« Monsieur Frédéric Hantz. Bastia, là où personne n’avait envisagé venir tant la situation était précaire, l’avenir incertain et le champ de ruines vaste. Vaste, comme l’étendue de cette passion oubliée, d’une histoire collective enfouie dans les ténèbres les plus profondes de l’inconscient du peuple bleu. Furiani, ce stade aux allures de Balkans, d’un autre temps, d’une autre époque où les âmes en peine ayant pris perpétuité la fois où elles en avaient franchi les grilles, erraient sans but précis, sans percevoir la lumière au bout du tunnel.
La nouvelle histoire, commencée un jour de Juin 2010, allait s’écrire, quatre ans durant, en lettres d’or et en heures de gloire. « Je ne viens pas en National, je viens à Bastia ! ». Ces paroles résonnent inlassablement dans la tête des accaniti, à cette époque, perdus, déçus et sans espoir. Ils ont cependant eu le courage de s’accrocher à ces quelques paroles, qui n’avaient rien d’extraordinaire en soi, mais qui allaient être l’élément fondateur de l’histoire d’amour vous liant au Sporting Club de Bastia et au Peuple Bleu dans son ensemble. A ce moment là, au moment où vous exprimiez cette phrase, vous aviez alors déjà compris la place qu’occupait ce club dans le cœur des corses, institution par excellence du sentiment d’appartenance à une terre, porte-drapeau d’un peuple, vivant au rythme des joies et des peines, mais passionné à outrance parfois jusqu’à la déraison.
Là où les braises refroidissaient sous les coups des années de galère, vous avez semé pour raviver les flammes de la passion. La résurrection vous appartient, elle est vôtre ! En fin bâtisseur et en grand connaisseur, vous vous êtes imprégné de l’essence qui animait le peuple bleu, mais au-delà le peuple corse, son histoire, ses attentes, ses espoirs et ses craintes.
De la réussite sportive, de la votre, nous pourrions en parler des heures. Ici n’est pas mon but. Vous avez ressuscité le Sporting sportivement évidemment, mais vous l’avez fait grimper à un rang qu’il n’aurait jamais du quitter, avec en plus, cette capacité à comprendre, à transmettre, à promettre, mais surtout à ne jamais décevoir.
Vous avez milité, sans jamais perdre souffle, regardant toujours devant, pour la « marque » Sporting Club de Bastia. Là où nos intérêts et notre image étaient mis à mal, vous étiez, parfois seul, le premier à monter au créneau. Vous étiez dans la peau du continental défendant le peuple bleu et par là-même le peuple corse, comprenant les atteintes dont il était victime, sans jamais entrer dans une paranoïa que d’aucuns attribuent aux corses et à la Corse comme quelque chose de génétique… Vous étiez là, nous n’étions plus seuls.
Moi, jeune supporter né à la fin des années 80, n’avais goûté qu’à la très amère finale de Coupe de France en 2002. Les souvenirs sont confus mais immanquablement déçus. Je pensais, vivant au fil des saisons du Sporting Club de Bastia (ou de ce qu’il en restait), que les plus belles heures du club centenaire étaient derrière nous et que jamais, je ne pourrais les vivre. De ces heures où les anciens ne cessent de vous rabâcher : « J’ai connu 78, 81, Rep et Papi, vous ne connaitrez jamais rien de tout cela ! ». J’ai assisté à la lente mais certaine agonie du Sporting, à cette situation périclitant avec une impuissance frustrante, dans l’indifférence générale.
Mais grâce à vous, cette jeunesse et ses anciens nostalgiques, ont pu, dans une parfaite communion, vivre cette épopée fantastique, au nez et à la barbe des plus hauts responsables parisiens du football français, faisant même jalouser certaines personnes ici même.
Grâce à vous, le Sporting est redevenu le club de la Corse, de tous les corses, sur l’île et dans le reste du monde.
On se souviendra de ces cours de langue corse imposés à votre effectif, des stages organisés aux quatre coins de l’île, de cette histoire du club transmise à des joueurs trop souvent obnubilés par l’argent et le profit.
Vous avez, avec le peuple bleu, toujours joué franc-jeu !
Alors, pour ne pas être trop long, et un simple texte ne suffirait pas à vous exprimer ma reconnaissance la plus profonde et sincère, il me restera de vous l’image d’un homme accessible. Celle d’un homme ému jusqu’aux larmes à la diffusion d’un reportage sur la catastrophe du 5 Mai, dont nous attendons toujours un signe fort de la part des instances nationales. Celle d’un entraîneur prenant la défense du club et de ses supporters en toute circonstance. De ces déplacements héroïques que j’ai eu la chance de vivre dans un hexagone trop souvent hostile : Guingamp, Créteil, Paris FC, Châteauroux, Monaco, Lens et bien d’autres endroits de la France profonde.
Avant de se quitter, laissez-moi donc vous dire simplement MERCI. Merci pour tout, merci pour ce que les de simples mots ne pourraient décrire, merci pour Bastia, pour la Corse, sa jeunesse et son Peuple… Merci pour notre passion et pour la votre dont vous avez fait preuve sans jamais trahir.
Vous, désormais enfant de Bastia, comme moi… »
(…)
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Revue de Presse et suite de l’article :
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