« J’étais seul,l’autre soir, au Théâtre Français, ou presque seul…. ce n’était que Molière », se plaignait Musset pour souligner le mépris de son siècle à l’égard du grand classique ! Mais l’endroit ne pouvait pas avoir été aussi désert que le Sénat un soir de débat : ce n’était que la Corse !
Sept sénateurs allergiques au foot étaient venu assister à l’oraison funèbre de cette île qui est à la France ce que son mystère était à Malraux, ou vice versa. Parmi les affligés, le compassé de Piana, venu recevoir les condoléances que lui récita Cazeneuve avec toute la componction indispensable à « cette triste circonstance ».
Bref, tout se passa de manière conviviale et funèbre, entre gens du même monde qui ont un pied dans l’autre, celui des civilisés qui ne sauraient entendre les barbarismes institutionnels venus du Sud. On aura compris que ce qui se passe en Corse pendant onze mois sur douze ne passionne pas vraiment ceux qui prétendent représenter les territoires ruraux quand on parle de supprimer leur maison de retraite dorée. « Clore le débat sur la Corse , traiter les vrais problèmes », c’est le leitmotiv de tous les sectateurs du statu quo…
En l’occurrence, ces intégristes de la tradition savent trop bien qu’en s’opposant à toute remise en cause des archétypes surannés du jacobinisme , ils jouent la politique du pire. Le soutien indigne qu’ils trouvent auprès de pitoyables pitres accrochés à des mandats héréditaires ou gagnés dans des réunions clandestines du samedi soir dans des arrières-salles douteuses, les empêche justement de mettre un nom sur les véritables problèmes ! Non l’insularité n’est pas un handicap, les îles les plus riches ne s’en sont jamais plaint !
Non la Corse n’est pas condamnée à vivre de transferts financiers !Non la Corse n’est pas vouée au tourisme de masse qui ne laisse rien d’autres que des détritus et des chômeurs en septembre ; pas plus qu’elle n’est une zone de non droit pour clandestins de la location estivale au black ! Oui la Corse peut nourrir 300000 personnes en abaissant les coûts de l’énergie et en reconstruisant son agriculture vivrière ! Oui la Corse peut entreprendre si on veut bien la considérer autrement qu’un paradis de la rente foncière !Oui la Corse peut avoir un réseau routier qui fasse sortir les Corses de leur moyen âge automobile, leur permette d’aller d’Ajaccio à Bastia sans risques, rapidement et sans être considérés comme des délinquants du volant.
C’est une révolution qui aurait pu s’engager en se dispensant simplement de jeter 400 millions d’euros pour « un train pas comme les autres » fait sur mesure pour les happy few du folklore et les collectionneurs de jouets saugrenus! Et combien de compagnies de transports aurait-on pu constituer avec le quart des sommes distribuées au lobby marseillais ! Qui évaluera jamais les dégâts causés à l’économie corse par ce double monopole de compagnie et de destination?
Mais vous ne risquez rien camarades, la Corse a un « vrai problème », mais la France est trop préoccupée par ses mortelles luttes de sérail pour y abaisser son regard. Sans doute eût-il fallu de bonnes lunettes pour trouver l’autre soir une once de lucidité politique au milieu des ors du Palais du Luxembourg…
N’est-ce point là la pire des violences ?
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CorsicaInfurmazione.org by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]