La première donne politique qui s’impose dans le panoroma politique d’Iparralde et qui a fait l’objet de nombreux commentaires dans la presse est celle du renforcement du vote abertzale de gauche.
– Dans tous les endroits (pratiquement), les listes abertzale ont obtenu de bons résultats. Presque tous les scores sont au dessus des 15%, avec des résultats particulièrement significatifs tels que : 33% à D. Garazi, 28% à Kanbo, 26% à D. Lohitzune, 21% à Ziburu, 25% Urruna… Au sein du BAB les abertzale dépassent les 10% pour la première fois à Bayonne.
– Par ailleurs, un certain nombre de maires abertzale ont été confirmés dans leurs charges, par exemple : Alain Iriart, Daniel Olzomendi, J. M. Galant etc. Mais de nouveaux maires abertzale ont également été élus, et il est notable que les abertzale réussissent à gagner une municipalité aussi importante qu’Uztaritze. Ces dernières années les maires abertzale ont fait preuve de leur capacité à bien gérer les mairies, leur compétence est aujourd’hui reconnue.
– Les abertzale vont également être représentés avec plus de force au sein des intercommunalités.
La donne politique qui ressort de ces résultats est assez claire : l’abertzalisme de gauche a franchi un pas important à l’occasion de ces élections, il apparaît comme étant bien ancré dans le panorama politique d’Iparralde et représente dans des secteurs larges de la population une alternative sérieuse. Avec ces élections, la preuve a été faite que les abertzale ont des propositions sérieuses et crédibles dans tous les domaines : économie, social, logement, urbanisme, environnement,…
Qu’est-ce qui a permis un tel résultat ?
– En premier lieu, les dynamiques et le travail mis en oeuvre au niveau local. Les listes qui ont été impulsées par les abertzale relèvent d’initiatives locales. Il faut d’ailleurs relever le caractère ouvert de ces initiatives, qui ont débouchés dans de nombreux cas sur des listes configurées avec des personnes de sensibilités diverses. On peut aussi souligner une autre caractèristique : la jeunesse des candidatures.
– En second lieu, il faut rappeler le travail de préparation qui a été mené au travers de Bil Gaiten. Ce travail a contribué à inciter les militants abertzale à se présenter, et leur a permis aussi de bénéficier d’une première formation. Ce travail en amont a porté ses fruits.
– Rappelons en troisième lieu le changement du réglement électoral ayant abaissé aux communes de plus de 1000 habitants la modalité du vote de listes complètes. Les abertzale ont su valider ce changement, en impulsant des listes propres ou des listes ouvertes dans la majorité des communes de plus de 1000 habitants.
– Constatons enfin, que des thématiques que les abertzale ont portés seuls pendant des années sont aujourd’hui au centre des débats politiques :
. La reconnaissance politique et institutionnelle d’Iparralde
. L’officialisation de l’euskara.
. Le processus de résolution.
Les accords et résultats du second tour.
– Comme tous ont pu le constater, les abertzale engagés dans ces municipales ont défendu des programmes de gauche au premier tour, et partout où cela a été possible ont conclu des accords avec les listes socialistes, sauf à Anglet et à Bayonne.
– Les contours des différents accords et leur ratification sont la résultante de décisions locales prises par les groupes configurés autour des listes dans lesquelles étaient engagés les abertzale. Cela été, il est clair qu’une logique globale émerge de ces différentes dynamiques : malgré un fort mécontentement dans le milieu abertzale à l’égard de la politique que mène le PS au gouvernement au niveau socio-économique et vis-à-vis du Pays Basque, sur la base de programmes de gauche, des accords visant à faire tomber les mairies de droite et du centre ont été réalisés dans les cas où ils étaient possibles, à l’exception des socialistes porteurs de postures jacobines. Les thématiques précédemment évoquées ont occupé une place de premier plan : la Collectivité Territoriale, l’officialisation de l’euskara, le processus de résolution.
– Par le biais de ces accords la donne déjà souligné précédemment s’est confirmée :
Le projet abertzale de gauche est la clé du changement en Iparralde : les accords passés entre abertzale et socialistes n’ont pas permis de faire tomber toutes les mairies de droite et du centre, mais là où la droite et le centre a du céder la place, de tels accords ont été scindés, sauf à Ustaritz.
Observons maintenant le panorama politique global d’Iparralde :
– La gauche recule et la droite et le centre ressortent renforcés de ces élections. C’est le cas évidemment sur le BAB, mais à part quelques exceptions (Uztaritze, Baigorri), la droite et le centre de maintiennent aussi sur des communes importantes sur l’ensemble d’Iparralde (Urruna, D. Lohitzune, Ziburu, D. Garazi, Donapaule etab…).
– A l’échelle de l’Etat français le FN obtient de bons scores. En Iparralde par contre, il ne réussit à monter qu’une seule liste à Biarritz avec un résultat médiocre. Cela constitue une des autres particularités d’Iparralde. Dans tous les cas, il est évident que les abertzale combattrons toujours avec fermeté un projet xénofobe qui discrimine les personnes en fonction de leurs origines culturelles ou confecionnelles.
– Nous défendons un projet de gauche, et nous travaillons en faveur d’un véritable changement politique. La droite et le centre ressortent renforcés : ce n’est pas une résultat dont EH BAI se réjouit. Ce résultat s’explique par différents facteurs, mais en Iparralde comme dans l’Etat français, il est évident que les électeurs ont exprimé leur mécontentement à l’encontre de la politique néo-libérale menée actuellement par le PS au gouvernement. A cela s’ajoute évidemment, le mépris affiché depuis deux ans à l’égard du Pays Basque.
– A cet égard, il convient de commenter la nomination de Valls comme premier ministre. Ce n’est évidemment pas une bonne nouvelle pour le Pays Basque. Valls est d’abord connu pour ses positions libérales, on voit mal comment il pourrait incarner un changement de politique. Par ailleurs, la politique d’expulsion des immigrés qu’il a mené est détestable. Et bien sûr, dans notre cas, il s’est illustré au travers de prises de positions violentes à l’encontre du Pays Basque. Malheureusement, on ne peut que constater qu’Hollande n’a pas entendu le message qui a émané de ce scrutin ; le PS n’a pas compris non plus la requête de changement d’attitude exprimée en Pays Basque.
Dans l’optique de rassembler et d’organiser les forces abertzale de gauche, EH BAI va enclencher dans les semaines à venir un processus de rénovation de son fonctionnement.
– La donne majeure de ces élections a trait au renforcement du projet abertzale de gauche qui s’affirme comme une alternative crédible face à la droite et au centre en Iparralde. En désignant Valls comme premier ministre, Hollande a affirmé configurer un gouvernement “de combat”. Nous aussi, les abertzale de gauche, allons nous mettre en ordre de marche pour capitaliser la nouvelle situation politique.
– Dans l’objectif de rassembler les sensibilités abertzale de gauche de sorte à valider pleinement le potentiel politique mis en exergue à l’occasion de ces élections, EH BAI va entamer un processus de renforcement de ses structures dans les semaines à venir. L’objectif : passer d’une coalition de partis à un véritable mouvement politique pérenne. A cette fin, nous allons redéfinir la structuration et le fonctionnement d’EH BAI. Au delà des partis, ce processus est ouvert à tous les militants de gauche et abertzale, et sera décliné à l’échelle locale dans un maximum d’endroits.