Le 25 juin 2014, le Front de libération nationale corse (FLNC) annonçait sa décision unilatérale d’enclencher un processus de démilitarisation et de normalisation progressive.
Après le démantèlement des mouvements irlandais et basque, cette annonce signe la fin de la lutte armée en Europe occidentale. Mais pour Pierre Poggioli, responsable clandestin dans les années 1980, les solutions politiques restent bien incertaines.
L’Armée républicaine irlandaise (IRA), Euskadi ta Askatasuna (ETA) et le Front de libération nationale corse (FLNC) ont survécu plusieurs décennies à d’autres organisations clandestines émanant de « nations sans Etat », en Bretagne, dans les Antilles françaises, en Catalogne, au Pays de Galles ou en Ecosse… Ils ont également survécu à de nombreux groupes de lutte armée d’extrême gauche qui ont marqué l’Europe dans les années 1970-1980 : Fraction armée rouge en Allemagne, Brigades rouges en Italie, Action directe en France, Organisation révolutionnaire du 17-Novembre en Grèce, pour ne citer que les plus célèbres.
La pérennité de ces trois mouvements armés en lutte contre les Etats britannique, espagnol et français s’explique avant tout par leur ancrage dans les territoires concernés. Ni la répression ni les dissolutions décidées par les Etats n’ont pu les éradiquer. Malgré la stigmatisation du choix des armes, ces organisations clandestines n’ont pas été vécues comme terroristes par les corps sociaux dont elles sont issues. Etroitement couplées à des formations publiques ou « branches politiques », elles se prévalent de la satisfaction de revendications historiques, en dépit de certains errements ou dérives. Leur combat leur a donné une forte visibilité, en acculant les Etats à des tentatives diverses de solution négociée, alternant avec de longues vagues punitives. Pour autant, malgré leurs nombreux points communs et leurs échanges réguliers, ces organisations avaient des projets politiques différents. Leur histoire et leur renoncement à la clandestinité doivent être resitués dans des contextes particuliers.
Première des trois organisations à décréter l’abandon des armes, l’IRA est née en 1919, dans le contexte de la guerre d’indépendance (1919-1921), et émane du Sinn Féin, mouvement politique créé en 1905. Divisée durant la guerre civile irlandaise (1922-1923). elle concentre par la suite ses actions contre les intérêts britanniques, principalement en Irlande du Nord. A la fin des années 1960, les catholiques, minoritaires (…)