Prescilla-Mary Maïsani n’a que 22 ans, mais les différentes techniques qu’elle a acquises sont pluri-centenaires, et son atelier ajaccien, ouvert sur la mer, tient un peu du cabinet d’alchimiste. Rencontre avec une artiste au beau tempérament pour qui la peinture commence par une sorte de cuisine où le prêt-à-servir n’a pas droit de cité. – Il y a, dans l’atelier de Prescilla-Mary Maïsani, quelque chose qui brille par son absence : la peinture en tubes. Ah si, là, en voilà un gros, ouvert et desséché, manifestement jamais utilisé. « Du blanc de titane. Ou plutôt ce qui est vendu comme tel. Mais si on regarde la composition et qu’on la compare à la nomenclature des pigments, on se rend compte qu’il n’est pas pur. Avec ça vous n’obtiendrez pas le beau rendu opaque du vrai blanc de titane. Aujourd’hui, les vrais ocres n’existent quasiment plus, le rouge de Venise est souvent frelaté et beaucoup de couleurs vendues par les marchands de fournitures en peinture sont issues de l’industrie pétrochimiques… On a oublié que la peinture, c’est comme la vraie cuisine, il faut de bons ingrédients, des recettes, du travail, du temps, de la patience. Et ça, la plupart des peintres l’ont oublié. C’est un appauvrissement. » Dans la bouche de quelque vieux birbe, le constat aurait un amer relent de tout fout le camp. Mais elle a 22 ans, et l’intention bien arrêtée de ne rien laisser se perdre pour enrichir son savoir. Pas de tubes, donc, mais, dans une belle débauche colorée, une profusion de pots, flacons, fioles, mortiers. Des pigments purs, des feuilles d’or, des résines, des gommes, des vernis, des laques, des vernis, des préparations « maison » dont certaines attendront des années avant d’être prêtes à l’emploi.
le Blog de Prescilla-Mary Maisani