Pour lui, il s’agit autant d’un cri du cœur que de l’expression d’une conscience politique et professionnelle.
Pour lui, il s’agit autant d’un cri du cœur que de l’expression d’une conscience politique et professionnelle. Sur les bancs de l’assemblée de Corse où il siège avec le groupe Femu a Corsica, à la tribune des assemblées générales de son mouvement, Xavier Luciani martèle le même message d’alerte depuis plusieurs mois : « Si la langue est facultative, le peuple le devient aussi ».L’élu territorial et adjoint au maire de Ghisonaccia est d’abord professeur de corse. En cette période de rentrée politique, il a fait aussi sa rentrée scolaire, retrouvant sa classe et un contexte qui lui fait nourrir les plus grandes inquiétudes.
En premier lieu, il n’avale pas le nombre de postes au concours externe pour la session 2012 du Capes. « On en a d’abord annoncé 0, puis deux après intervention du recteur et des élus. Les dernières informations font finalement état d’un seul ».Xavier Luciani lève les yeux au ciel face à tant de tergiversations, et dès qu’on lui parle de la fameuse trentaine d’enseignants en langue et culture corse en stand-by faute de poste, il refuse d’y voir l’argument qui justifierait cette période de vaches maigres. « Il était question de les détacher dans le primaire. Pour le moment, rien n’est fait. Ce que nous avions proposé, c’est le transfert de ces postes sur des statuts de chargés de mission qui seraient, en quelque sorte, des conseillers pédagogiques dans le primaire. Ce qui permettrait de travailler sur le besoin énorme qui existe en matière de formation des personnels ».Mais le conseiller territorial n’en est pas vraiment au stade de la réflexion sur ce qui doit être fait, en cette rentrée 2011-2012, pour la langue corse. À ses yeux, il y a le transitoire, puis le reste, bien plus fondamental.
« Il faut en finir avec les mesures d’apaisement »
Dès qu’on lui dépeint un état des lieux bien plus réjouissant aujourd’hui, il tempère. « Bien des choses demeurent virtuelles, et la langue est en danger. Vous pensez aux sites bilingues, ils sont devenus de véritables filières d’excellence, et dans un sens, c’est même dangereux. Mais à côté de ça, la situation est préoccupante dans le secondaire où il n’y a plus de logique bilingue. Le corse y est vu comme une seule discipline, optionnelle de surcroît ».
Pour Xavier Luciani, les questions concernant le Capes sont traitées à Paris, « sans concertation. L’attitude de l’État est celle du blocage sur fond de monolinguisme, elle est en totale opposition avec la volonté de l’assemblée de Corse de se saisir du problème ».Et l’élu nationaliste d’évoquer directement « la feuille de route »de Pierre Ghionga, conseiller exécutif en charge du dossier langue corse. « Elle est intéressante, d’abord parce qu’elle corrige le plan de cette même assemblée votée pour la période 2007-2013, lequel n’a pas du tout avancé. C’est un échec. Cette feuille de route est également intéressante car elle fait apparaître une notion qui lui donne tout son sens : l’officialité. Encore faut-il la construire de manière pleine et entière, et ça se fera forcément dans un rapport de force avec l’État, notamment sur l’article 75-1 de la constitution ».
Faire du corse une langue de territoire, sortir de ce qu’il qualifie de ghetto éducatif, ne pas dissocier ce dossier de celui du statut de résident ou du foncier, telles sont les priorités entrevues par Xavier Luciani. « Dans le même ordre d’idée, je ne comprends toujours pas pourquoi, à la collectivité territoriale, on travaille séparément sur la langue et sur la culture. La création du seul conseil de la langue ne suffit pas. En Catalogne, ils ont une direction générale de la politique et de la planification linguistique et culturelle, c’est-à-dire un véritable outil au service du développement ».
Il en revient à la feuille de route en laquelle il veut croire. « Elle doit donner un vrai coup d’accélérateur, sinon, on risque d’entrer dans une phase de régression. Il faut en finir avec les mesures d’apaisement, la bonne conscience budgétaire qui, souvent n’est que de la morphine. Un véritable statut juridique pour la langue, Il faut y parvenir ».
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