(article 1) Si aujourd’hui on retient surtout le résultat, on ne peut pas dire que la campagne se soit déroulée dans la meilleure des ambiances. Les partisans du « iè » accusés de menaces sur les continentaux résidant sur l’île pour qu’ils n’aillent pas voter, les partisans du « nò » pris en flagrant délit de barbouzerie incendiant leur propre local, la reformation d’un faux-FLNC dont les chefs étaient originaires de la petite couronne parisienne, des urnes trafiquées par des gendarmes français inexpérimentés, des tentatives de meurtre dont tout le monde s’accuse, des trahisons dans le même camp, des tourne-casaque du dernier moment…
La Corse s’est déchirée comme elle a toujours aimé le faire. Elle est fièrement parvenue à souiller de ratures l’une des pages les plus importantes de son histoire, celle qui aurait dû être la plus belle, écrite à l’encre de chine, illuminée par la pose du sceau de la liberté en son centre. Mais les gènes méditérranéens et insulaires ont parlé, la poudre avec, et cela n’a réellement surpris aucun observateur. C’est peut être cet indécrottable vice, parfois désespérant, qui fait le charme de cette terre en toute circonstance.
Replaçons les choses dans leur contexte : Marion Maréchal-Le Pen, premier ministre de la France suite à la dissolution de l’assemblée par François Hollande après le scandale du vol des timbres-poste, décide de « prendre le problème corse à bras le corps ». Cette décision s’est faite dans un contexte particulier : l’année 2015 a été secouée par d’importantes émeutes autour de la question de l’évolution institutionnelle. 10 000 personnes à Ajaccio en janvier, 25 000 à Bastia en mai, des banques et des préfectures brûlées, tous les lycées de Corse bloqués pendant des mois, des journées « île morte » à n’en plus finir et une faculté de Corte en ébullition : voilà à quoi ressemblait la Corse à l’aune de sa libération.