#corse – « Mela Rocca Serra, le crépuscule des deux ? » par @SAULIUlivieru

Les récents sondages de « Corse Matin » l’annoncent vainqueur. Il y a pourtant des victoires qui sont d’amères défaites. Avec pour principal perdant les porto – vecchiais. Il suffirait d’étudier un tant soi peu les réalités économiques et sociales de la cité du sel pour comprendre que le développement tant affiché est gravement entaché par un taux de chômage dépassant les 10% (un des plus fort taux « national » français) accompagnée d’une précarité exponentielle qui tranche avec la – fausse – image prospère de la ville.

Développement en héritage …

M. Mela évoquait lors de la – tardive – présentation de sa liste ces « cinquante ans de règne, de dynastie et d’oppression ». Il les balayait d’une boutade sauf qu’il reste quand même le symbole d’une politique axée sur la touristification territoriale et la construction de résidences secondaires. Avec pour corollaire la désagrégation progressive de nos potentialités endogènes. Et pour conséquence la mise à mal de notre communauté.

Chacun peut constater que la dépossession foncière frappe fortement notre commune et que la marchandisation des terres affecte gravement la réalité économique de notre région.

Un tel constat – vérifiable – ne peut qu’inciter toutes celles et ceux qui aspirent à une réelle alternative à s’inscrire dans une toute autre logique politique de développement économique et social qui s’appuie – entre autre – sur une complémentarité intelligente des secteurs productifs. Et au profit des porto – vecchiais.

… Et vaine distribution des richesses…

Dans « Paroles de Corse » de juin 2013, Georges Mela affirmait : « Il est essentiel de créer de la richesse pour ensuite mieux la redistribuer ». Malheureusement les chiffres – officiels – contredisent ses propos. La palme du bassin d’emploi ou le nombre de chômeurs de catégorie « A » a le plus augmenté entre avril 2012 et avril 2013 revient à la cité du sel. La hausse avoisine les 30 %. Chez les hommes de moins de 25 ans, la progression atteint 75 %. A la fin 2012 le taux de chômage était de 11.7%. Il est de 10 % en 2013. Compte tenu du poids conséquent de l’activité touristique saisonnière, près de deux jeunes demandeurs d’emplois sur trois passent l’année avec un emploi temporaire, ce qui génère des situations sociales précaires. La précarité, l’exclusion, l’isolement, la perte des repères culturels, la propagation des drogues, la délinquance trouvent un terrain ambiant. Une bien triste réalité que ne pourra jamais dissimuler l’orgueilleuse référence de M. Mela : ce tour de France dont les retombées économiques sont loin d’être mesurées…et encore moins réparties !!!

A l’évidence le constat affiché par U RIACQUISTU DI PORTIVECCHJU, celui d’une économie à deux vitesses au détriment de la plus grande partie de la population (conférence de presse de novembre 2013) est nettement plus crédible que la redistribution affichée par le maire sortant…

… « Personne ne pourra nous séparer »…

M. Mela justifie – publiquement – sa dite « inséparabilité » avec Camille de Rocca – Serra. Si la petite phrase anime un certain microcosme, elle n’est pas de taille à redonner confiance à tous ces porto – vecchiais qui n’ont plus foi dans l’avenir. Même le rôle – périphérique – de Camille de Rocca – Serra, il l’a dit lui-même, « il était à côté » ne pourra contribuer à crédibiliser un bilan municipal marqué du sceau de l’absence d’une véritable politique de logement et d’accès à la propriété, d’absence d’aide incitative à l’emploi, d’absence d’affirmation culturel et linguistique, d’absence de démocratie directe et participative. M. Mela a peut – être « tenu la maison » selon les dires de M. Camille de Rocca Serra mais il a laissé bien des gens dehors, tous ces sans – voix à qui on peut tout promettre le temps d’une élection, mais auxquels on ne pourra pas arracher leur dignité.

La réalité d’une opposition majoritaire

Le maire sortant peut certes s’enorgueillir d’un bilan dont il ressort pour l’essentiel un projet – fortement contesté – de l’extension du port de plaisance et un passage de vélos, il ne peut dissimuler la réalité d’une forte et – majoritaire – opposition sur la commune. Une opposition réellement populaire, qui aspire à un tout autre devenir que celui planifié au travers d’un tout – tourisme avilissant. Une opposition qui –malheureusement – n’échappe pas aux tentations des calculs politiciens, mais qui s’exprime aussi par de nouvelles et saines voies comme celle de U RIACQUISTU DI PORTIVECCHJU, dont l’utilité du vote n’est plus à démontrer.

Une ville reste à construire. Avec tous ses hameaux et sa campagne. Une ville avec toutes ces femmes et ces hommes, ces jeunes et moins jeunes qui aspirent quotidiennement à un mieux vivre, socialement comme culturellement. Un bien commun qui ne saurait se confondre avec la somme de quelques intérêts particuliers, mais qui garantirait plutôt une équitable répartition des richesses. Une ville ou nos valeurs et nos traditions irriguent le progrès. Une ville ou l’identité et l’authenticité sont des référents indélébiles. A l’image de ce proverbe tamoul : « Chaque ville est notre ville natale, chacun est notre parent. »

@SAULIUlivieru

Article publié le 12 Mars 2014, à Lire ci dessous

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