Au sujet du conflit de la SNCM, Femu A Corsica tenait une conférence de presse à Bastia ce 11 juillet 2014, voici le texte dans son intégralité :
Le conflit qui s’achève, suite à la décision de reprise du travail par les marins grévistes, et à la rencontre entre les représentants des socio professionnels et le Premier Ministre, à Matignon, continue de susciter le malaise au sein du peuple Corse.
Revenons tout d’abord, brièvement, sur son déroulement et ses premières conséquences : notre île, otage affiché d’une rupture inconsidérée du service public durant près de vingt jours, alors même que la dépendance touristique caractérise profondément notre économie ; une perte d’activité supérieure à 100M€ d’euros, selon diverses évaluations, avec à tout le moins, deux mille emplois directs exposés et mis en danger ; des pans entiers de notre tissu entrepreneurial fragilisés ; un déficit d’image extrêmement marqué, avec un préjudice incalculable en terme de perception et d’attractivité de la destination Corse ; une tension chronique au sein de notre communauté, du fait d’un pourrissement voulu en haut lieu, qui a donné lieu à plusieurs actes de violence (expulsion inqualifiable des représentants du monde économique de la préfecture de Haute-Corse, saccage, qui ne peut être justifié, des locaux de la Sncm, etc…).
Dans ce contexte d’une gravité rare, les mesures d’ordre essentiellement fiscal promises ces dernières heures, pour légitimes et intéressantes qu’elles soient, n’en demeurent pas moins structurellement en deçà des véritables enjeux du moment.
Femu a Corsica a pour sa part multiplié les démarches, aux côtés des forces vives de notre peuple, dans le respect absolu de l’ensemble des parties et avec le souci permanent de ne pas céder aux provocations, aux logiques de la division et de l’affrontement.
Chacun a pu mesurer, tout comme nous, le caractère indigne du traitement politique par l’État de ce conflit.
En amont de la grève, l’État n’a pris aucune mesure pour sécuriser le Kallisté, alors qu’il avait été dûment informé par des socio professionnels de la certitude de son occupation par les marins grévistes.
Une fois cette occupation effective, l’État a choisi de s’en accommoder, allant jusqu’à refuser de protéger un quai à Marseille. Il n’a pas pour autant compenser la baisse de trafic induite par cette situation de blocage.
Dans le même temps, les Préfets ont alimenté un processus de désinformation quasi quotidien : « il n’y a pas de crise » , « les indicateurs économiques sont bons », « les liaisons maritimes sont préservées »…
Ils ont menti sur les conditions dans lesquelles des chefs d’entreprise pacifiques, des femmes, des personnes âgées, ont été frappés et insultés en Préfecture de Bastia, confirmant ainsi le pénible sentiment qu’il y a bien eu deux poids et deux mesures dans la gestion de ce conflit.
Nous n’évoquerons, pas davantage, ici le silence et la passivité des élus les plus conservateurs, si réactifs sur d’autres sujets et aujourd’hui indifférents à des enjeux économiques et sociaux pourtant décisifs.
Le résultat obtenu est d’autant plus précaire que la Corse vit depuis quarante ans au rythme des conflits et des grèves dans le secteur maritime, sans que ses intérêts soient, et pour cause, clairement distingués de ceux du port de Marseille, avec ses corporatismes et ses contingences politiciennes désormais connus de tous.
Nous l’avons souvent dit : Femu a Corsica respecte au plus haut point le fait syndical et l’ensemble des libertés publiques, notamment le droit de grève. Mais celui-ci ne peut être poussé à l’extrême, au mépris d’une réalité économique globale, marquée par une grande précarité.
En toute hypothèse, la dimension salariale et sociale ne saurait être exclue de notre stratégie, dans le cadre d’une maîtrise accrue de nos moyens nautiques et de la montée en charge d’une compagnie Corse.
Pour l’heure, rien ne permet d’affirmer que le moratoire (d’abord exclu publiquement par l’État puis de nouveau proposé par le médiateur Bélier.. ) et les derniers effets d’annonces du gouvernement nous permettront d’éviter un nouveau conflit, dans les tous prochains mois.
Femu a Corsica prend donc, d’ores et déjà, de nouvelles initiatives politiques, de nature à sortir durablement de ce cycle infernal qui paralyse la Corse à intervalles réguliers.
- Notre collègue Jean Bianccuci a déposé ce jour, au nom du groupe, une question orale au Conseil Exécutif, de façon à susciter un premier échange et à interpeller politiquement le gouvernement.
- Nous renouvelons notre demande, déjà exprimée au cœur du mouvement de grève, d’une session thématique, exclusivement dédiée au dossier des transports, plus particulièrement dans le secteur maritime.
- Nous présenterons enfin, au cours des prochaines semaines, nos grandes options économiques et sociales, dans le cadre d’un séminaire de travail ouvert et participatif.
La situation présente ne peut être déconnectée du comportement global de l’État, marquée par une fermeture certaine (convention avec l’Università di Corsica, délibérations de l’Assemblée de Corse, processus de négociations en cours,…). Chacun doit désormais s’engager, en pleine responsabilité et plus résolument encore, dans la voie du dialogue et de la construction sereine de la Corse de demain.
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