A l’initiative du Collectif » Simu di stu paese, ci vulemu campà » – , suscité par Giuventù independentista- regroupant une dizaine d’organisations, une manifestation s’est déroulée à Bastia le Samedi 10 Mai 2014. Remarquable par son succès, remarquable par sa légitimité et sa pertinence, violente après sa dislocation. On ne peut dissocier la manifestation elle-même de ses suites immédiates et donc ne pas appeler des interrogations.
* Remarquable par son succès : rassembler plus de 4.000 personnes , n’est pas aisé ; l’initiative a mobilisé dans toutes les couches de la société et surtout parmi les jeunes et même les plus jeunes, venus de différents points de Corse. Elle correspondait à une attente, à un espoir. Et laissait poindre un sentiment de révolte. Bien organisée, elle s’est déroulée correctement dans l’ensemble.
*Remarquable par sa légitimité et sa pertinence. Il est sain que le peuple et plus particulièrement sa jeunesse, concernée au premier chef, soit attentifs à l’évolution politique de l’île. On ne peut pas éluder le fait que la contestation dure depuis les années soixante ; qu’elle a été heurtée, violente, émaillée de trois statuts qui ont refusé de traiter la « question corse » au fond ; que l’évolution politique de ces trois dernières années est positive, incontestable ; que la société civile et les élus de la CTC notamment, ont porté les revendications, nées du mouvement national : la réforme institutionnelle, la Co officialité de la langue, la défense des Arrêtés Miot et l’exigence de l’autonomie fiscale, le Statut de résident et surtout l’inscription de la Corse dans la Constitution.
On ne peut pas nier que l’Etat se mure dans le mutisme ou dise non aux réformes, laissant souvent apparaitre son hostilité totale aux principales revendications. Il existe un conflit entre deux légitimités : celle du peuple Corse qui est le soubassement du futur Padduc et lutte pour sa survie et celle de l’Etat. La persistance de cette attitude de dénégation, anti-démocratique, détériore et envenime l’atmosphère, crée un climat anxiogène dans l’île. Les interpellations fermes du mouvement national, et celles, insistantes, des élus de la CTC restent pour l’heure lettre morte. La manifestation du Collectif « Simu di stu paese » était donc fondée.
* la protestation, terminée devant la Préfecture de la Haute Corse, est immédiatement suivie par des affrontements provoqués par des groupes de jeunes, cagoulés ; ils se prolongeront jusqu’21 heures, avec des blessés légers, des détériorations limitées, avec cependant des tentatives d’incendie à la Poste et au Crédit Agricole. Dès lors, on ne peut pas faire la politique de l’autruche et l’économie de l’explication et des propositions.
– Les incidents découlent d’un choix tactique de certains manifestants, déterminés ; ils ne peuvent être ni minimisés ni éludés ; mais ils ne doivent pas être montés en épingle – les destructions en Bretagne ont été très sévères – .
– Ils font peser sur la suite des luttes, nécessaires, indispensables, l’hypothèque de manifestations qui dégénéreraient de façon beaucoup plus grave ; les conséquences négatives seraient inévitables et la population qui refuse, dans son immense majorité, ce type d’actions ne se mobiliserait pas, fournissant à l’Etat et à quelques conservateurs impénitents le prétexte pour refuser le dialogue et justifier son immobilisme.
– Devant ce constat, on doit dire à notre jeunesse qu’elle ferait fausse route en choisissant des méthodes de luttes, inappropriées et désapprouvées ; on doit dire fermement à notre peuple que ses revendications sont justifiées et qu’elles devront être satisfaites, sans atermoiement, dans le cadre d’un véritable dialogue entre la Corse et Paris, avec un ordre du jour et un calendrier.
-On doit prendre l’engagement que la lutte démocratique continuera jusqu’à la reconnaissance du peuple corse et de ses droits légitimes- on ne peut nous faire aucun procès crédible sur ce plan- ; que nous exigerons, par le canal de mobilisations de masse, imaginatives, déterminées mais non-violentes, incluant le recours aux instances internationales et principalement à l’Union Européenne, le droit de maîtriser notre destin collectif, d’instaurer la démocratie, de construire un développement plus juste, de vivre en paix dans notre Pays.
Le peuple corse a pris conscience de la réalité, de la gravité, de la complexité de la situation insulaire ; il est évident qu’il lui est désormais impossible de perdre la partie sauf s’il s’y emploie. Mais in ne peut y avoir de solution sans lui et à fortiori contre lui. Nous lui devons toutes et tous un engagement sans faille, solidaire, responsable. Sa survie et sa victoire sont à ce prix.
Dr Edmond Simeoni
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