QUISTIONE A BOCCA POSTA DA U GRUPPU FEMU A CORSICA DI SAVERIU LUCIANI è AGNES SIMONPIETRI
Le 26 novembre 2013, l’Autorité européenne de sécurité sanitaire des aliments (EFSA) émettait une alerte signalant la présence de la bactérie Xylella fastidiosa dans la région de Lecce (Puglie, Italie) sur une zone agricole de 8 000 ha ; il s’agissait du premier foyer en Europe de la maladie de Pierce.
Des vignes de Californie – fin des années 80 -, où 12 millions de dollars ont été investis dans la recherche et l’expérimentation, en passant par le Brésil, cette bactérie est aujourd’hui implantée dans le sud est de l’Italie, dans une région où la filière oléicole a enregistré des pertes de 53 millions d’€ en 2013.
Nous savons désormais qu’elle peut contaminer près de 200 espèces végétales, cultivées ou sauvages, dont la vigne, l’olivier, le chêne, les amandiers, les agrumes, certaines plantes fourragères, maraîchères, ou plantes ornementales.
Nous savons aussi qu’elle se transmet essentiellement par le biais d’insectes vecteurs et surtout qu’il n’existe aucun traitement, si ce n’est l’arrachage et la destruction des plants contaminés.
Malgré des mesures de confinement sur une zone de 30 000 hectares, les pépinières restent ouvertes et l’exportation de végétaux potentiellement contaminés continue.
Malgré la décision d’exécution de la Commission européenne du 23 juillet 2014 concernant des mesures visant à empêcher l’introduction et la propagation dans l’Union de Xylella fastidiosa (2014/497/UE), rien ne se passe jusqu’à la création, à notre initiative, du collectif xylella fastidiosa le 18 aout dernier à Riventosa.
Depuis, le collectif a multiplié les réunions d’information, interpellé l’Etat, DRAF et Préfet, les Chambres d’Agriculture et la Collectivité Territoriale, notamment son Exécutif .
Dernièrement, il a rencontré le Président de l’ODARC qui lui a signifié son soutien à la demande d’interdiction d’entrée des plants végétaux, et écrit dans ce sens au Ministre de l’Agriculture et à la Ministre de l’Environnement.
A ce stade, nous nous inquiétons du laxisme des services de l’Etat, dont c’est la compétence exclusive, dans la gestion de ce dossier ; sa position, exprimée lors d’une réunion technique le 3 septembre à Corti, puis lors du CROPSAV du 19 septembre 2014 au-delà des insuffisances en termes de moyens humains et financiers, nous fait craindre le pire : il persiste dans son « mensonge de santé » , estimant, à tort ,que le Passeport phytosanitaire européen, censé garantir l’absence de maladies ou de parasites sur les végétaux circulants en Europe, suffit à protéger notre île.
Or, la Corse a payé un lourd tribut dans un passé récent ; l’action de Etat, dont nous rappelons qu’il a la compétence en matière de protection des végétaux, n’a jamais empêché l’arrivée de maladies ou parasites, il suffit de se remémorer les épisodes du Cynips du châtaignier, du Capricorne asiatique, du Charançon du palmier ou de la fièvre catarrhale.
Dans un souci de prévention, FEMU A CORSICA avait déjà évoqué dans cette enceinte la question de la filière de production de plants locaux propre à satisfaire la demande insulaire, sachant qu’il existe déjà des producteurs locaux de plants forestiers, agricoles, maraichers et ornementaux, dont la Pépinière territoriale de Castellucciu.
En définitive, aux regards de la faiblesse des moyens des services de l’état, il est clair que si cette bactérie touche la Corse, elle entrainera la disparition de pans entiers de notre agriculture, des conséquences dramatiques pour l’économie, et un bouleversement de notre écosystème.
Et nous savons que, comme par le passé, la Collectivité Territoriale de Corse devra assumer les conséquences financières de l’absence de mesures adaptées et spécifiques en amont d’une crise annoncée depuis maintenant près d’une année.
Monsieur le Président, nous vous demandons ce matin de répondre en premier lieu à l’inquiétude des producteurs de toutes les filières (oléiculture, viticulture, apiculture, castanéiculture notamment), et, au-delà de l’agriculture, à celle des Corses soucieux de leur environnement :
– Avec le Collectif, nous demandons à titre conservatoire la suspension de l’entrée de plants végétaux en Corse. Comptez-vous relayer officiellement cette demande, et signifier ainsi à l’Etat notre volonté unanime d’empêcher par tout moyen l’arrivée de la bactérie sur l’île ?
– En attendant la mise en place de cette mesure, comptez-vous demander aux Ministres de l’Agriculture et de l’Environnement de saisir la Commission européenne pour obtenir en urgence un port unique pour l’arrivée des plants accompagné de lieux de quarantaine permettant de les contrôler systématiquement ?
– Comptez-vous enfin saisir, par les voies et moyens appropriés, les autres îles de la Méditerranée pour un Plan commun de prévention et d’action auprès de l’Europe