(CorseMatin) Occupant les locaux de Kyrnolia sur le boulevard Lantivy, les colistiers d’Aiacciu cità corsa ont dénoncé le détournement de sommes considérables au profit de l’extérieur par de grandes multinationales
L‘accaparement de notre économie par des intérêts extérieurs. »C’est ce que Paul Leonetti et ses colistiers d’Aiacciu cità corsa ont dénoncé, hier, dans les locaux de Kyrnolia sur le boulevard Lantivy. Les nationalistes ont occupé l’accueil de l’établissement dans le calme, faisant état de leurs griefs et revendications.
En préambule, Katty Bartoli n’a pas tourné longtemps autour du pot. « Nous sommes venus dénoncer les énormes profits réalisés sur notre terre, dans plusieurs domaines, au détriment de nos intérêts collectifs. Sur Aiacciu, il est évident que des sommes considérables liées à des activités réalisées sur notre sol sont systématiquement détournées au profit de l’extérieur. »
Et la numéro 4 sur la liste menée par Paul Leonetti d’avancer des exemples. « La quasi-totalité du parc immobilier social dont les loyers sont versés sur des comptes bancaires situés hors de Corse. Le produit des locations des résidences secondaires appartenant à des personnes non domiciliées en Corse, qui viennent de surcroît concurrencer l’économie locale. Enfin, les grandes surfaces autorisées dans une proportion exagérée, qui ne laissent chez nous que les salaires des employés de base, pendant que l’essentiel des bénéfices est transféré ailleurs. »
« Contrat scandaleux avec Veolia »
Les différentes municipalités passées ne sont pas en reste, ces dernières étant pointées du doigt par Aiacciu cità corsa comme « ayant choisi de déléguer à des sociétés extérieures l’essentiel des services publics. »
Un mode de gestion d’autant plus « aberrant »pour les nationalistes que « la ville et la Capa emploient un nombre d’employés important ». Concernant les marchés de maîtrise d’œuvre, Aiacciu cità corsa regrette que ces derniers « échappent aux locaux ».
Pour cela, l’ancienne municipalité Renucci est visée pour avoir attribué « les dossiers contentieux de la ville à une société d’avocats continentale, au détriment des avocats ajacciens. Ce n’est d’ailleurs pas le meilleur moyen de défendre les intérêts de la ville, comme on vient d’ailleurs de le constater lors de la récente annulation du PLU ».
Dans les domaines des transports en commun, de l’eau et de l’assainissement, le tableau n’est pas plus idyllique pour Aiacciu cità corsa. Pour l’eau, la ville est toujours liée à Veolia par un contrat passé en 1992 auprès de la Compagnie des eaux et de l’ozone. Contrat de 25 ans passé dans des conditions jugées « scandaleuses alors que la ville était en grande difficulté financière ».
Katty Bartoli rappelle les faits : « Le droit d’entrée payé par cette société pour renflouer les caisses d’une municipalité en grandes difficultés financières s’est fait à des conditions très pénalisantes pour la ville qui a dû accepter des clauses exorbitantes. En particulier le paiement par les usagers d’une prime fixe par compteur, destinée à rembourser l’avance initiale effectuée par le concessionnaire. Ce dernier aura ainsi perçu en 2017, plus de 10 millions d’euros sur une mise de fonds initiale de 2,25 millions d’euros. »
Et la création de la Capa, en charge de la compétence eau et assainissement depuis 2003, n’a pas changé grand-chose. « Veolia a compensé les quelques réductions par l’intégration de l’ensemble des communes de la Capa sans concession, souligne la colistière. Des millions d’euros réalisés sur l’exploitation de nos richesses naturelles échappent à l’économie locale pour aller gonfler les profits d’une multinationale, le tout dans la plus grande opacité et cautionné par les municipalités successives. »
« Boire notre eau et avaler des couleuvres »
Aiacciu cità corsa revient sur les errements « dénoncés en 2009 »: « Kyrnolia, dont la décorsisation de l’encadrement est systématique, n’existe pas en Corse en tant qu’entité économique, il ne s’agit que d’une marque déposée à l’institut national pour la propriété industrielle (Inpi). »
Autrement dit, comme le souligne Paul Leonetti : « On nous fait croire que nous buvons notre eau alors que nous avalons des couleuvres ! » Aiacciu cità corsa remarque que « la compagnie des eaux et de l’ozone n’est pas inscrite au registre du commerce à Ajaccio, contrairement à l’extérieur de l’île où la CEO dispose de 45 établissements secondaires. Son directeur en Corse ne dispose d’aucun pouvoir de décision, les contributions sociales, taxes et impôts ne sont pas payées en Corse par la CEO, puisque les salaires et le chiffre d’affaires sont imputés à une autre région que la Corse. Enfin, les factures des abonnés en Corse sont réglées hors de l’île et atterrissent dans une banque non domiciliée dans l’île. »
Une gabegie pour Aiacciu cità corsa, alors que la Corse dispose de « ressources en eau importantes, bien collectif du peuple corse, dont il devrait avoir la maîtrise sans en payer le prix fort ».La liste nationaliste candidate aux municipales assure qu’à « l’échelle de l’ensemble français, c’est en Corse que le prix de l’eau est le plus élevé. Veolia accapare notre eau et nous la revend cher ».
« Gestion en régie avec tarif social »
La solution ? « Favoriser un système de régies à l’échelle de grands bassins intercommunaux, afin de faire baisser le prix de l’eau. N’oublions pas que le p.-d.g. de Veolia déclarait dans le magazineChallenge d’avril 2013 qu’avec une rentabilité opérationnelle de 20 % en 2009, la division eau de la société est « la vache à lait du groupe ».
Aiacciu cità corsa souhaite donc demander un audit précis sur la gestion de l’ensemble des délégations, en particulier celles de l’eau et de l’assainissement, avec « passage en régie du contrat actuel ». Des frais de fonctionnement supplémentaires qui ne font pas peur à Paul Leonetti. « Nous ne pouvons pas garantir le succès de l’opération mais il n’est pas question de refuser la responsabilité de la gestion de l’eau. Si Veolia avait été un partenaire loyal avec la meilleure eau au meilleur coût, la question ne se serait pas posée. »Deux propositions sont évoquées par le leader d’Aiacciu cità corsa : « Nous souhaitons un tarif social pour l’eau avec les premiers m3 gratuits pour certains cas. »
Avec l’aimable autorisation de son auteur Ghjilormu Padovani