche urbaine. Car si Ajaccio n’a plus de centre-ville vivant, Ajaccio n’a plus d’âme. En parlant d’âme justement, si il y’a un thème que nous ne pouvons pas occulter, c’est celui de la culture.
Pè ciò chì tocca à u duminiu culturale è identitariu, quì dinò, e pruposte di i candidati ci parenu timide assà. Pè a citadella per esempiu, è quand’ellu si parla di citadella, si parla di cultura, d’identità è di patrimoniu ! È inquant’à noi deve tene a citadella tutti ss’aspetti quì in priurità. Ancu s’elle sò intaressante certe idee, ci stona quantunque u fattu chì nisuna ùn piglii esempiu annantu à ciò chì si face in altrò. In Calvi, per undettu, l’associu u Svegliu Calvese ne avia fattu un spaziu di manifestazione culturale accuglienduci cuncerti è scontri. Un altru esempiu, l’Ile d’Yeu, chì avia fattu di a so citadella una vera pipiniera sucioculturale accugliendu associi belli varii (educative, spurtive, musicale, ecc…) è ancu a radiu lucale. A Citadella d’Aiacciu deve diventà un locu di vita è d’attività invece di un solu arnese turisticu. È accunsentaremu ogni pruposta ch’andarà in stu sensu quì. À parè nostru, tocca à l’Aiacciu di dumane di piazzassi in a Corsica di dumane. Pè quessa chì tocca à i candidati di pusiziunassi di modu chjaru è lindu pè rapportu à i cartulari di primura chì toccanu a Corsica, in prima locu, u PADDUC è a cuufficialità*.
C’est, en conclusion sur tous ces points cruciaux que nous interpellons les candidats à la prochaine échéance municipale. À l’exception du FN, que nous considérons toujours comme indésirable en terre corse, (pour des raisons que nous avons plusieurs fois évoqués), nous invitons les principales listes en présence à nous exposer explicitement leurs positions et leur réflexions sur ces questions. Car l’avenir d’Ajaccio est en partie entre leurs mains. Nous vous remercions de votre attention.
Ghjuventù tocca à noi
* Traduction du corse En ce qui concerne le domaine culturel et identitaire, là aussi, nous ne pouvons que constater que les propositions des candidats sont encore très timides. Pour la Citadelle, par exemple, et lorsqu’on parle de Citadelle, c’est bel et bien de culture, d’identité et de patrimoine dont il s’agit ! Et c’est cet aspect premier qu’elle doit avoir à notre sens. Si certaines idées sont intéressantes, nous nous étonnons qu’aucune ne s’inspire de ce qu’il s’est fait dans d’autres villes. À Calvi, par exemple, l’association U Svegliu Calvese en avait fait un lieu de manifestations culturelles accueillant concerts et rencontres. Autre exemple, l’Ile d’Yeu, qui a fait de sa citadelle une véritable pépinière socio-culturelle hébergeant des associations de toutes sortes (éducatives, sportives, musicales etc.) et même la radio locale. La Citadelle d’Ajaccio doit selon nous devenir un lieu de vie et d’activité plutôt qu’un simple outil touristique, et nous approuverons toutes les propositions allant dans ce sens. Pour nous le Ajaccio de demain doit se placer dans la Corse de demain. C’est pourquoi les différents candidats on le devoir de se positionner clairement par rapport aux grands dossiers qui concernent la Corse, en premier lieu, le PADDUC et la co-officialité. »