Corse – Trafic de cannabis entre Nice et Ajaccio la « mule » était elle-même toxicomane

Dans le box, un homme de 29 ans. Imen Mejri présente bien. Il s’exprime dans un langage choisi. En apparence, il a une vie rangée. Une compagne qui exerce un travail gratifiant.

Dans le box, un homme de 29 ans. Imen Mejri présente bien. Il s’exprime dans un langage choisi. En apparence, il a une vie rangée. Une compagne qui exerce un travail gratifiant. Une famille aimante. Au mois de juin pourtant, il s’est fait interpeller à l’arrivée du ferry, sur le port d’Ajaccio. Dans sa voiture, les douaniers découvrent 1,6 kilo de résine de cannabis. Placé en garde à vue, Imen Mejri reconnaît les avoir achetés à Nice, dans le quartier de l’Ariane. Pour les revendre en Corse pendant la saison. Lors de la perquisition qui suit à son domicile les policiers de la DDSP trouvent 1,8 kilo de marchandise supplémentaire et un fusil à pompe à canon scié.

Le prévenu assume tout. Dédouane sa compagne. Reconnaît qu’il a été très longtemps héroïnomane et qu’il n’a décroché que dernièrement, en prison. Il reste cependant très vague sur ses circuits d’approvisionnement.

Peine plancher

Au banc du ministère public, le procureur Guillaume Saint-Cricq dresse un tableau « inquiétant ». Il évoque une lettre envoyée par la compagne du prévenu. La jeune femme y parle des menaces qu’elle a subies. Un homme d’une cinquantaine d’années est venu chez elle, sur le Continent où elle vit désormais et a tenté de prendre son véhicule parce que Mejri lui « doit de l’argent ».Il rappelle que le prévenu est « en récidive de récidive » et réclame à son encontre la peine plancher : 4 ans de prison (dont une assortie du sursis).

Pour la défense, Me Alain Falzoï va plaider la personnalité. Un homme perdu par la toxicomanie. Citant Sénèque, « On doit punir, non pas pour punir mais pour prévenir »,il interroge : Les demandes de M. le procureur sont justifiées, mais sont-elles adaptées ? »

Il soutient que le casier de son client est aussi le synonyme de sa maladie. De la dépendance à la drogue qui le minait jusqu’à présent et faisait qu’il était à la merci de ceux qui l’ont « employé ».

Le tribunal a suivi les réquisitions et a condamné Imen Mejri à 4 années d’emprisonnement dont une avec sursis, assortie d’une obligation de soins.

Isabelle Luccioni

 

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