Initiée en 2010, à la faveur des élections territoriales, la démarche Femu a Corsica a, d’emblée, suscité un engouement particulièrement fort. Avec près de 26%, et 11 élus à l’Assemblée de Corse, elle a permis un élargissement et une progression du mouvement national qui a totalisé alors, toutes tendances confondues, 36% des suffrages.
Les consultations électorales organisées depuis, ainsi que l’ensemble des mobilisations populaires et des luttes de terrain que nous avons menées ou auxquelles nous avons participé avec d’autres, ont confirmé et amplifié le renforcement de notre démarche et de notre stratégie.
Cette évolution d’ensemble a ouvert des perspectives résolument nouvelles pour la progression des idées portées depuis des décennies par le courant nationaliste.
Elle a également permis de rendre envisageable à court terme la mise en œuvre d’une solution politique globale, permettant au peuple corse d’avoir les moyens juridiques et politiques de la maîtrise de ses choix essentiels.
Les débats de l’Assemblée de Corse, parmi d’autres indicateurs, en témoignent :
- Padduc alternatif, aux antipodes du modèle de société promu sous l’ancienne mandature,
- Coofficialité de la langue corse, pour laquelle nous nous sommes battus depuis le début des années 1990 ;
- Arrêtés Miot, combat historique du peuple corse, placé par Femu a Corsica au cœur de son programme électoral et de ses priorités stratégie d’autonomie énergétique, que nous avons défendue avec force y compris dans les luttes de terrain contre le fuel lourd compagnie publique de transports maritimes sous l’égide de la Collectivité Territoriale,
- La question foncière dans toutes ses dimensions, essentielle à nos yeux (nous l’avions placée en priorité absolue de notre programme de 2010) et le statut de résident (défendu dès les élections législatives de 2007, notamment dans la circonscription de Corté-Balagne par Gilles Simeoni et Saveriu Luciani, qui en avaient fait un point central de leur programme) inscription de la Corse dans la Constitution, permettant de mettre en œuvre un statut d’autonomie et garantissant à la Corse le pouvoir législatif
À l’occasion de chacun des votes intervenus, Femu a Corsica a pris soin, à travers la rédaction des motions ou le dépôt d’amendement retenus dans les délibérations finalement votées, de relier la thématique abordée à la notion de « Peuple corse », qui est pour nous au coeur de notre identité politique et de nos revendications.
Cela a été notamment le cas lors des votes sur :
- La défense des arrêtés Miot
- Le Padduc
- La politique foncière . Suite à un amendement initialement déposé par Femu a Corsica, l’article 2 de la délibération du 25 avril 2014, énonce : « L’Assemblée de Corse réaffirme solennellement que le lien unissant les Corses à leur terre du fait notamment de l’insularité et d’une histoire singulière, est un élément constitutif de l’identité collective des Corses » ;
Les grandes thématiques historiquement portées par l’ensemble de la famille nationaliste sont donc aujourd’hui partagées par une majorité d’élus de l’Assemblée de Corse, de tous bords politiques.
Elles donnent lieu à des majorités d’idées inédites, inconcevables il y a seulement quelques mois.
Les dernières élections municipales ont consacré dans des proportions jamais atteintes cette profonde mutation du débat public et de notre société.
Di Capi Corsu à Bonifaziu, des centaines de nationalistes inscrits dans cette stratégie d’ouverture et de rassemblement ont été élus.
Maires, adjoints, conseillers municipaux, qu’ils aient participé à des contrats de mandatures ou impulsé leur propre démarche, qu’ils se soient présentés dans l’urbain ou en milieu rural, ils ont contribué à dessiner un nouveau paysage politique.
L’exemple de Bastia, tant du point de vue du projet et des pratiques, que de celui du contenu politique du contrat de mandature validé par un nombre jamais atteint d’électeurs, fera date.
D’une part parce que la démarche et la dynamique portées par Inseme per Bastia ont permis de battre démocratiquement un système en place depuis des décennies, système soutenu par toutes les force conservatrices, et qui a pu prospérer en toute impunité sur la fraude, le chantage à l’emploi et au logement, les pratiques antidémocratiques.
Ce n’est donc pas seulement une citadelle claniste qui est tombée.
C’est aussi un bastion farouchement conservateur, hostile à toute évolution pour ce pays (refus du statut particulier, farouche opposition au projet Joxe, au processus de Matignon, à toutes les revendications fondamentales et à tous les outils d’émancipation : Università, Arrêtés Miot, lingua corsa, PEI…).
D’autre part, parce que le contrat de mandature conclu entre Inseme per Bastia et ses partenaires de la nouvelle majorité municipale, au-delà du projet commun pour la ville, s’est construit autour du refus des pratiques clanistes et clientélistes, et de la volonté concrètement déclinée de placer la démocratie au cœur de la vie communale.
Nous souhaitons bien sûr pour notre part que l’ensemble des forces nationalistes s’engagent et s’impliquent dans des contrats politiques de ce type.
Les conditions politiques le permettant n’étaient pas réunies à Bastia.
A chacun de faire sa part de chemin pour qu’elles le soient à l’occasion des échéances électorales qui s’annoncent.
La victoire politique historique de Bastia incarne en effet, bien au-delà des municipales, une perspective de progrès pour l’ensemble de la Corse.
Pour l’ensemble de la Corse, un avenir de paix et de construction est donc largement ouvert, pour peu que l’ensemble des acteurs politiques se hisse à la hauteur des enjeux.
Le mouvement national, dans sa diversité, s’inscrit naturellement dans cette dynamique, d’autant qu’il l’a largement initiée.
De nombreux autres groupes, et mouvements, font également le pari de l’évolution et de la construction politique, rejetant le conservatisme, les réflexes partisans et les postures de circonstances.
Pourtant l’État continue, à ce jour, de traiter par la dénégation, voire le mépris, cette volonté d’émancipation de notre peuple.
Cette attitude est irresponsable.
Plusieurs votes essentiels sont intervenus à l’Assemblée de Corse, soit à l’unanimité, soit à une très forte majorité : coofficialité, arrêtés Miot et demande de transfert de la compétence fiscale, Padduc,, politique foncière et statut de résident…
De même, 46 conseillers territoriaux, sur 51, ont demandé qu’un article spécifiquement consacré à la Corse soit intégré dans la Constitution.
Au-delà des décisions de l’Assemblée de Corse, une large majorité de Corses aspire clairement à une solution politique, à une sortie de crise concrète et durable, qui est aujourd’hui à portée de main.
Mais pareille dynamique ne peut intervenir sans que l’État, qui a la responsabilité historique principale de la situation dramatique dans laquelle se trouve aujourd’hui notre pays, s’engage résolument et sincèrement.
Tel n’est pas le cas aujourd’hui.
Il y a d’ailleurs fort à parier que le projet de loi sur la décentralisation, à paraître dans les prochains jours et dont un chapitre doit être consacré à la Corse, confirmera que le compte politique n’y est pas et que l’Etat n’a pour l’heure aucune volonté de s’engager dans un véritable processus de dialogue.
Les militants et élus de Femu a Corsica s’adressent donc solennellement au nouveau gouvernement, ainsi qu’au Président de la République.
Paris doit enfin s’engager dans un véritable dialogue avec la Corse et montrer clairement, par des signes politiques tangibles, sa volonté de rechercher une solution politique globale pour la Corse.
Nous réclamons clarté et précision, au plan de la méthode et du calendrier, autant que du contenu, sur le processus de réforme constitutionnelle annoncé.
Forts du soutien de dizaines de milliers de Corses, FEMU A CORSICA continuera à œuvrer au quotidien, en concertation permanente avec l’ensemble des forces nationalistes et de progrès, à l’Assemblée de Corse et sur le terrain, pour engager la Corse sur un chemin de paix et d’émancipation.
(…)
CorsicaInfurmazione.org by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
FMU A CORSICACorsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]