#corse – Ukraine : Un défi pour l’Union Européenne par @F_Alfonsi

La débandade du pouvoir ukrainien face au soulèvement populaire de la place Maïdan à Kiev crée une situation chaotique en Ukraine. L’alternative politique n’est pas en place, les finances publiques sont tenues à bout de bras par les aides internationales dont la principale, venue de Russie, est suspendue sine die, et le fossé n’a jamais été aussi profond entre russophones russophiles à l’est, et ukrainophones europhiles dans la capitale Kiev et dans tout l’ouest du pays.

Ce fossé entre les deux Ukraine est un fait historique ancien. Et il ressurgit avec force au lendemain de la victoire des protestations de Kiev engagées en réaction à l’arrêt de la coopération avec l’Union Européenne décidée par le Président Ianoukovitch sous la pression de la Russie de Vladimir Poutine.

Tout au long de son histoire, l’Ukraine a été partagée par l’occupation de puissances étrangères, la période la plus longue ayant séparé un « ouest » sous domination austro-hongroise, au sein duquel le fait national ukrainien a été admis et la langue ukrainienne maintenue, et un « est » sous domination russe, avec à la clef une russification imposée de la société, tant sous les tsars qu’au sein de l’Union soviétique. Entre-temps, au tournant de la première guerre mondiale, l’Ukraine a connu durant quelques années une éphémère indépendance qui est le socle historique du pays. Mais sa société est culturellement, politiquement et économiquement divisée, et ce sont ces divisions qui sont aujourd’hui plus profondes que jamais.

Cependant la victoire du camp pro-européen est nette, et elle est considérablement renforcée par la mise à jour de la corruption forcenée à laquelle le président sortant Ianoukovitch s’est adonné durant toutes ces années. Palais somptuaires, perception directe de pots-de-vin pharamineux sur toutes les importations du pays, mise en coupe réglée de toute l’économie malgré les difficultés du peuple ukrainien : le satrape au pouvoir est rattrapé par l’étalage de sa cupidité, et il ne fait plus aucun doute sur son écrasante responsabilité dans l’état de décrépitude que connaît le pays. L’ordre donné de tirer à balles réelles sur la foule de ses opposants lui promet par ailleurs un bien difficile parcours judiciaire, y compris devant le tribunal pénal international. Son lâchage est total, y compris par Moscou qui est éclaboussée par le scandale des turpitudes de celui qu’elle avait soutenu jusqu’à présent.

Cela prive « l’autre Ukraine » d’un leader naturel pour s’opposer à la montée en puissance des forces politiques révolutionnaires de la place Maïdan. Encore faudra-t-il que, parmi elles, des leaders crédibles s’imposent, et c’est là un bien difficile défi. L’échec de la révolution orange de 2004 est dans tous les esprits et l’image la plus connue, celle de Ioula Timoshenko, ancienne première ministre, a été ternie par cet échec malgré les années de prison endurées sous Ianoukovitch.

De toutes façons, le basculement tout-européen de l’Ukraine rencontrerait de grandes résistances. Celles d’abord des populations de l’est russophone, qui manifestent déjà contre les « révolutionnaires » de Kiev. Leur économie est totalement interdépendante avec celle de la Russie, et ils n’ont aucune solution de rechange, sans compter que leurs sentiments russophiles sont anciens et de nature historique. Il y a aussi l’opposition frontale de la Russie à ce schéma qui la priverait d’une zone d’influence économique, et qui, surtout, menacerait des implantations militaires et stratégiques capitales dans la Mer Noire, particulièrement en Crimée.

Quel équilibre géo-politique imaginer pour ce pays en forme de trait d’union, géographique et politique, entre l’Union Européenne et la Russie ? Jamais la capacité diplomatique collective de l’Europe n’a été confrontée à un tel défi, et cela devient même un enjeu politique fort en Europe, dont l’issue fera que les citoyens accorderont -ou pas- davantage de confiance aux structures institutionnelles de l’Union Européenne.

Eviter que la crise ukrainienne ne dégénère en un conflit total avec le voisin russe, tout en donnant satisfaction aux revendications de ceux qui, surtout dans « l’ouest » europhile, ne se laisseront pas voler leur victoire sur un régime ultra-corrompu, tout en ménageant l’autre partie de l’Ukraine qui a tourné le dos à ces événements, la feuille de route ukrainienne est complexe à établir pour l’Union Européenne. Mais, pour la première fois depuis que le Traité de Lisbonne a institué un Service d’Action Extérieure, elle est amenée à agir en tant qu’Union Européenne et non en tant qu’un empilement d’Etats-membres, sur une question essentielle pour son avenir. Pour l’Ukraine, les mois à venir sont cruciaux, et pour l’Union Européenne le test politique sera d’une importance capitale.

François ALFONSI

article publié le 25 février 2014, à lire ci dessous

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FRANCOIS ALFONSI

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