Christophe Barbier ou Frédéric Thiriez, c’est du pareil au même : ils sont allergiques au peuple corse. Ils n’en veulent pas aux Corses individuellement, car ils adorent les « bons Corses » ! Mais ils n’acceptent pas la réalité collective du peuple corse, et, bien sûr, son expression publique. C’est pourquoi les images d’un Jean Louis Leca courant drapeau au vent sur le stade de Nice leur sont insupportables.
Christophe Barbier l’exprime dans l’interview donnée à Jean Marc Raffaelli et publiée par Corse Matin avant sa vraie-fausse venue au théâtre de Bastia : « Je crois que les incidents n’arrivent pas par hasard dans une collectivité, qu’il y a responsabilité de tous quand les choses dérapent (…) [et quand on] nie la communauté nationale. Nous formons un seul et même peuple, dans une République une et indivisible. (…) Il n’y a pas de peuple corse, breton, basque, poitevin, etc… mais un seul peuple français ».
À ce dogme profondément théorisé et très ancré dans l’intelligentsia française, Jean Louis Leca, à travers son geste, répond de la façon la plus simple qui soit : je suis corse, donc issu d’un peuple différent du peuple français, et je suis fier de l’être. Autrement dit : non, nous ne formons pas « un même peuple dans une République une et indivisible ».
Cette affirmation claire, sans arrière-pensée, que chaque Corse peut faire sienne, qui exprime une réalité incontestable pour qui raisonne avec bon sens, renvoie la rhétorique de Christophe Barbier à ce qu’elle est : un propos totalitaire qui veut nier par la force une identité politique et culturelle différente de celle de sa France sacralisée.
C’est cette négation du dogme jacobin qui est sanctionnée par la LFP de Frédéric Thiriez, et pas simplement un comportement non réglementaire sur un terrain de football. À travers Jean Louis Leca, c’est le peuple corse qui est visé dans son affirmation publique et collective, dont les stades de football libèrent régulièrement l’expression symbolique. C’est pourquoi l’affaire de Nice est une affaire politique, tout comme la sanction financière infligée à l’ACA pour avoir introduit le drapeau corse dans une cérémonie officielle de début de match. Et c’est pourquoi les clubs corses portent, et porteront pour longtemps encore, sur les terrains de football, le combat pour la dignité du peuple corse.
Ce combat sera globalement gagné –ou perdu !– par les mouvements nationalistes. Car la victoire sera politique, par définition. Nous progressons, ce qui amène les Barbier/Thiriez à durcir encore leur attitude. Et nous devons nous investir sans relâche sur tous les espaces politiques qui s’ouvrent.
Celui des élections municipales ajacciennes, recommencées pour cause de fraude électorale, est le premier qui se présente dans une année 2015 très importante électoralement puisque les territoriales auront lieu en décembre. Dès la fin du mois de janvier, le scrutin ajaccien, même s’il est une élection locale, fera donc office de « primaire » auprès d’une large partie de l’électorat corse. Les logiques politiques globales prennent alors le dessus sur les spécificités locales, et Femu a Corsica entend affirmer sa présence, sans ambiguïté, au début d’un parcours qui doit nous conduire jusqu’à une victoire nationaliste aux territoriales.
Sur le terrain spécifiquement ajaccien, les rapports de forces de mars dernier ne vont guère bouger. Le face à face entre le sortant et le sorti va monopoliser la campagne, et ceux qui s’inscrivent dans une démarche nationale voteront Femu a Corsica ou Corsica Lìbera. Les « nationalistes de gestion », qui ont intégré la liste Renucci en continuation de leur démarche municipale de mars dernier, sont aujourd’hui encore moins lisibles dans leur démarche. Il faut que notre électorat se reconnaisse dans les candidatures présentées, et, pour cela, il faut qu’elles soient cohérentes avec la suite programmée des échéances électorales.
Aussi, Femu a Corsica présentera sa propre liste, tout en manifestant sa disponibilité pour intégrer une majorité nouvelle entre les deux tours. Cette majorité, c’est notre score du premier tour qui en dessinera les contours, et la campagne pour mobiliser les nôtres doit commencer très vite.
La réponse définitive aux Barbier, Thiriez et consorts, c’est la démarche politique nationale, soutenue de plus en plus fortement par le peuple corse qui l’apportera. Cela commencera à Aiacciu, en janvier prochain.