Le Padduc a été voté. La Commission des Compétences législatives et réglementaires de Pierre Chaubon a fini son travail et s’en remet au vote de l’Assemblée de Corse pour valider son projet. Avant deux mois, le sort de laSNCM sera scellé. Le PEI tire à sa fin. C’est la fin d’un cycle pour la Corse.
Le processus qui déroule ses étapes au sein de la société corse a plusieurs dimensions.
Dans le temps présent, celui de l’actualité en cours, cette fin de cycle va déboucher sur une échéance électorale majeure, le renouvellement de l’Assemblée de Corse. Et, autour de ce renouvellement, la campagne électorale va mettre en débat l’avenir de la Corse.
Le premier constat est celui d’un fossé qui s’est profondément creusé entre le peuple corse qui aspire à être lui-même, même s’il n’a pas décanté ses choix à travers une démarche d’autodétermination clairement définie, et une gouvernance de l’Etat français qui n’a que rarement dans l’Histoire été aussi fermée à toute réforme favorable à la Corse, et, au delà, à l’expression de toute identité différente au sein de l’hexagone.
Face à la crise économique qui dégrade son rang politique au sein de l’Europe, l’establishment français réagit par le repli sur soi et l’affirmation d’une « République » fantasmée et assiégée. Le débat sur la nouvelle carte territoriale des régions continentales montre ce refus obstiné de tenir compte des revendications basque, alsacienne et bretonne, ce qui provoque la révolte de ces peuples. Après les bonnets rouges bretons, les alsaciens expriment leur révolte avec une vigueur que les sbires jacobins avaient probablement totalement sous-estimée, après que l’Alsace ait été rayée de la carte des régions. L’autonomisme alsacien, porté par Unserland, le parti membre de l’ALE, retrouve de la vigueur, mais le blocage politique est significatif d’une totale fermeture d’esprit à Paris.
Durant l’année qui vient, on ne peut donc guère s’attendre à une ouverture pour la Corse, vu le silence actuel et l’absence totale de dialogue constructif avec la majorité réformiste de l’Assemblée de Corse. Ni peuple corse, ni coofficialité, ni statut de résident, ni réforme constitutionnelle, et pas même un calendrier électoral adapté aux nécessités d’une réforme : avant même d’avoir répondu, le gouvernement a déjà signifié son refus des revendications fondamentales posées par le peuple corse.
L’élection territoriale arrivera donc sur le constat d’un refus par la France d’accepter que s’affirme l’existence du peuple corse. Le débat pour le peuple corse s’en trouvera simplifié : accepter, ou refuser ce refus.
C’est ainsi que le processus politique en cours évoluera progressivement vers un processus historique. Les Corses veulent-ils avoir le droit de décider de leur avenir ? Ils rejoindront alors les Ecossais, les Catalans et tous ceux qui s’inscrivent pour le droit à l’autodétermination en faveur des peuples d’Europe. Ou bien rentreront-ils dans la coquille claniste qui les opprime depuis des décennies, à coup de dérogations sous dépendance directe de Paris ? Ils ne réussiront alors jamais à régler les problèmes essentiels de l’île : avenir de la langue corse, maîtrise de la terre, autonomie économique, pouvoir fiscal, compétence législative et réglementaire, etc…
C’est en ce sens que le vote pour l’élection de la prochaine Assemblée de Corse peut être historique en faisant basculer, à travers un mandat clair exprimé par un vote nationaliste amplifié, la confrontation stérile avec Paris en un enjeu démocratique européen, celui des droits des nations sans Etat.
Ce serait alors pour le nationalisme corse aussi la fin d’un cycle. Confronté aux responsabilités, il devra faire la preuve de sa capacité à gérer les institutions dont il aurait, en tout ou en partie, la charge. Devenu force politique principale en Corse, il sera amené à développer une action diplomatique, pour gérer au mieux des intérêts de la Corse le conflit direct ou indirect, sournois ou ouvert, qui sera son quotidien avec le gouvernement à Paris, et pour ouvrir son internationalisation sous un jour nouveau, celui d’un peuple en marche pour son émancipation.
Le préalable de cette diplomatie sera de s’inscrire dans une démarche démocratique, respectueuse des droits de l’Homme et des standards européens qui sont les plus élevés du monde. Racisme, violence, xénophobie sont à proscrire, et Femu a Corsica devra suivre, avec l’Alliance Libre Européenne, les exemples écossais et catalan sur ces questions essentielles.
Cette campagne s’engage dès aujourd’hui, avec le retour des élections municipales ajacciennes. Rien ne doit être laissé au hasard, nul ne doit rester sur la touche : ce qui se joue est trop important pour l’avenir du peuple corse.
#Corse « La fin d’un cycle » par @F_Alfonsi
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