L’association Etxerat vous invite à la présentation du bilan de l’année 2014 qui aura lieu lundi prochain 8 décembre à la Maison de la Paix (Bakearen Etxea) à Donostia. Ce bilan sera remis au président de la Communauté Autonome Basque Iñigo Urkullu ; celui-ci avait fait parvenir le bilan de l’année dernière au président espagnol Mariano Rajoy.
Ce rapport recueille toutes les violations de droits dont nous avons eu connaissance entre le 10 décembre –Journée Internationale des Droits de l’Homme- 2013 et le 10 décembre 2014, ou plus précisément les violations de droits concernant tant les prisonniers que leurs parents et amis.
Voici quelques extraits du document :
L’immense manifestation du 11 janvier 2014 à Bilbao marquait du signe de l’espérance le pari de la société basque pour les droits humains, la paix et la résolution du conflit. Moins d’un mois plus tard, la mort en prison d’Arkaitz Bellon mettait en évidence le véritable objectif de la politique pénitentiaire qui est appliquée aux prisonniers basques ainsi que l’urgence d’y mettre fin, ce que réclamait la marée humaine de Bilbao. Le 5 février, à trois mois de sa libération, Arkaitz Bellon a été retrouvé mort dans sa cellu- le. L’histoire d’Arkaitz Bellon, c’est l’histoire d’une politique pénitentiaire impitoyable que seuls ceux qui privilégient la vengeance au détriment de la paix, l’acharnement au détriment des droits humains, la prolongation de la souffrance au détriment de la résolution du conflit peuvent encore tenter de justifier. Arkaitz Bellon aurait fini sa peine de 13 ans de prison en mai de cette année. Et il aurait été libéré trente-cinq mois plus tôt si l’accès à la libération conditionnelle prévu par le Code Pénal espagnol n’était pas bloqué pour les prisonnier-e-s politiques basques.
Avant sa mort, Arkaitz a connu les prisons de Valdemoro, Ocaña, Herrera de la Mancha, Algeciras, Sevilla et Puerto de Santa Maria. Toujours plus loin au fil des années. Toujours plus difficile et épuisant pour sa famille. En 2007, ses proches ont eu un accident en se rendant à la prison de Herrera. En 2010, le bus dans lequel sa mère et d’autres familles se rendaient en Andalousie a été caillassé par des personnes d’extrême-droite à Cadix, qui ont agi, comme dans bien d’autres cas, en toute impunité.
Arkaitz Bellon a été l’objet de traitements brutaux et de passages à ta- bac dans les prisons d’Algeciras, Puerto I et Sevilla. Sa mort a été qua- lifiée de naturelle, et peut-être l’a-t-elle été : quoi de plus naturel que de trouver la mort sous une politique pénitentiaire faite pour détruire physiquement et psychologiquement les personnes ? Quoi de plus naturel, quand les responsables de cette politiques s’arrogent le droit d’ajouter des peines supplémentaires, châtiments destinés à rallonger les condamnations déjà longues prononcées en leur temps par les tribunaux ?
C’est le portrait sans maquillage ni artifice de la dispersion, des moyens uti- lisés, des objectifs poursuivis et de leurs très douloureuses conséquences. C’est dans ce cadre de violation des droits fondamentaux que représente la politique pénitentiaire actuelle qu’ils ont également à traiter le cas des neuf prisonniers souffrant de maladies graves et incurables, neuf prisonniers à qui ils refusent la libération prévue par loi.
Ce rapport annuel recueille les violations de droits dont nos parents et amis emprisonnés ont été victimes tout au long de cette année. Nous sommes conscients du dédain avec lequel les autorités pénitentiaires reçoivent nos demandes. Nous sommes pleinement conscients également du fait que le véritable objectif de cette politique est la recherche de la souffrance maxi- male, et que cet objectif est en grande partie atteint. Mais nous sommes aussi conscients qu’une majorité de plus en plus immense de la société basque n’accepte plus les justifications de cette politique. Dans le chemin vers la résolution, la cohabitation apaisée et la paix, le respect des droits de tous est un premier pas indispensable.
L’association Etxerat s’est engagée à avancer dans cette voie. Pour cela, tout au long de cette année, nous avons participé à des rencontres, conférences et forum où ont été abordés d’autres conflits du monde. D’autres parcours et expériences, qui, avec les recommandations des médiateurs internatio- naux, nous aident dans ce chemin où chaque pas est toujours difficile, mais que nous sommes disposés à faire avec conviction et responsabilité.
En ce moment, le Collectif des Prisonniers Politiques Basques est com- posé de 462 prisonniers dispersés dans 77 prisons. Seuls 5 d’entre eux se trouvent dans des prisons du Pays Basque.
Cette carte met en évidence le fait que la politique de dispersion n’est pas destinée à séparer entre eux les prisonnier-e-s politiques basques mais à les éloigner le plus possible de leur entourage familial, culturel et social ; à infliger la plus grande souffrance possible tant à ce Collectif qu’au nôtre, celui des familles et amis de prisonniers politiques basques.
LA CARTE DE LA DISPERSION DES PRISONNIERS POLITIQUES BASQUES
465 prisonniers politiques basques dispersés dans 76 prisons
3 prisonniers basques dans 3 prisons d’Euskal Herria
356 prisonniers basques dispersés dans 44 prisons de l’État espagnol
98 prisonniers basques dispersés dans 28 prisons de l’État français
1 dans une prison en Angleterre
1 dans une prison au Portugal
1 dans une prison en Allemagne
6 prisonniers en régime atténué (prisonniers chez eux avec de strictes mesures de sécurité en raison de la grave maladie dont ils souffrent)
L’ELOIGNEMENT
64 prisonniers basques se trouvent dans des prisons entre 1000 et 1100 km d’Euskal Herria
124 prisonniers basques se trouvent dans des prisons entre 800 et 990 km d’Euskal Herria
169 prisonniers basques se trouvent dans des prisons entre 500 et 790 km d’Euskal Herria
29 prisonniers basques se trouvent dans des prisons entre 400 et 490 km d’Euskal Herria
65 prisonniers basques se trouvent dans des prisons à moins de 400 km d’Euskal Herria
LISTE DES PRISONNIERS ATTEINTS DE MALADIES GRAVES ET INCURABLES.
Josetxo Arizkuren Ruiz: Cathétérisme cardiaque avec implantation d’un stent.
Garikoitz Arruarte Santa Cruz: Spondylarthrite ankylosante. Arthralgie des membres inférieurs.
Inmaculada Berriozabal Bernas: Diabète mellitus de type 2. Pied diabétique. Hypertension artérielle. Arthropathie psoriasique. Asthme bronchique modéré. Prothèse au genou.
Iñaki Etxeberria Martin: Myopie majeure à longue évolution. Hémorra- gie rétinienne de l’oeil droit. Aphakie de l’oeil gauche. Glaucome bilatéral.
Ibon Fernández Iradi: Sclérose en plaques.
Aitzol Gogorza Otaegi: Troubles obsessionnels compulsifs
Ibon Iparragirre Burgoa: SIDA au stade C. Tâche dans le lobe gauche du cerveau, entraînant une perte de la vue et d’autres fonctions cognitives.
Jose Ramón Lopez de Abetxuko: Bradycardie symptomatique. Fibrilla- tion atriale. Adénome de la prostate.
Jesús Mª Martin Hernando: Schizophrénie dysthymique avec des épisodes délirants
La suite du rapport en ligne sur ETXERAT