Une semaine après les déclarations retentissantes de Bernard Cazeneuve, le Préfet Christophe Mirmand passe la « seconde couche » dans la presse régionale pour tenter de consolider une position gouvernementale de fermeture très largement désapprouvée en Corse. Mais le Préfet en service commandé n’apporte en fait qu’une seule démonstration : c’est bien la politique de l’Etat en Corse qui est dans une impasse !
La situation de rupture qui s’est installée entre le gouvernement et l’Assemblée de Corse ne fait pas les affaires du Préfet. Lui qui est « au contact », contrairement aux cercles parisiens de la bien-pensance jacobine, il sent bien qu’une instabilité politique préjudiciable vient de s’installer sur l’île. Les propos du ministre ont heurté les Corses dans leur immense majorité, et l’Etat n’en sort pas à son avantage.
On commande alors au préfet de tenter de convaincre du bien-fondé des décisions ministérielles par une intervention médiatique ; il ne réussit qu’à accroître la défiance à l’égard d’un gouvernement qui restera dans les annales comme le plus fermé de la cinquième république face à une société corse pourtant prête à résorber les tensions du passé.
Le premier fait marquant dans toute cette argumentation pro-domo de l’Etat, c’est l’absence totale de propositions alternatives, ni même de « mesures compensatoires » qui auraient pu être reçues positivement. Par exemple, depuis toutes ces années durant lesquelles le gouvernement a fait croire à son intention de réaliser l’approvisionnement des centrales électriques de la Corse par le Gaz Naturel Liquéfié, une décision enfin définitive aurait pu être annoncée ; ou encore un calendrier sur la ratification de la Charte Européenne des Langues régionales ou minoritaires ; ou bien sur la généralisation du bilinguisme dans l’enseignement primaire ; ou encore je ne sais quoi, mais, sur au moins UN sujet, une raison d’espérer un choix gouvernemental en phase avec les attentes du peuple corse. Rien du tout. Niet. Nada.
Le Peuple corse : c’est en fait par là que le bât blesse. Ce fut une des audaces remarquées de François Mitterrand et de certains de ses successeurs, Rocard, Joxe, Jospin ou même Sarkozy, d’utiliser, lors de leurs discours, et même dans le cadre de leurs propositions institutionnelles, ce concept qui déstabilise la raison d’Etat, mais qui ouvre le dialogue avec la Corse. C’est une constante de l’actuel gouvernement de ne jamais l’employer, et de choisir ainsi délibérément une attitude de refus du dialogue. Le propos de Mr Mirmand sur la co-officialité, -« la co-officialité est illégale »-, n’a aucune valeur démocratique dès l’instant que l’on admet qu’il existe un peuple corse, qui a alors naturellement droit à ce que sa langue soit officielle sur sa terre ! Cela vaut pour le peuple corse comme pour n’importe quel autre peuple dans le monde. En fait, le gouvernement Valls/Hollande est en train de faire reculer l’Etat français sur le dossier corse de trente ou quarante ans en arrière !
Sur le statut de résident, le Préfet part chercher le paravent du droit européen, avant même d’avoir connaissance des propositions concrètes de l’Assemblée de Corse. Pourquoi rejeter un tel statut d’emblée, avant même d’avoir envisagé, et débattu, d’un contenu concret ?
Tout simplement parce que le postulat du Préfet –« les assouplissements de l’Union Européenne ne peuvent pas répondre au cas particulier de la Corse » – est loin d’être étayé.
En fait si le Préfet appelle le droit européen à la rescousse, c’est pour mieux protéger le « droit national français », et son jacobinisme tout à fait atypique en Europe.
François Alfonsi
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