Ce matin Corsica Libera tenait sa conférence de presse de rentrée au local de Bastia, en présence des militants du mouvement national, le mouvement indépendantiste a fait l’analyse politique de la situation actuelle et mis en avant les propositions pour la Corse de demain.
Voici le texte de la conférence de presse :
La décision historique prise par le FLNC le 25 juin 2014 donne à notre mouvement la pleine responsabilité de porter la démarche stratégique du courant de la lutte de libération nationale. Cette nouvelle situation politique nous conduit à redéployer l’action publique afin de renforcer la démarche indépendantiste, seule garante des intérêts nationaux du peuple corse.
Les photos de la conférence de presse sur notre page facebook
Les travaux de notre assemblée générale du dimanche 16 novembre doivent déboucher sur une importante adaptation de notre structure organisationnelle et sur une meilleure prise en compte des changements qui s’opèrent en Corse. Les aspirations des Corses au développement économique, au mieux être social et à la paix doivent maintenant devenir des priorités nationales. Afin de répondre à ces attentes, nous allons entreprendre avant le 16 novembre une série de réunions dans les différentes régions de Corse. Lors de ces rencontres avec tous ceux qui se reconnaissent dans notre démarche, ou qui souhaitent la rejoindre dans un grand rassemblement indépendantiste, l’ensemble des sujets intéressant la vie de notre peuple seront abordés pour préparer au plus près du terrain la motion d’orientation qui sera débattue à l’assemblée générale.
Il devient de plus en plus évident, si l’on observe la situation politique et économique mondiale ainsi que la situation de la France, que le moment est venu pour la Corse d’accélérer les phases de construction nationale et de réappropriation de sa souveraineté. La forme d’économie que nous impose la France ne nous permet pas de construire un développement équilibré basé sur nos potentialités, alors que nous pouvons développer plusieurs secteurs de production et disposer d’une large gamme économique. Pour l’heure, seule est privilégiée l’industrie touristique, ce qui fait de notre île une simple zone de consommation. Malgré les efforts de nombreux artisans et de chefs d’entreprises – que nous saluons ici parce qu’ils se battent pour leur pays –, si des décisions politiques importantes de réorientation visant à défendre les intérêts économiques de la Corse (développement des différents secteurs de recherche et de production, formation, installation, transports, recherche de marchés ) ne sont pas mises en application, leurs engagements seront vains. Face à la mondialisation, nos productions et nos savoirs faire ancestraux continueront à péricliter, voire disparaitront, et cela empêchera notre peuple de se projeter dans le futur et dans la modernité. L’absence de création de richesses, de redistribution et d’emplois, entretiendra le système d’assistanat et de soumission sociale.
L’assemblée générale de Corsica Libera sera un moment déterminant, elle permettra de créer les conditions de rassembler les Corses autour d’un projet politique, social et économique national, sur des bases claires excluant les accords politiciens qui ont toujours entrainé un grand nombre de nos femmes et hommes politiques sur des voies éloignées des intérêts de notre pays.
En Europe, de nombreux pays vont se prononcer sur leur avenir. Ces nouvelles réalités politiques portées par les peuples niés incitent les différentes instances européennes et mondiales à ouvrir le débat sur les nations sans Etat.
Corsica Libera, qui défend depuis toujours son projet en étroite relation avec de nombreuses luttes nationales dans le monde, annonçait lors des dernières journées de Corti sa volonté d’internationaliser la question corse, ce que nous avons depuis commencé à faire en établissant de nombreuses relations avec l’extérieur. Dans les semaines à venir sera constitué un groupe international de parrainage du processus corse. Ce groupe aura la charge de promouvoir et de défendre les intérêts du peuple corse en Europe, dans le monde et dans l’espace méditerranéen.
À ce sujet, il est particulièrement réconfortant de voir les autonomistes corses manifester un fort enthousiasme à l’égard de la possible indépendance de l’Ecosse. Peut-être nous rejoindront-ils demain dans la revendication de l’indépendance de notre propre pays, la Corse.
Depuis les élections territoriales de 2010 et l’ouverture des débats par la nouvelle majorité sur des thèmes essentiels pour le devenir de notre peuple, la contribution de l’ensemble de notre mouvance a été déterminante. Nos propositions politiques, ainsi que le rôle de nos élus pendant les travaux des différentes commissions et durant les séances publiques ainsi qu’au moment des votes, ont largement contribué à l’émergence d’un compromis sur une démarche ambitieuse pour la Corse. Cette démarche qui est l’expression d’une grande majorité de Corses pour la défense de notre terre, de notre langue et de notre communauté, doit à présent se donner tous les moyens de s’imposer face à Paris.
La décision politique prise par le FLNC donne aujourd’hui un poids très important aux décisions de l’Assemblée territoriale. L’Etat français doit comprendre que les pratiques politiques de soumission ne sont plus de mise et que la volonté d’émancipation exprimée par le peuple corse ne s’affaiblira pas dans l’avenir. Après les débats et les engagements pris aux Ghjurnate, Corsica Libera demande aux différentes forces politiques parties prenantes de la démarche de l’Assemblée territoriale, et à ceux qui s’y reconnaissent, d’élever le niveau du rapport de force face à l’inertie de la classe politique française. Nous ne nous laisserons pas endormir par la non capacité ou la non volonté de décision du système politique en France. La Corse, après tant d’années de marasme et de dérives, peut commencer à trouver la voie de la paix, du développement et du progrès. Nul n’a le droit de laisser passer ce moment où les conditions politiques n’ont jamais été aussi favorables. Chaque responsable, en Corse et au sein du gouvernement de la France, doit prendre la mesure de la situation. Ce processus élaboré par la Corse, voulu par les Corses, ne peut plus être ignoré par l’Etat français. Si les propositions de notre Assemblée ne sont pas acceptées, cela voudrait dire que les plus hautes instances de la France préfèrent une Corse figée dans ses archaïsmes, où se développeraient toutes les dérives. Cela signifierait également qu’aucun règlement démocratique de la question corse n’est possible, ce qui serait particulièrement grave.
La perspective d’une Corse sans avenir ne s’inscrit ni dans les projets de son peuple ni dans celui de Corsica Libera. Depuis des dizaines d’années, l’engagement militant a été total et il le demeurera. Aujourd’hui, les Corses sont debout sur leur terre et ils le resteront. Nous voudrions également, lors de cette conférence de rentrée et après la communication du FLNC, rendre un hommage aux patriotes qui ont payé le prix le plus lourd, à ceux qui sont morts pour la cause nationale, et réaffirmer avec force que tout règlement politique à venir devra prévoir la libération des prisonniers et l’arrêt des poursuites envers les patriotes recherchés.
CORSICA LIBERA