Le quotidien qui jusqu’à une période récente détenait le monopole de la vérité footballistique en France, s’empresse comme à son habitude, de relater mot pour mot les déclarations officielles, qu’elles émanent des autorités politiques ou sportives, ce qui est la même chose! Voilà donc ce que dit l’Equipe :
« Le 13/08/2014 à 22:13:00 Foot Ligue 1 Discipline : Bastia-OM en instruction »
« Comme souhaité par le gouvernement (sic), la commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP) va se pencher sur l’affaire Bastia-OM de la première journée de Ligue 1 samedi dernier à Furiani ; des débordements en marge de la rencontre avaient provoqué un triste bilan de quarante-quatre policiers et gendarmes blessés. La commission a dénoncé «des violences inadmissibles» et va donc «placer le dossier en instruction». Osons faire remarquer à ces fidèles porte-voix que les chiffres annoncés ont été infirmés par tous les observateurs sérieux et que seuls 6 membres des « forces de l’ordre » ont demandé une visite de routine au centre hospitalier de Bastia dont ils sont ressortis sur leurs deux jambes…..
Ce genre de mensonge officiel ne peut nous laisser indifférent :
Par rapport au club de Bastia tout d’abord. Inutile de préciser que dans cette affaire, répétons -le quand même, le Sporting ne saurait avoir à se justifier, puisqu’il a respecté scrupuleusement les impératifs de sécurité qui lui incombaient ; le match s’est d’ailleurs déroulé dans des conditions optimales et les 22 joueurs ont fait preuve d’un engagement qui n’a jamais dégénéré : 4 cartons jaunes et aucun blessé après 95 mn disputées sur un rythme de derby. La moindre sanction contre le club relèverait de l’iniquité la plus absolue !
Par rapport aux supporters corses ensuite:sans préjuger de la réalité des incidents extérieurs au stade, rappelons les troubles fomentés par les « forces de l’ordre », sans que cela émeuve le moins du monde la direction de la police, lors de Bastia- PSG du 22 sept 2012. L’ensemble des mesures préfectorales pour le moins bizarres et superflues en cette soirée du 9 août, témoignent soit d’une volonté délibérée de renouveler les incidents, soit d’une incompétence incommensurable. C’est d’autant plus inquiétant qu’immédiatement les activistes politico-sportifs s’en sont saisi pour tenter le coup de la punition collective.
Enfin et troisième point : le moustachu qui règne sur la LFP connaît peu de chose au ballon rond mais évolue depuis longtemps dans les cercles du pouvoir parisien ; il ne sait de la Corse que ce que lui en ont dit ses amis les plus réacs, qu’ils soient corses ou non. Comme il est difficile, quand on a un statut de rond de cuir mais qu’on se prend pour un homme d’action, d’en être réduit à porter la pipe de Broussard dans des « opés » montées contre des « natios », dans lesquelles avoue-t-il à longueur d’interview, il a pris un plaisir orgasmique !…Il arrive que cette haine du Corse se cristallise au gré des rencontres et trouve son expression politique : que notre tyranneau à l’appétit d’aigle et à l’estomac de moineau rencontre le ministricule de Cugnoculi, et voilà que renaît ce rêve fou que nourrit la frustration des béotiens parisiens : il faut normaliser les Corses. Et pourquoi pas après tout : en 2013, quelques compagnies de fantassins français n’ont-ils pas mis à la raison un poignée de va-nu pied maliens armés de gourdins ! Auparavant la France n’a -t-elle pas montré sa force et sa détermination en liquidant Kadhafi, son ami de trente ans, au cours d’ une opération qui rappela étrangement aux Corses l’exécution de Ghjaseppu Bartoli…La rapidité à laquelle ont réagi, et le petit ministre de l’intérieur, et la maladroite ministre des sports, ont non seulement donné l’impression que le gouvernement dirigeait la LFP, mais ont démontré que les uns et les autres avaient partie liée dans cette affaire … Il faut dire qu’à Bastia même, beaucoup avaient encore sur en mémoire le passage à tabac par les CRS de paisibles chefs d’entreprise dans l’enceinte de la préfecture…Le montage fut facile à opérer, coups de com préventifs, provocs savamment distillées,interdiction partielle de supporters marseillais mystérieusement limités à 90,mais manque de pot, un match de haut niveau et un arbitrage impeccable !!!
La LFP qui tente vainement de rattraper le retard du foot français en terme de sport-spectacle sur les grands championnats européens, se montre plus que jamais soucieuse de transformer les aficionados en figurants destinés à meubler les arènes et à assurer le show ! Les recettes télévisuelles méritent bien quelques sacrifices…Du pittoresque mais surtout pas d’ agitation !L’ambiance étant généralement assurée par des journalistes bavards qui nous saoulent de discours infantiles et nous font couper le son…Dans ce Barnum du sport , inutile de dire que les petits clubs ne sont pas les bienvenus. Mais les passionnés qui suivent les compétitions internationales, savent bien que le sport, et tout particulièrement le football, véhicule de surcroît une charge identitaire et nationaliste qui inquiète les pouvoirs centraux et qu’ils préfèrent canaliser à leur profit. Ne pas soutenir une équipe de France, laborieuse et sans esprit créatif depuis 1986,devient un crime, et arborer la Testa Mora sur les terrains corses visibles à la télé est désormais considéré comme un signe « ethniciste ».
Le football corse, comme la Corse elle-même,sont en passe de payer la surenchère nationaliste qui porte les partis souverainistes et va à coup sûr faire éclater les partis de gouvernement. L’Histoire dit-on, ne se répète jamais de la même façon. Mais devant la violence des réactions déclenchées par l’expression de nos différences, comment ne pas penser que nous assistons à la montée d’une de ces crises qui secoue périodiquement la France et qui semble la diriger vers une forme inavouable de fascisme…Si supporter une équipe corse, à Bastia comme à Aiacciu,est une façon d’y résister, alors tous au stade !
Ghjacumu Petru