«L’offre des produits stupéfiants s’est orientée vers la jeunesse corse, y compris dans les villages de l’intérieur, minés par le mal-être issu de la désertification, du désarroi du monde rural et agricole, et du manque de perspectives professionnelles»
La société dite occidentale est en crise. La Corse, – avec la fin de la Corse de l’intérieur et de ses valeurs d’entraide et de solidarité au profit d’une urbanisation où prévalent l’anonymat et l’individualisme, la déstructuration des familles, l’acculturation… – n’y échappe pas.
Et ses effets, même avec un certain retard, sont d’autant plus amplifiés et ressentis que nous sommes dans une île. Si les différentes classes d’âge, de plus en plus jeunes, sont touchées, notre génération ne donnant guère le bon exemple en la matière, la jeunesse en est la principale victime, car, perdant tous les repères que nous ont transmis nos anciens, elle est vouée à perdre tout sens des valeurs qui ont fait la force de notre peuple…
À cela s’ajoute la situation particulière que connaît l’île (tout-tourisme, culte de l’argent facile, outrance des loisirs et des plaisirs « sans limites ») allant de pair avec une augmentation de la criminalité et un appauvrissement du plus grand nombre (chômage, précarité, problèmes d’emplois, de salaires, de logement, de formation…).
Ce triste constat laisse augurer des développements dramatiques de la situation si des réponses au mal-être de notre société et de sa jeunesse ne sont pas apportées par ailleurs pour enrayer les processus en cours.
Particulièrement fragilisée, la jeunesse en mal de repères constitue un vivier de plus en plus large où vient puiser, pour ses basses œuvres, la grande délinquance.
Les blessures laissées par les affrontements entre nationalistes des années quatre-vingt-dix et l’égarement de certains anciens militants dans des voies douteuses, ont contribué à renforcer le malaise de cette jeunesse, moins politisée et confrontée à une situation plus brouillée que la génération des années soixante-dix.
La volonté de l’État et de ses relais de criminaliser le mouvement nationaliste lui-même, en l’assimilant aux agissements individuels de certains ex-militants, accroît encore la confusion et la désespérance.