Après les 45% de oui au référendum sur l’indépendance en Ecosse…. Un point sur les régions qui demandent l’indépendance
Le Premier ministre écossais Alex Salmond, chef de file des indépendantistes, a reconnu vendredi la défaite de son camp au référendum d’autodétermination de jeudi, alors que des résultats pratiquement définitifs montrent que le « non » l’a emporté avec 55% des suffrages. Seuls les 4,2 millions d’électeurs résidant en Ecosse pouvaient voter. Les 95,8% de Britanniques restants, Anglais, Gallois et Nord-Irlandais, ont assisté en spectateurs à ce scrutin. La force du oui c’est quand même 45% de votants, il y aura des concessions pour l’Ecosse et les Ecossais.Les résultats des grandes villes, comme Edimbourg et Glasgow, communiqués en fin de nuit, n’ont pas inversé la tendance initiale, le « oui » à l’indépendance n’étant arrivé en tête que dans quatre des 32 comtés. Les projets de loi octroyant davantage de pouvoirs à l’Ecosse seront présentés au Parlement d’ici au mois de janvier, le vice-Premier ministre britannique Nick Clegg a lui aussi reconnu que le référendum devrait être suivi par une profonde réforme constitutionnelle au Royaume-Uni. David Cameron et Ed Miliband ont promis de transférer l’essentiel des prérogatives fiscales qui avaient été refusées jusqu’à présent à Holyrood, le Parlement écossais, mais ils se sont engagés, deux jours avant le scrutin, à maintenir la clé de répartition des dépenses publiques qui attribue pour chaque Ecossais un bonus. Cameron, qui s’était toujours opposé à la «devolution max» (davantage de pouvoirs pour le Parlement semi-autonome écossais, notamment en matière de fiscalité), a cédé dans la panique. N’oublions pas qu’au départ c’était le but des indépendantistes, qui avaient proposé une question non pas double (oui ou non à l’indépendance) mais triple, avec une question sur la devolution max. David Cameron, sûr de gagner, avait refusé. Il est aujourd’hui obligé de faire des concessions, sous peine d’un retour de bâton. Donc oui, d’une certaine manière les indépendantistes ont gagné. (source)
« In, Inde, Independencia »
Dans le même temps, dans une forêt de drapeaux, des centaines de milliers de Catalans ont manifesté jeudi à Barcelone pour réclamer le droit de se prononcer par un vote sur l’indépendance de la Catalogne. A l’instar de l’Ecosse la semaine prochaine.Les associations indépendantistes, qui appelaient à « remplir les rues pour remplir les urnes ».Près de 1,8 million de personnes ont défilé jeudi 11 septembre à Barcelone (Espagne) pour la « Diada », la « journée nationale » de Catalogne, a annoncé la mairie de la deuxième ville du pays. Contrairement au gouvernement britannique, qui a autorisé le référendum écossais, prévu dans une semaine, l’exécutif espagnol refuse tout référendum régional d’autodétermination, invoquant la Constitution. Une foule immense a envahi les grandes avenues de la ville, formant un V (comme « voter »), pour réclamer le droit d’organiser le 9 novembre un référendum. Pour l’occasion, les associations indépendantistes avaient affrété 15 000 autocars pour acheminer les militants de toute la région à Barcelone et permettre ainsi cette vaste démonstration de force. Fiers de leur langue et de leur culture, nombre des 7,5 millions de Catalans pensent que le gouvernement central ne les respecte pas. Cette région, qui produit un cinquième de la richesse de l’Espagne, n’a pas accepté que le Tribunal constitutionnel la prive de son statut de nation en 2010, en réduisant fortement l’autonomie dont elle jouissait.
Euskadi Ta Askatasuna !
Depuis le Pays Basque, une autre région du nord de l’Espagne, les nationalistes conservateurs du PNV, au pouvoir, et les indépendantistes de gauche, la deuxième force politique basque, avaient envoyé des délégations pour témoigner de leur soutien. « Madrid doit comprendre que les Catalans ne sont pas seuls, que nous les Basques aussi sommes là. Un ‘non’ à la Catalogne serait un ‘non’ adressé » au Pays basque, avertissait récemment Hasier Arraiz, président du parti indépendantiste Sortu. Pour la Catalogne comme pour le Pays basque, « la clef se trouve désormais en Ecosse », souligne Fernando Vallespin, professeur de Sciences politiques à l’Université autonome de Madrid. « Si l’Ecosse part, cela mettra un point final au tabou voulant qu’il n’existe pas de sécessions en Europe occidentale ». Selon Pierre Poggioli, le Jeudi 20 oct. 2011, ETA annonce « l’arrêt définitif de son activité armée« . Plus de 50 ans après, ETA met fin à ses «activités militaires» débutées en 1960, deux ans après sa création, abandonnant définitivement les armes, décision irréversible car découle d’un «engagement clair, ferme et définitif». Après de nombreuses trêves de diverses natures et une dernière qualifiée de «générale, permanente et vérifiable» (10 janv. 2011) ETA franchit cette fois un pas historique avec l’abandon des armes.
KANAKY Référendum en 2018 !
Située à quelque 17 000 km de Paris, la Nouvelle-Calédonie a un statut unique au sein de l’Etat français. D’abord territoire d’outre-mer sous la IVe République, elle a connu une grande diversité de statuts juridiques jusqu’à la période d’insurrection quasi généralisée dite des « événements », close en 1988 par la signature des accords de Matignon. Ni DOM ni COM, elle jouit depuis d’une large autonomie, renforcée en 1998 par l’accord de Nouméa, traduit dans les articles 76 et 77 de la Constitution. Outre l’organisation d’un référendum, cet accord prévoit un renforcement de l’autonomie grâce au transfert progressif des compétences de l’Etat vers l’île, hormis les compétences régaliennes (la justice, l’ordre public, la défense, la monnaie et les affaires étrangères). C’est lors du référendum que se décidera le transfert éventuel de ces dernières compétences. Depuis 1986, la Nouvelle-Calédonie a par ailleurs également été réinscrite par les Nations unies sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser et « dont les populations ne s’administrent pas encore complètement elles-mêmes ». (source)
« Indi, Indi, Indipendenza » ?
Les nationalistes corses de Corsica Libera et de Femu a Corsica, (36% aux dernières élections territoriales), se réjouissent du référendum. Pour Pierre Poggioli, de Corsica Libera, « cela marque la fin des grands États nations créés sur des petites nations sans État, comme l’Écosse ou la Corse, qui se sont édifiés en détruisant la langue et la culture et en s’appropriant la richesse des minoritaires ».
Lors de sa dernière Ghjunta, Corsica Libera: « Le mouvement entend bien continuer à se battre pour que le vote de l’assemblée de Corse soit bien pris en compte par le gouvernement. C’est pour cette raison que le mouvement parle de redéploiement, et ce à tous les niveaux, qu’il s’agisse du social, du culturel, du monde associatif « et surtout de la rue. Nous ne devons pas abandonner ce terrain et continuer à mobiliser jusqu’à obtenir nos droits au niveau de l’État français. Les mobilisations à venir doivent être fortes et dans ces conditions l’État français ne pourra pas faire l’impasse sur les décisions de l’assemblée de Corse ». Statut de résident, coofficialité et fiscalité sont trois thèmes importants correspondant à des mesures d’urgence « pour sauver ce qu’il y a à sauver et se mettre sur les bons rails pour l’avenir ». Pour autant, ces mesures restent insuffisantes pour Corsica Libera dans la perspective d’atteindre son objectif de souveraineté nationale, « mais ces mesures vont dans le bon sens, même s’il a fallu attendre trente ans pour que nos revendications commencent à être prises en compte ». Corsica Libera veut ensuite aller encore plus loin dans ses revendications « sans faire perdre encore 20 ou 30 ans à la Corse », a conclu Eric Simoni. » En 2013, Jean-Guy Talaloni déclarait dans une interview accordé à un journal « Pour nous, l’objectif à terme demeure l’indépendance, étant précisé que nous ne chercherons pas à l’imposer tant qu’il n’y aura pas une majorité de Corse en sa faveur. Observons simplement que selon les sondages d’opinion, c’est une idée qui progresse régulièrement au fil des années. »
Corsica Libera, qui défend depuis toujours son projet en étroite relation avec de nombreuses luttes nationales dans le monde, annonçait lors des dernières journées de Corti sa volonté d’internationaliser la question corse, ce que nous avons depuis commencé à faire en établissant de nombreuses relations avec l’extérieur. Dans les semaines à venir sera constitué un groupe international de parrainage du processus corse. Ce groupe aura la charge de promouvoir et de défendre les intérêts du peuple corse en Europe, dans le monde et dans l’espace méditerranéen. À ce sujet, il est particulièrement réconfortant de voir les autonomistes corses manifester un fort enthousiasme à l’égard de la possible indépendance de l’Ecosse. Peut-être nous rejoindront-ils demain dans la revendication de l’indépendance de notre propre pays, la Corse.
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