Antone Mattei était « Alisgiaincu », né à Novale dans les années 50, il est décédé hier (19 mars 2014) à l’âge de 63 ans. C’était un militant du FLNC (version 76), d’un engagement militant dans les années 70 tout comme son frère, Dumenicu, il avait rejoint les rangs du Front (dans le commando dit de l’annunziata, quartier de Bastia).
Il a participé à de nombreuses actions du FLNC dont celles retentissantes contre le relais hertzien militaire de « Fort Lacroix » (25 au 26 mars 1977) et celle du relais du Pignu. Pour son appartenance au FLNC il fut condamné lors de son procès à 8 ans de réclusion criminelle par la Cours de sureté de l’Etat (procès historique des 21). Pour cette acte Antone Mattei et six autres membres du FLNC sont poursuivis pour « Trahison » parce qu’ils se sont attaqués à des objectifs militaires.
Dans la première rafle de juin 1978, celle orchestrée quelques jours avant l’arrivée du Président de la république, Valery-Giscard D’estaing, une grande partie des militants Michel Padovani venait d’être père ; les plus « âgés » étaient Yves Stella et Jules Giamarchi. 17 militants étaient issus de la région bastiaise.
La campagne diffamatoire, orchestrée par le préfet Riolacci et largement répercutée dans les médias, tendant à présenter les membres du FLNC comme des étrangers – des Italiens.
Lorsque les noms des détenus furent connus, beaucoup de Corses témoignèrent de leur probité.
Le soutien aux prisonniers s’élargit considérablement au sein de la population. Beaucoup de militants incarcérés étaient des travailleurs, d’autres étaient chômeurs, ce qui n’est pas synonyme de délinquants. Le dénigrement des autorités à l’égard du FLNC passait de plus en plus mal.
1er juin 1978 – « Des armes, des explosifs, des mèches et des tracts ont été saisis au cours de perquisitions. De nombreuses personnes ont été entendues et près de trente interpellations ont été effectuées sur commission rogatoire de la Cour de sûreté de l’Etat, parmi les dix-neuf personnes gardées à vue à Bastia, et dont le transfert à Paris semblait imminent mardi dernier, se trouve Yves Stella. Arrêté le 1er juin, ce conseiller municipal de Morsiglia, village du cap Corse, est présenté comme l’un des leaders du F.l.n.c. par la répression dans les médias »
Vingt-quatre personnes ont été déférées, le mercredi 7 juin 1978, à la Cour de sûreté de l’État.
- François Lorenzi, vingt-sept ans, employé d’une coopérative agricole à Casamozza ;
- Yves Stella, (<–lien ici) trente-cinq ans, agent commercial à Bastia : Paul Anziani, vingt-six ans, manutentionnaire à Bastia;
- Jean-Toussaint Casamatta, vingt-huit ans, comptable à Lucciana ;
- Jean-Toussaint Sisti, vingt-trois ans, comptable à Lucciana ;
- Jean-Baptiste Darnaud, vingt-sept ans, sans profession ;
- Pantaléon Alessandri, vingt-quatre ans, ébéniste à Bastia ;
- Michel Padovani, vingt-neuf ans, comptable à Bastia ;
- Dominique Mattei, trente-deux ans, maçon à Bastia ;
- Antoine Mattei, (<–lien ici) vingt-sept ans, chauffeur à Bastia ;
- Jean Bianchi, vingt et un ans, éducateur à Cardo;
- Mlle Nazarella Morichetti, vingt-trois ans, sans profession, demeurant à Cardo ;
- Jules Giamarchi, trente-sept ans, infirmier à Bastia ;
- Pierre Lorenzi, trente-trois ans, agent commercial à Bastia ;
- Etienne Graziani, vingt-neuf ans, employé de commerce à Bastia ;
- Guy Pancrazi, vingt-six ans, militaire à la base aéronavale d’Aspretto, près d’Ajaccio;
- Vincent Stagnara, (<–lien ici) vingt-huit ans, avocat au barreau de Bastia.
- Antoine Paoli, trente ans, membre de la C.R.S. no 6 de Saint-Laurent-du-Var ; Interpellé à Nice.
- Roger Le Mao, vingt-trois ans, maître d’internat à Nice ; Interpellé à Nice.
- Alain Stuart, vingt-cinq ans, maître d’internat à Nice ; Interpellé à Nice.
- Jean-François Girier, vingt-six ans, enseignant ; Interpellé à Lyon
- Patrick Torre, vingt-huit ans, enseignant ; Interpellé à Lyon
- Jean-Paul Roesch, (<–lien ici) trente et un ans, employé de la Caisse nationale d’assurances vieillesse ; Interpellé à Paris
- Jean-Jacques Mondoloni, quarante-quatre ans, professeur à l’université de Vincennes. Interpellé à Paris
- Léonard « Leo » Battesti, qui avait participé à » visage découvert » à une récente conférence de presse clandestine du F.L.N.C., il est toujours gardé à vue à Bastia et fait l’objet d’une procédure judiciaire particulière.
Ces patriotes pour la plupart se revendiquant du Fronte di Liberazione Naziunale di a Corsica représentent les différentes couches sociales du peuple corse.
Un procès historique suivit cette répression en 1979. Pour son appartenance au FLNC Antoine Mattei a été condamné à 8 ans de réclusion criminelle (<–lien ici) par la Cours de sureté de l’Etat (procès historique des 21).
Après les premières arrestations de militants du FLNC fin des années 70, le premier procès eu lieu en 1979 et donna lieu à la première tribune politique pour le Front. C’est à ce moment là précisément que le FLNC est apparu comme une organisation politique ancrée dans le peuple Corse.
Dans la salle d’audience, deux rangs de gardes mobiles, les familles des patriotes en procès, les journalistes et les curieux. Dans un silence total, les portes s’ouvrent et les premiers patriotes entrent dans la salle… (<–lien ici)
Après les premières arrestations de militants du FLNC fin des années 70, le premier procès eu lieu en 1979 et donna lieu à la première tribune politique pour le Front. C’est à ce moment là précisément que le FLNC est apparu comme une organisation politique ancrée dans le peuple Corse.
Dans la salle d’audience, deux rangs de gardes mobiles, les familles des patriotes en procès, les journalistes et les curieux. Dans un silence total, les portes s’ouvrent et les premiers patriotes entrent dans la salle, Antone Mattei lève sa main libre, ferme le poing et clame d’une voix grave « Evviva a nazione ». A l’énoncé du verdict, les militants du FLNC dans le box, sortent des « Bandere Testa Mora », se lèvent, et entament SUNATE HE LU CORNU.
OPÉRATION FORT LACROIX (source Mémoire d’un franc tireur, indépendantiste corse, Pantaleon Alessandri)
Dans la nuit du 25 au 26 mars 1977, Francis Lorenzi, Paul Anziani, Baty Darnaud, Antoine, Dominique Mattei et Pantaléon Alessandri faisaient parti du commando du FLNC qui allaient dans la nuit plastiquer le relais hertzien de FORT LACROIX, installé au-dessus de Bastia dans un bâtiment datant de 14-18.
Cette fois, c’était directement l’État français que le FLNC visait. Les lieux avaient été surveillés pendant des jours et des nuits. Le commando du FLNC avaient foncés vers le corps de garde pour prendre sans peine les trois militaires. « FLNC, tout va sauter, y a-t-il quelqu’un d’autre que vous dans le bâtiment ? – On a un homme en bas, bafouilla l’un d’eux. Il dort, il s’est foulé la cheville dans la journée et n’est pas rentré chez lui. » L’imprévu était de taille ! le FLNC n’avait compté que trois hommes de garde, la nuit, au fort. Le FLNC a effectivement trouvé le quatrième garde, profondément endormi et bien décidé à le rester. « Debout, FLNC, réveille-toi, tout va sauter. – Ça va, les gars, je suis crevé, laissez-moi dormir. » Se retournant contre le mur, il s’était déjà rendormi ! « FLNC, t’as pas compris ! On n’est pas tes copains. – C’est ça ! Fous-moi la paix. J’ai pas envie de rigoler, je veux dormir. » Je fus obligé de le saisir par l’épaule et de le tirer face à nous tandis que l’un d’entre nous cassait son arme, lui montrait le barillet plein, la refermait et la lui collait sur la tempe. « T’as compris ? »
Une fois les quatre militaires ligotés sous des arbres suffisamment éloignés de l’explosion, le commando a alors activé les charges et il est repartis en empruntant la 4L de l’armée. Le corps de garde, gravement endommagé, dut être rasé, et le pylône du relais, bien qu’encore debout, avait vacillé sur sa base et était hors service. Une partie de la surveillance en Méditerranée n’était plus assurée.
LE RELAIS DU PIGNU (même source)
Avec ses cent dix mètres de haut, le Pigno, planté au-dessus de Bastia, était et est encore le relais TV qui alimente la Haute-Corse. Dans la nuit du 12 au 13 août 1977, quarante kilos d’explosifs furent acheminés pour cette action qui se voulait encore plus spectaculaire et plus efficace que celle de Fort Lacroix. La leçon de Fort Lacroix n’avait pas été oubliée par le FLNC, et ils ont pris soin de poser une charge de dix kilos d’explosifs dans la salle technique, en plus de celle placée sous le pylône.
« Il y eut soudain du remue-ménage au rez-de-chaussée, où un militant était resté en surveillance. Une porte s’ouvrit sur un homme. Nous étions face à face, tous deux armés. Il était solide, il n’avait pas peur, il me prenait juste pour un cambrioleur et était prêt à me tirer dans les jambes.
« FLNC, tout est cerné, pas d’histoire, on n’a rien contre vous, décharge ton arme, ai-je hurlé en devinant que son fusil était chargé à la chevrotine.
– Ah ! Si c’est le FLNC, alors…, et les deux canons de son fusil s’abaissèrent.
– Va dans ta chambre, habille-toi et prends tes affaires. »
Une fois le gardien et sa famille mis à l’abris, le relais est plastiqué, la détonation s’entendra très loin, la revendication du FLNC se fera plus tard lors d’une conférence de presse historique.
À San Martinu di Lota, sous le cimetière, en plein maquis, ils étaient trois sous des cagoules de fortune, Autour d’eux, un périmètre de sécurité extrêmement soigné avec des militants bloquant tous les sentiers et toutes les voies d’accès. Sur la table de la conférence trônait le fameux Petit Livre vert du FLNC. Le Petit Livre vert présenté cette nuit-là fut l’occasion de la première photo d’une conférence clandestine du FLNC. L’attentat du Pigno s’est soldé par trois milliards de dégâts et la Haute-Corse fut privée de télévision pendant plusieurs mois.
Antone Mattei, Era un omu di prima trinca è u so ricordu firmarà sempre in noi
(…)
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Revue de Presse et suite de l’article :
sur Corse Matin, sur Alta Frequenza, sur RCFM, Sur Corsica, Sur le Journal de la Corse, Sur Alcudina, sur Corsica Infurmazione/Unità Naziunale, sur France 3 Corse, Sur Corse Net Info (CNI)
Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]