Dans un courrier adressé aux candidats aux élections municipales d’Ajaccio, la Coordination de lutte contre l’exclusion (CLE), interpellent les prétendants sur leur vision de la politique sociale à mettre en oeuvre, en les invitant à remplir un questionnaire.
Voici la réponse intégrale de la liste Aiacciu Cità Nova :
Ajaccio, le 10 mars 2014
A l’attention du Docteur François Pernin
Responsable du CLE
Docteur,
Nous essayons de répondre – de manière non exhaustive -, même si la problématique est complexe et nos compétences spécifiques limitées, au questionnaire du CLE (Comité de liaison contre l’exclusion) concernant le problème majeur de la Précarité.
Notre mouvance a eu le souci constant de la gravité de ce problème puisque, déjà en Novembre 2006, nous avions, avec vous-mêmes et d’autres personnalités et organisations, pris l’initiative, au nom du Collectif contre la précarité, d’organiser les Assises de la Précarité, à l’Université Pasquale Paoli.
Nous y avions invité notamment deux personnalités : le Docteur XAVIER EMMANUELLI sur « la Pauvreté aujourd’hui en France » et le Professeur JACQUES ORSONI sur « la précarité en Corse », le premier explicitant le caractère structurel de la précarité tandis que le second Jacques Orsoni évoquait l’extension de ce fléau qui déstructure la société, la désespère, la menace dans son équilibre.
Par la suite, vous avez poursuivi inlassablement, avec notre modeste concours, le travail de recherche, de sensibilisation et de mobilisation de la société insulaire contre la précarité qui progresse inexorablement dans l’île, en France et dans le monde.
En particulier, le Dr Edmond Simeoni, ancien conseiller territorial, a facilité les contacts et les échanges entre le Collectif et l’Assemblée de Corse pendant la mandature 2004-2010.
Il faut convenir que les méthodes actuelles ne permettent plus de traiter le problème de manière efficace. Vous avez démontré et prouvé que la novation devait s’imposer avec de nouvelles méthodes d’investigation, d’analyse systémique, de management ; vous avez trouvé l’écoute de l’Assemblée de Corse et l’aboutissement de cette patiente démarche se concrétise actuellement avec l’inclusion de la « Charte de la Précarité » dans le Nouveau Padduc, en cours d’élaboration.
Aiacciu Cità Nova – Place des Palmiers 20000 Ajaccio
A) Nous sommes pleinement convaincus que la méthode d’approche doit intégrer l’analyse systémique, en réunissant les différents acteurs médicaux, sociaux rt sanitaires ; la diversité et le mixage des compétences doivent permettre d’espérer des résultats intéressants. Et de créer des sources de compétences, grâce à un maillage social.
Il serait souhaitable de créer une cellule de veille permanente avec tous les acteurs et, après étude, éventuellement un centre opérationnel de ressources et d’observation ; de même, et cela existe déjà en oncologie, il serait pertinent de faciliter les rencontres pluridisciplinaires sur les situations sociales les plus complexes.
B) Vous disposez déjà, avec le CLE des données de base permettant d’établir, avec précision, le diagnostic de la précarité tant au niveau de la ville que de la CAPA.
Il nous semble nécessaire, en premier lieu, de persuader tous les acteurs institutionnels et associatifs de la nécessité d’une analyse prenant en compte les données économiques et sociales ainsi que de la priorité qui doit être accordée au problème de la précarité ; il est structurel et ne peut se limiter à des activités de type caritatif», certes procédant d’un bon sentiment mais d’une efficacité discutable..
On pourrait céder, pour convaincre, du recours à l’expertise que représente le CLE et, au-delà de ses propositions, pour faciliter l’analyse, comprendre la genèse du processus, procéder à l’identification des cibles et améliorer le management.
Nous sommes partisans d’élargir le cercle des projets aux entreprises en plus des associations et des institutionnels. ; plus la société s’implique dans cette problématique et plus elle est efficace.
C) Le CCAS est un acteur important de la mise en œuvre de la politique sociale de la ville. Les orientations semblaient bonnes il y a quelques années mais il nous semble que l’institution a dérivé vers le « maternage social » ; il faut donc procéder à un bilan, à une évaluation de son action, arrêter une nouvelle stratégie plus conforme à la réalité de sa mission sociale ; au-delà de l’instruction nécessaire des demandes d’aide sociale, il doit, l’œil rivé sur les différents indicateurs, « animer une action générale de prévention et de développement en étroite liaison avec les Institutions publiques et privées. »
D) Nous avons lu avec un vif intérêt le projet de PADUCC et en particulier de la « charte contre la précarité du PADUCC, à l’échelle de la CAPA. » ; c’est une démarche essentielle puisque la précarité est désormais institutionnellement placée au cœur du projet de développement insulaire. Nous serions favorable, après une étude sérieuse, à étudier un projet de territoire expérimental – Ajaccio et Capa- (objectifs, composition, missions, coûts…)
E) En fait, dans la cité moderne que nous avons l’ambition de contribuer à construire, la démocratie participative doit être au cœur de l’action publique et notamment de l’action sociale. Les cloisonnements stricts, le clientélisme, doivent progressivement céder la place à la responsabilisation et à l’implication collectives.
La transparence dans le domaine social est une obligation impérieuse car là peuvent se créer des liens de subordination entre les élus et les électeurs, compte tenu des difficultés économiques croissantes et de la précarité. La Casa Cumuna doit devenir une maison de verre, avec des critères objectifs d’attribution de logements sociaux, de subventions, de bons alimentaires, de promotions, de recrutements… Le fonctionnement doit avoir un unique soubassement : la démocratie et l’équité.
F) Nous pourrions énumérer les partenariats institutionnels mais l’exercice relèverait davantage de la démagogie que d’un engagement raisonné. Nous savons par expérience qu’il faudra une action soutenue, pédagogique, étayée par la formation spécifique de certains intervenants, pour construire des liens durables et opérationnels avec le Conseil Général, la CAPA, la CTC, l’Etat et l’Europe.
G) Chacun est conscient que les Collectivités locales ont des ressources en diminution constante, qu’elles doivent assumer mieux leurs missions avec moins de moyens ; de ce fait, toutes les recherches de synergie, de partenariats, de mutualisation, de rationalisation, de gestion rigoureuse acquièrent une importance majeure ; par ailleurs, il faudra mener une politique de participation des entreprises privées à l’action sociale (mécénat et initiatives, défiscalisation…) afin d’abonder les ressources mais plus encore pour homogénéiser le corps social.
Les priorités :
Ø Action en faveur du logement social
En matière de logement, nous nous engageons à réaliser 300 logements sociaux par an pour les besoins des familles mais aussi des jeunes, des familles monoparentales dont la proportion ne cesse d’augmenter. Leur attribution s’effectuera en toute transparence et au bénéfice de la population ajaccienne. En matière d’accueil d’urgence (de jour ou de nuit), nous nous impliquerons dans l’aide aux centres d’hébergement et de réinsertion sociale, résidences sociales, qui sont des parties de réponse à apporter à la question du logement des personnes les plus défavorisées. Aussi nous mettrons en place une commission extra municipale ouverte à tous les acteurs, notamment les bénévoles, de la solidarité sociale. Les moyens du Centre Communal d’Action Sociale seront renforcés afin d’améliorer le quotidien et faire face aux difficultés de la vie. La précarité urbaine est une réalité dans les quartiers jugés prioritaires dont certains présentent des phénomènes de surreprésentation de cette précarité. Nous mettrons en place dans les quartiers, des relais de solidarités au sein desquels des professionnels référents seront là pour accueillir, écouter, orienter et si nécessaire accompagner dans leurs démarches les personnes en difficulté : les seniors, les personnes atteintes d’un handicap et les personnes en situation de grande précarité. Nous voulons permettre aux personnes les plus vulnérables de prendre leur place dans la vie sociale. Ainsi, nous allons travailler avec les acteurs de l’économie sociale et solidaire en matière d’hébergement et de services adaptés à la prise en charge de la dépendance et au maintien à domicile.
Nous créerons un guichet social et unique est utile et possible ; de même, pour la création de Maisons de service public.
Ø Action en faveur du handicap
Le respect des droits des personnes handicapées est au cœur de nos préoccupations. Nous ne pouvons nous satisfaire du retard pris dans les aménagements et accès des voies publiques et privées dans notre cité. Ce problème se pose depuis des décennies et nous sommes décidé à prendre des initiatives sans délai.
· Logement
Un effort particulier, sous forme d’aides financière et technique sera porté sur la rénovation et l’aménagement destinés à des personnes à mobilité réduite
· Aménagement des trottoirs et toilettes publiques
Les trottoirs d’Aiacciu sont parsemés d’obstacles. Cette situation n’a que trop duré. Les services de voiries auront pour mission d’accélérer la réalisation d’accès (bateaux) et de passage adaptés et visuellement détectables. Nous installerons des toilettes adaptées dans tous les quartiers
· Installations sportives et accès aux plages
Les installations sportives et balnéaires bénéficieront d’aménagements qui permettront l’accès aux personnes handicapées.
Ø Renforcer le lien social
Le lien social se délite sous les effets conjugués des difficultés économiques, des égoïsmes, de la perte des repères moraux puis de la précarité qui sont, à des titres différents, la source inépuisable de la déshérence sociale, des addictions, des violences. Outre la prévention et le traitement spécifique de ces différents maux, on doit soigner la société dans son ensemble par la démocratie surtout, la responsabilisation du corps social, la justice, la réhabilitation des valeurs éthiques et surtout une solidarité omniprésente qui ne repose ni sur l’aliénation, ni sur l’assistance, si sur la compassion mais sur la prise en charge affective et effective de la société et des ses dysfonctionnements, avec la volonté affirmée et soutenue, sinon d’y remédier, du moins d’en minorer les effets ;
Pour Aiacciu, Cità Nova, la cohésion sociale implique l’existence d’un peuple solidaire et désireux d’œuvrer ensemble à la réalisation d’un but commun. La culture et l’identité sont porteurs de liens et contribuent au renforcement de la cohésion sociale. Ils favorisent l’intégration des individus, leur participation à un réseau de relations sociales qui confère, à titre individuel et collectif une identité sociale et culturelle.
José FILIPPI
(…)
CorsicaInfurmazione.org by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]