L’attaque de Gaza par Israël va relancer le conflit palestinien. Dans un Proche-Orient largement hors de contrôle, entre conflit syrien et dérive islamiste irakienne, seule une paix israélo-palestinienne pouvait encore apporter l’espoir d’une meilleure stabilité. Benyamin Netanyahu s’emploie méthodiquement à en empêcher l’avènement.
Le véritable motif du raidissement d’Israël n’est pas celui que la propagande avance, à savoir la mort tragique de trois adolescents vivant dans les colonies de peuplement en Cisjordanie, enlevés et exécutés par des palestiniens. Pour horribles qu’ils soient, ces assassinats, condamnés par l’Autorité palestinienne, auxquels a par ailleurs aussitôt succédé l’assassinat tout aussi sauvage d’un jeune adolescent palestinien à Jerusalem par des extrémistes sionistes, auraient pu être rangés dans la catégorie « faits divers » et non « faits politiques ». En fait ils servent de prétexte à des décisions prises bien en amont, quand la tournure politique et diplomatique a tourné à l’avantage du processus de paix, contre les exigences israéliennes concernant les colonies en territoire occupé.
C’est au printemps dernier qu’est intervenu un nouvel accord entre le Fatah qui contrôle la Cisjordanie, et le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, pour former un gouvernement palestinien d’Union nationale. Le Hamas a longuement hésité pour cet accord, son Président, Khaled Mechaal, ayant mis sa démission dans la balance avant d’être finalement réélu le 1er avril dernier. Cet accord pour un gouvernement de réconciliation nationale, signé fin avril, a reçu la bénédiction de la communauté internationale, Américains y compris, au grand dam du gouvernement israélien pour qui le Hamas est un mouvement terroriste avec lequel il refuse toute discussion.
Depuis, les autorités israéliennes n’ont eu de cesse que d’attaquer l’attitude de la communauté internationale pour qui la réconciliation entre Hamas et Fatah est essentielle à toute évolution politique durable. En instrumentalisant la mort des trois adolescents pour justifier des représailles contre le Hamas, Benyamin Netanyahu a trouvé son prétexte à une intervention militaire brisant de fait les efforts de paix déployés par John Kerry, le ministre des Affaires étrangères de Barack Obama.
Il s’ensuivra le même résultat que pour les opérations précédentes : de nombreuses victimes civiles, des destructions en tous genres et l’élimination de nombreux responsables et militants du Hamas qui, pas plus que les fois précédentes, ne permettront de l’affaiblir réellement, tout en renforçant les plus extrémistes dans les équilibres internes. En attendant, tout le processus politique est gelé et l’espoir de paix durablement dans l’impasse.
C’est donc à un véritable sabotage politique que Benyamin Netanyahu se livre avec cette nouvelle opération militaire contre la bande de Gaza, avec une couverture médiatique complaisante qui met les roquettes tirées à l’aveugle par le Hamas au même rang que les bombardements aériens, guidés par satellite, de l’aviation israélienne, une des plus puissante du monde.
Après ce nouvel épisode guerrier d’Israël, l’impasse sera toujours la même, avec cette différence qu’elle est de moins en moins admise par les USA et les autres alliés d’Israël. En effet, le conflit syrien et la situation en Irak sont devenus les deux enjeux majeurs pour la stabilité dans cette partie du monde. La plus grande menace pour la diplomatie occidentale est aujourd’hui représentée par « l’Etat Islamiste » créé à cheval entre Irak et Syrie par le nouveau calife sunnite Al Baghdadi, successeur de Ben Laden. La Jordanie, le Liban, le Kurdistan, sont sous la menace directe de cette force potentiellement terroriste, dont les « martyrs » rêvent de frapper en Europe et aux Etats Unis. En refusant tout processus de paix avec les Palestiniens, le gouvernement Netanyahu entrave de plus en plus l’action diplomatique américaine et occidentale..
Cette tension est sensible depuis plusieurs mois dans les déclarations de John Kerry et même de Barack Obama. Ils sont certes mis devant le fait accompli de ce nouveau conflit armé, alors qu’il aurait largement dû être évité. La « couverture occidentale », jusque là accordée sans compter aux dirigeants hébreux, pourrait être beaucoup moins forte désormais.
Le Hamas restera-t-il dans une ligne politique de « réconciliation nationale », ou bien cédera-t-il à la provocation israélienne qui n’espère qu’une nouvelle fracture entre Palestiniens ? Comment le processus de paix, de plus en plus indispensable, pourra-t-il être relancé ? Que sera l’après-conflit ? L’impasse palestinienne est de plus en plus forte. Mais, dans le même temps, elle est de moins en moins supportable.
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