Il ne faut pas crier victoire et la saison n’est pas terminée. Cependant, même si la « presse nationale » a évoqué à grand renfort de publicité les incendies de cet été en Corse, force est de constater qu’en tout et pour tout, s’agissant de la Haute-Corse, nous avons à ce jour à déplorer un peu plus de cent hectares brûlés. C’est encore trop mais infiniment moins que la moyenne que l’on déplorait il y a une dizaine d’années et bien moins encore que ce que notre île devait subir vers le milieu des années 60. Il y a une dizaine d’années, la Corse subissait encore des étés qui voyaient brûler de l’ordre de deux mille hectares et, en 1965, on en était à déplorer plus de 15 000 hectares.
Autrement dit, les surfaces brûlées sont de l’ordre du dixième de ce qu’elles étaient il y a dix ans et du centième de ce qu’elles étaient il y a quarante ans. Il faut bien entendu rester vigilant et se souvenir de ce que chaque année sans incendie ou presque augmente la masse potentiellement combustible et rend plus dangereuse l’année qui suit. Cependant, il est clair que les incendies en Corse ne sont pas une fatalité et que si nous sommes toujours à la merci d’un accident, les moyens, les méthodes et les techniques mises en oeuvre en particulier par les services départementaux d’incendie et de secours, les SDIS, les forestiers-sapeurs et les moyens aériens ainsi que la recherche systématique des incendiaires ont marginalisé en Corse le phénomène des feux de forêt. C’est un risque toujours présent mais certainement plus une tragédie récurrente ou une fatalité contre laquelle nous serions démunis.
Il en est des feux de forêt comme de bien d’autres fléaux qui ont affectés notre île : ils peuvent être combattus avec succès. Il restera toujours des prophètes de malheur ou des donneurs de leçons professionnels pour nous expliquer qu’ils savent tout et que sans eux, on n’arrivera jamais à rien, mais voilà un exemple par lequel on démontre que l’action des pouvoirs publics et, en particulier celle des collectivités locales – car les SDIS et les forestiers-sapeurs sont organisés et financés par les conseils généraux – peut être, en Corse comme ailleurs, efficace et régler des problèmes que l’on croyait insolubles.
Il aura fallu, c’est vrai, de longues années d’efforts, des moyens considérables, beaucoup d’organisation et de méthode pour parvenir à ces résultats, mais c’est un exemple de ce que l’on peut faire dans notre île comme ailleurs. Je regrette d’autant plus que la presse nationale, au lieu de faire des gros titres sur les quelques dizaines d’hectares qui ont brûlé cette année, n’ait pas consacré quelques dossiers à la comparaison de ce qu’était la Corse il n’y a pas si longtemps et de ce qu’elle est de ce point de vue aujourd’hui : un succès exemplaire qui est d’ailleurs bien connu et étudié dans tout le bassin méditerranéen.
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