Projet de territoire pour réduire la pauvreté et la précarité
Réponse au Docteur François Pernin, Président de la Coordination de Lutte contre l’Exclusion (CLE)
Aiacciu 13 ghjennaghju di u 2015
José Filippi
à
Dr François PERNIN
Président de la CLE
10 montée St Jean
20090 AJACCIO
Monsieur le Président,
Nous répondons volontiers à votre sollicitation. Vous savez que notre intérêt pour cet aspect essentiel de la vie collective n’est ni conjoncturel ni opportuniste. En effet, le Dr Edmond Simeoni a été très impliqué dans le Collectif contre la précarité, dès sa naissance, il y a quelques années ; de plus, vous avez toujours trouvé auprès du groupe « Femu a Corsica », une écoute attentive et un soutien ferme lors de vos différentes démarches auprès de la CTC.
Nous savons le rôle éminent que joue la CLE pour informer la population corse de la gravité de la situation dans l’île et à Ajaccio notamment (17.500 personnes dans les difficultés !!) ; et sa volonté constante de sensibiliser et de mobiliser tous les acteurs de la Corse.
Malheureusement, une grande part de cette précarité est structurelle – liée à certains types de développement- et échappe à notre engagement local.
Nous sommes, en toute hypothèse, à votre disposition pour compléter cet échange si vous le jugez utile ; après les élections et quel que soit le résultat, nous serons disponibles pour vous rencontrer et nous mobiliser avec d’autres forces, au service des plus démunis.
Cordialement pour vous et les différentes organisations de la CLE
José Filippi
Femu Aiacciu-Femu a Corsica
PJ : Le projet
PROJET DE TERRITOIRE POUR REDUIRE LA PAUVRETÉ ET LA PRECARITE
L’Assemblée de Corse, le 31 janvier 2014, a adopté le Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) qui fixe les règles et les outils qui permettront de parvenir au modèle de développement choisi avec un volet sociétal qui vise à mettre l’humain au centre du développement et valoriser la culture sous toutes ses acceptions pour en faire le socle de la cohésion et de l’émancipation sociale. Il s’agit, ainsi, de créer les conditions, par des politiques publiques adaptées, d’une véritable solidarité au service du peuple corse.
Un des trois documents majeurs qui font partie intégrante de ce PADD est la Charte de Lutte contre la Précarité qui propose une méthode d’intervention et une stratégie pour lutter contre la précarité. Ainsi, dès juillet 2012, avait été acté le fait que le PADDUC, adopté le 30 octobre dernier, vaut « Charte de lutte contre la précarité et l’exclusion sociale ».
Ceci a été rendu possible notamment par le patient travail de la Coordination de Lutte contre l’Exclusion (CLE), Coordination à laquelle Femu Aiacciu, Femu a Corsica a toujours contribué.
En effet, dés novembre 2006, nous avions, avec vous-même, Docteur Pernin, et d’autres personnalités et organisations, pris l’initiative, au nom du Collectif contre la précarité, d’organiser les Assises de la Précarité, à l’Université Pasquale Paoli.
Par la suite, vous avez poursuivi inlassablement, avec notre modeste concours, le travail de recherche, de sensibilisation et de mobilisation de la société insulaire contre la précarité qui progresse inexorablement dans l’île, en France et dans le monde.
En particulier, le Dr Edmond Simeoni, ancien Conseiller Territorial, a facilité les contacts et les échanges entre le Collectif et l’Assemblée de Corse pendant la mandature 2004-2010.
Nous avions déjà répondu à votre questionnaire en mars 2014 lors des dernières élections municipales. Nous avons bien entendu, poursuivi notre réflexion compte tenu de la gravité de ce problème et vous livrons, ci après, notre analyse et nos propositions.
1 – UNE NOUVELLE APPROCHE DU TRAITEMENT DE LA QUESTION SOCIALE
A) Ainsi que nous l’avions déjà affirmé, nous sommes pleinement convaincus que la méthode d’approche doit intégrer l’analyse systémique, en réunissant les différents acteurs sociaux, économiques, médicaux, sanitaires ; la diversité et la mutualisation des compétences doivent permettre d’espérer des résultats intéressants. Votre proposition de créer une cellule de veille permanente avec tous les acteurs et, après étude, éventuellement, un centre opérationnel de ressources et d’observation au niveau du territoire est envisageable, de même qu’il parait pertinent de faciliter les rencontres pluridisciplinaires sur les situations sociales les plus complexes.
B) Concernant l’élaboration d’un diagnostic de la précarité, des outils d’observation sociale existent qu’il convient de renforcer et surtout de partager. Vous même disposez déjà, avec la CLE, des données de base permettant d’établir ce diagnostic tant au niveau de la ville que de la CAPA. Il sera cependant nécessaire de renforcer également les outils de pilotage des actions et de suivi des activités.
Il semble essentiel, aussi, de persuader tous les acteurs institutionnels et associatifs de la nécessité d’une analyse prenant en compte les données économiques et sociales ainsi que de la priorité qui doit être accordée au problème de la précarité; il est structurel et ne peut se limiter à des actions caritatives, certes procédant d’un bon sentiment mais d’une efficacité discutable.
En ce qui nous concerne, il nous semble indispensable d’élargir le cercle des projets aux entreprises et au monde économique au delà des associations et des institutionnels : plus la société s’impliquera dans cette problématique et plus les réponses apportées seront efficaces.
C) Le CCAS est un acteur important de la mise en œuvre de la politique sociale de la ville. Les orientations fixées par son Conseil d’Administration concernent des actions en direction des séniors mais aussi des familles vulnérables économiquement et isolées socialement (portage de repas, épicerie éducative, grenier solidaire, boutique de puériculture..) toutes actions intéressantes mais qui demandent à être renforcées et optimisées par l’intervention d’autres acteurs et institutions.
Il faut éviter que la structure CCAS ne dérive vers le «maternage social». Donc, après un bilan et une évaluation de son action, il conviendra d’arrêter une stratégie plus conforme à la réalité de sa mission sociale d’action générale de prévention et de développement en étroite liaison avec les institutions publiques et privées.
Il existe, par ailleurs, à la Ville d’Ajaccio une Direction Municipale de l’Action Sociale avec plusieurs assistantes sociales. Il semble indispensable qu’une Direction unique coordonnée et formalisée soit mise en place pour assurer une cohérence de la politique sociale de la ville.
D) Nous serions assez favorables au lancement d’une étude pour un projet de territoire expérimental -Ajaccio et Capa- (objectifs, composition, missions, coûts…) tel que prévu par la Charte de lutte contre la précarité.
2 – LA GOUVERNANCE DE L’ACTION SOCIALE
A) Dans la cité moderne que nous avons l’ambition de contribuer à construire, la démocratie participative doit être au cœur de l’action publique et notamment de l’action sociale. Les cloisonnements stricts, le clientélisme, doivent progressivement céder la place à la responsabilisation et à l’implication collectives.
==> L’organisation de la présence municipale sur les quartiers doit s’appuyer sur une articulation entre les maisons de services publics, les mairies annexes et les centres sociaux municipaux existants et à venir. Ce maillage des quartiers permettrait de proposer aux ajacciens, un accueil, une information et une orientation vers les services généraux et une offre d’animation sociale globale, une intervention sociale d’aide à la personne et une capacité d’impulsion des initiatives de développement social local.
==> Le recours systématique à des conventions de coopération avec les partenaires institutionnels et associatifs aurait pour but d’inscrire les actions dans la durée en fixant des objectifs communs et des critères d’évaluation des actions concertées.
==> Le bénévolat doit être encouragé afin de développer des expériences d’entraide entre citoyens car la seule action municipale ne peut suffire à répondre à toutes les précarités économiques, relationnelles et identitaires.
==> Il conviendrait d’encourager l’engagement citoyen et le renouveau de la vie associative pour redynamiser l’animation de la vie sociale et renforcer les solidarités de proximité dans les quartiers. Un service municipal destiné aux associations existe déjà, le Relais des Associations : il serait important de lui assurer un vrai portage politique afin que son action soit connue et reconnue.
==> Enfin, il serait nécessaire de renforcer la proximité des services municipaux pour améliorer la qualité de vie dans tous les quartiers de la ville.
B) Nous pourrions énumérer les partenariats institutionnels mais l’exercice relèverait davantage de la démagogie que d’un engagement raisonné. Nous savons par expérience qu’il faudra une action soutenue, pédagogique, étayée par la formation spécifique de certains intervenants, pour construire des liens durables et opérationnels avec le Conseil Général, la CAPA, la CTC, l’Etat et l’Europe.
Cependant, concernant l’action municipale, une priorité doit être accordée à un plan de formation (auprès de tous les services qui conduisent des actions en direction des publics) en matière de conduite de projet dans le but de renforcer la qualification de l’ensemble des agents et de lutter contre le cloisonnement des services et des projets.
C) Chacun est conscient que les Collectivités locales ont des ressources en diminution constante, qu’elles doivent assumer mieux leurs missions avec moins de moyens ; de ce fait, toutes les recherches de synergie, de partenariats, de mutualisation, de rationalisation, de gestion rigoureuse acquièrent une importance majeure ; par ailleurs, il faudra mener une politique de participation des entreprises privées à l’action sociale (mécénat et initiatives, défiscalisation…) afin d’abonder les ressources mais plus encore pour homogénéiser le corps social.
Nous avons l’ambition d’améliorer la qualité de vie dans les quartiers en favorisant la participation des habitants aux actions menées sur le territoire. Si cette ambition repose sur le renforcement de la présence des structures de proximité, il convient d’encourager le développement social local. Il s’agit d’une démarche globale d’intervention auprès des populations fragilisées en mobilisant collectivement non seulement les bénéficiaires mais aussi tous les autres acteurs (citoyens, élus, partenaires, institutions) et leurs ressources, afin de favoriser une évolution sociale positive et d’améliorer globalement et individuellement les conditions de vie des habitants. Nous devons viser ainsi à éviter les politiques d’assistanat au profit de la promotion sociale durable des habitants.
D) La transparence dans le domaine social est une obligation impérieuse car là peuvent se créer des liens de subordination entre les élus et les électeurs, compte tenu des difficultés économiques croissantes et de la précarité. La Casa Cumuna doit devenir une maison de verre, avec des critères objectifs d’attribution de logements sociaux, de subventions, de bons alimentaires, de promotions, de recrutements… Le fonctionnement doit avoir un unique soubassement : la démocratie et l’équité.
3 – LES OBJECTIFS PRIORITAIRES
Action en faveur du logement social
En matière de logement, nous nous engageons à réaliser 300 logements sociaux par an pour les besoins des familles mais aussi des jeunes, des familles monoparentales dont la proportion ne cesse d’augmenter. Leur attribution s’effectuera en toute transparence et au bénéfice de la population ajaccienne.
En matière d’accueil d’urgence (de jour ou de nuit), nous nous impliquerons dans l’aide aux centres d’hébergement et de réinsertion sociale, résidences sociales, qui sont des parties de réponse à apporter à la question du logement des personnes les plus défavorisées. Nous mettrons en place une commission extra municipale ouverte à tous les acteurs, notamment les bénévoles, de la solidarité sociale. Les moyens du Centre Communal d’Action Sociale seront renforcés afin d’améliorer le quotidien et faire face aux difficultés de la vie.
La précarité urbaine est une réalité dans les quartiers jugés prioritaires dont certains présentent des phénomènes de surreprésentation de cette précarité. Nous mettrons en place dans les quartiers, des relais de solidarités au sein desquels des professionnels référents seront là pour accueillir, écouter, orienter et si nécessaire accompagner dans leurs démarches les personnes en difficulté : les seniors, les personnes atteintes d’un handicap et les personnes en situation de grande précarité. Nous voulons permettre aux personnes les plus vulnérables de prendre leur place dans la vie sociale. Ainsi, nous allons travailler avec les acteurs de l’économie sociale et solidaire en matière d’hébergement et de services adaptés à la prise en charge de la dépendance et au maintien à domicile.
Action en faveur du handicap
Le respect des droits des personnes handicapées est au cœur de nos préoccupations. Nous ne pouvons nous satisfaire du retard pris dans les aménagements et accès des voies publiques et privées dans notre cité. Ce problème se pose depuis des décennies et nous sommes décidés à prendre des initiatives sans délai.
La Ville d’Ajaccio est signataire de la Charte Ville Handicap qui a pour objectif de promouvoir l’intégration dans la cité de toutes les personnes déficientes en améliorant leur autonomie et de faire de l’accessibilité aux lieux publics la première des priorités.
Il existe une Commission Communale pour l’Accessibilité des Personnes Handicapées (CCAPH) qui se réunit deux fois par an. Il conviendra de renforcer son activité et d’optimiser la concertation avec les associations dédiées afin de solutionner des points durs qui au quotidien, peuvent entraver l’autonomie des personnes en situation de handicap.
Il conviendra également de renforcer l’action du service municipal dédié au handicap dont l’action est méconnue faute de véritable portage politique.
• Mobilité et transport
Cette compétence relève de la CAPA. Cependant, des actions communes doivent être conduites pour améliorer l’accessibilité en matière de transport en commun et, notamment, la poursuite de la mise en œuvre du schéma directeur d’accessibilité des transports.
• Logement
Un effort particulier, sous forme d’aides financière et technique sera porté sur la rénovation et l’aménagement destinés à des personnes à mobilité réduite
• Aménagement des trottoirs et toilettes publiques
Les trottoirs d’Ajaccio sont parsemés d’obstacles. Cette situation n’a que trop duré. Les services de voiries auront pour mission d’accélérer la réalisation d’accès (bateaux) et de passage adaptés et visuellement détectables. Nous installerons des toilettes adaptées dans tous les quartiers.
• Installations sportives et accès aux plages
Les installations sportives et balnéaires bénéficieront d’aménagements qui permettront l’accès aux personnes handicapées.
Action en faveur des seniors et prévention des effets du vieillissement
Il est important de renouer le dialogue entre les générations et de rappeler la place des personnes âgées, surtout celles qui sont encore en mesure de s’assumer, dans une société trop souvent encline à les oublier. Or, les personnes âgées sont les détenteurs de la mémoire individuelle et collective.
La Ville doit s’efforcer d’apporter des réponses diversifiées du fait que les attentes des seniors ne sont pas homogènes. Les 60-75 ans jouent un rôle social précieux au sein de notre cité en composant les forces vives de la vie associative. Ils représentent le noyau dur des aidants familiaux.
Mais en même temps, la perte d’autonomie intervient après 75 ans et voit émerger les besoins de soutien en aides humaines et techniques, en mobilisant les ressources solidaires de l’entourage familial.
Nous devons encourager les échanges entre les âges y compris au sein de la catégorie des plus de 60 ans entre les « autonomes et les « en risque de perte d’autonomie ». Par ailleurs le renforcement de la place des personnes âgées doit prendre appui sur une présence plus visible des seniors aux sein des maisons de quartier et aussi dans les besoins de soutien auprès des plus jeunes par le biais du développement du tutorat en direction des jeunes.
Action pour l’insertion sociale, professionnelle et le développement économique
Il s’agit là d’un axe stratégique qui a pour vocation d’accompagner des publics prioritaires vers la formation, l’emploi et l’activité économique dans l’intérêt du développement régional. Nous devons agir pour faciliter l’insertion professionnelle et sociale des publics en difficulté, les plus éloignés de l’emploi (jeunes sans qualification, bénéficiaires des minima sociaux, travailleurs handicapés, femmes isolées, chômeurs de longue durée et toutes les personnes en difficulté d’accès au marché du travail, à qualification peu élevée ou inadaptée).
La Ville et la CAPA disposent d’outils pour mettre en place cette politique (Plan Local d’Insertion par l’Economique, Mission Locale, Maison de l’Emploi) et nous savons que depuis de nombreuses années beaucoup d’actions ont été menées. Cependant le portage politique a souvent montré sa faiblesse et les actions menées reposaient essentiellement sur l’engagement de fonctionnaires plus que sur une volonté politique forte.
Il conviendra donc de renforcer l’action de ces outils pour promouvoir le développement et l’emploi par la création de nouvelles activités ainsi que la valorisation du capital humain par la formation qualifiante, la création et le développement de structures et de dispositifs d’insertion par l’activité économique, le renforcement de la clause d’insertion dans les marchés publics.
Il convient également de leur donner une orientation d’anticipation économique au bénéfice de l’emploi, de la formation et de l’insertion des demandeurs d’emploi du Pays Ajaccien. Ce positionnement doit conduire la ville à travailler avec l’ensemble de ses partenaires naturels pour élargir la mobilisation des acteurs afin d’apporter des réponses concrètes dans la construction des outils de l’insertion du territoire en permettant de mettre en valeur différentes filières économiques innovantes ou traditionnelles et faire découvrir aux jeunes et aux demandeurs d’emploi des métiers et des formations porteurs d’avenir (par exemple, métiers traditionnels agricoles et de l’agro-alimentaire, métiers innovants de l’électrodomestique, du multimédia et de la fibre optique, métiers de la déconstruction nautique, métiers du bois, etc.)
Par ailleurs, la Mission locale d’Ajaccio doit développer un mode d’intervention global au service des jeunes avec la prise en compte de l’ensemble des freins à leur insertion dans tous les domaines : emploi, formation, orientation, mobilité, logement, santé, accès à la culture et aux loisirs. Cette approche globale est le moyen le plus efficace pour lever les obstacles à l’insertion dans l’emploi et à leur accès aux droits et à l’autonomie.
Action en matière de Santé
La Ville se doit de soutenir et encourager les initiatives visant à réduire les inégalités territoriales de santé de sa population. Depuis 2007, il a été mis en place un Atelier Santé Ville qui devrait être un outil de coordination en santé publique. La Ville dispose de deux labels qualité en santé publique, celui du réseau français des Villes Santé de l’OMS et du Programme National Nutrition Santé qu’elle possède également depuis fin 2007.
Ainsi, un document stratégique a été élaboré, le programme local de santé, un plan local de santé a été signé avec l’ARS. Cependant, ces documents ne trouvent pas ou peu d’attention de la part des politiques. Le service municipal de santé n’est composé que d’un seul chargé de mission.
Il serait donc souhaitable que la Ville affiche son ambition, décline des priorités d’intervention dans les quartiers et réponde au mieux aux exigences inhérentes aux deux labels dont elle dispose. Il faut un véritable engagement très volontariste de la Ville d’Ajaccio en faveur d’une politique de prévention santé et d’encouragement à l’accès aux soins.
Renforcer le lien social
Le lien social se délite sous les effets conjugués des difficultés économiques, des égoïsmes, de la perte des repères moraux puis de la précarité qui sont, à des titres différents, la source inépuisable de la déshérence sociale, des addictions, des violences. Outre la prévention et le traitement spécifique de ces différents maux, on doit soigner la société dans son ensemble par la démocratie surtout, la responsabilisation du corps social, la justice, la réhabilitation des valeurs éthiques et surtout une solidarité omniprésente qui ne repose ni sur l’aliénation, ni sur l’assistance, ni sur la compassion mais sur la prise en charge affective et effective de la société et des ses dysfonctionnements, avec la volonté affirmée et soutenue, sinon d’y remédier, du moins d’en minorer les effets.
La ville se doit d’encourager les initiatives menées dans les quartiers visant à la pratique et à la promotion de la langue et de la culture Corses pour permettre une meilleure appropriation de la mémoire collective permettant de s’ouvrir sur le monde sans perdre ses repères.
Il existe depuis 2013, un service municipal dédié à la langue et à la culture corses mais qui n’a pas véritablement les moyens de son ambition.
Force est de constater que
• l’acquisition d’une langue par ceux-là même qui sont les dépositaires de sa survie ne saurait se satisfaire d’un enseignement théorique et déconnecté de ce qui est son essence même : la situation de communication ;
• l’usage est le vecteur premier d’une culture vivante partagée par tous, rendant au corse son statut de langue vernaculaire pour les uns, d’outil d’intégration pour les autres et permettant ainsi de développer un sentiment d’appartenance à une même communauté.
Pour Femu Aiacciu, Femu a Corsica, la cohésion sociale implique l’existence d’un peuple solidaire et désireux d’œuvrer ensemble à la réalisation d’un but commun. La culture et l’identité sont porteuses de liens et contribuent au renforcement de la cohésion sociale. Ils favorisent l’intégration des individus, leur participation à un réseau de relations sociales qui confère, à titre individuel et collectif une identité sociale et culturelle.