L’exécutif de Corsica Libera a effectué sa rentrée politique lundi matin à Bastia autour de Jean-Guy Talamoni et François Sargentini notamment.
Avant les travaux de l’assemblée générale du 16 Novembre prochain le mouvement a souligné que la décision historique prise par le FLNC le 25 Juin dernier lui donnait « la pleine responsabilité de porter la démarche stratégique du courant de la lutte de libération nationale ». « Cette nouvelle situation politique nous conduit à redéployer l’action publique, seule garante des intérêts nationaux du peuple corse » a expliqué l’exécutif de Corsica Libera au cours de sa conférence de presse.
L’éclairage de Petr’Anto Tomasi sur CORSE NET INFOS
– La question des peuples à disposer d’eux-mêmes se posent actuellement en Ecosse et en Catalogne : constituera t-elle aussi l’enjeu des années à venir en Corse ?
– La question de l’indépendance est inscrite à l’agenda politique européen et, demain, elle sera inscrite à l’agenda politique corse. C’est bien pour cela que, tout en continuant à travailler sur une étape politique, qui n’est pas l’indépendance au sein de l’assemblée de Corse, notamment sur les questions du statut de résident, de la cofficialité et celle de la réforme institutionnelle, nous avons, déjà, commencé à travers I quaterni di l’indipendenza, à poser, y compris au sein de l’opinion corse, la question de l’indépendance. Nous pensons qu’il faut soutenir les Ecossais dans leur marche vers l’indépendance mais pour être cohérent, il faut, aussi, porter en Corse le message de l’indépendance. C’est, selon nous, à la fois un droit naturel pour le peuple corse et une démarche qui va lui permettre, également, de mieux vivre. En effet nous faisons la démonstration que la Corse est un pays riche en terme de PIB et de création de richesses mais que ces richesses sont très mal réparties et que, par le biais de la politique qui a été menée par la France, les Corses s’appauvrissent dans la cadre actuel.
– Lors de la prochaine assemblée générale vous entendez donner une nouvelle impulsion à Corsica Libera ?
– Cette assemblée générale doit nous permettre de donner un nouveau souffle à Corsica Libera sur le terrain, à travers ses propositions et notamment en matière économique et sociale dans le cadre de cette démarche souverainiste avec davantage de justice sociale, de répartition des richesses, de développement économique, qui est aujourd’hui entravé par la France. Nous pensons aussi que Corsica Libera doit être au centre de la réforme à venir pour permettre la mise en place une grande mobilisation populaire de ceux qui sont pour cette réforme. Dans le même temps le mouvement s’emploie à créer un groupe de parrainage international pour porter la question corse à l’extérieur.
– La France a quand même d’autres problèmes à régler ?
– L’Etat français a effectivement bon nombre de problèmes à traiter. Avec l’ensemble des Corses qui sont aujourd’hui dans cette optique, nous allons nous mobiliser pour imposer cette réforme parce que nous pensons, qu’à court ou moyen terme l’Etat français n’aura pas d’autre possibilité, ou solution, que de répondre positivement à ce qui a été voté majoritairement et démocratiquement par les représentants élus d’un peuple.
– Et si Paris ne vous entend pas ?
– Nous avons bon espoir de voir la réforme aboutir. Parce que les propositions portées sont, il faut le répéter, majoritaires à l’assemblée de Corse et, nous pensons, au sein du peuple corse. Nous allons une fois encore faire la démonstration de la détermination des Corses en appelant, selon des modalités à définir, l’ensemble des élus qui sont favorables à la réforme et l’ensemble des Corses qui la soutiennent, à rassembler dans la rue cette force politique. Dès lors, il ne serait pas raisonnable pour Paris d’opposer une fin de non-recevoir, à court ou moyen terme, sans quoi la question de l’indépendance se poserait bien plus vite que prévu…
– Vous allez travailler à construire cette indépendance : vous voulez, aussi, la chiffrer ?
– Nous avons effectivement commencé ce travail qui se situe dans le prolongement de notre projet Corsica 21 qui a vocation à s’appliquer dès à présent. Aujourd’hui, nous voulons préciser, y compris à la lumière des travaux qui ont pu être ceux de nos amis Catalans et Ecossais, la réalité de l’accession à l’indépendance. Nous pouvons apporter des éclairages au niveau chiffré notamment à travers cette contradiction : la Corse a un PIB supérieur à la moyenne de l’Union européenne, pourtant si l’on se situe au sein de l’Etat français, la Corse connait le plus fort écart de revenus entre les plus pauvres et les plus riches et le plus fort taux de pauvreté. C’est quelque chose qui doit être mis dans le débat public. Mais il y a d’autres questions se posent : celle notamment du rapport à l’Union européenne avec la possibilité pour les Corses, qui sont déjà des citoyens européens, d’y demeurer et de faire valoir leurs droits.
– Vous avez cité le cas de Malte : Ce serait un exemple pour vous ?
– Malte est un exemple pour un certain nombre d’indicateurs. C’est un très petit pays, comparable à la Corse au niveau de la démographie, qui a un PIB qui est en augmentation constante depuis son accession à l’indépendance et à l’Union européenne mais qui au classement des démocraties mondiale Malte – démocratie dite parfaite ou accomplie – se situe devant la France classée « démocratie imparfaite ». Il y a effectivement un certain de données qui nous prouvent qu’un petit peuple, un petit pays en Méditerranée qui a moins d’atouts que la Corse – Malte est un caillou sans eau même s’il regorge de beautés et d’attraits touristiques – que ce modèle est quelque chose qui est viable…
– En attendant l’évolution en Europe et la réponse de Paris comment appréhenderiez-vous un « Non » en Catalogne et en Ecosse ?
– Nous nous inscrivons dans le sens de l’histoire. Avant même le résultat du référendum écossais, ce qui est important c’est son organisation même. Les Ecossais en partenariat avec le gouvernement britannique appliquent leur droit à l’autodétermination. C’est une première victoire qui doit s’appliquer ailleurs. En Catalogne et plus tard en Corse. Nous souhaitons, bien sûr, que le « oui » l’emporte, mais même si l’inverse se produisait, Londres serait obligé d’en tenir compte et de faire avancer l’Ecosse vers le chemin de la souveraineté et puis, l’autodétermination ce n’est pas un vote unique, une sanction définitive : c’est un processus. Il y aura d’autres votes qui se concrétiseront par un « oui » dans les années à venir…
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