Depuis trente ans, les Ghjurnate internaziunale de Corte rythment la vie politique insulaire. Trois décennies de meetings ovationnés avec la même ardeur par une foule qui s’est réduite au fil des ans. Dans le local du bar Sulidarità, à Ajaccio, où était organisée hier la présentation de cette 31è édition, la plupart des militants présents assistaient en 1981 aux premières rencontres du mouvement national. Trente années plus tard, le chemin parcouru est jugé par les responsables de Corsica Libera à l’aune des récentes prises de positions des élus régionaux. Les revendications de jadis se sont transposées du chapiteau de Corte à l’hémicycle de l’Assemblée territoriale à Ajaccio. « Lorsqu’on voit les travaux de l’Assemblée de Corse, on a l’impression de lire les différents chapitres de notre projet politique », sourit Jean-Guy Talamoni.
« Succès relatifs »
Il y a d’abord eu l’an dernier l’unanimité des élus territoriaux sur le rapprochement des détenus corses incarcérés sur le continent. Un front commun qui, après deux déplacements à la Chancellerie, s’est concrétisé par le transfèrement de quelques prisonniers à Borgo. Puis la nouvelle mandature a affiché sa volonté de répondre à la spéculation immobilière et au sentiment de dépossession de la terre, thèmes dénoncés par les nationalistes depuis de longues années et repris par tous les partis politiques lors des élections régionales de 2010.
Les Assises du foncier lancées en septembre dernier ont débouché sur une politique foncière ambitieuse où apparaît, à la fiche 27, la notion de citoyenneté corse associée à la résidence. Ce principe ne fait certes pas l’unanimité parmi les élus et doit faire l’objet d’une étude minutieuse, mais il a investi le débat politique.
Enfin, l’officialité de la langue corse a recueilli 36 voix favorables lors de la dernière session de l’Assemblée territoriale, contre 19 il y a deux ans. « Sur des dossiers que Corsica Libera porte, la classe politique est obligée de prendre acte du fait que ces questions, ces revendications sont majoritaires au sein du peuple corse », note Jean-Guy Talamoni. Des « succès relatifs » qui sont l’aboutissement d’une « stratégie globale » reposant sur une « lutte institutionnelle et une lutte de masse ». Ces deux pendants du nationalisme corse sont « complémentaires », estiment les militants de Corsica Libera.
Objectif commun pour 2014
Trente ans, c’est un peu l’âge de la maturité. Corsica Libera a bien compris qu’il fallait rompre avec l’incohérence et impulser une véritable cohésion entre les personnes défendant des idées similaires. « Le mouvement national n’a pas été lui-même en situation d’appliquer les idées qu’il a apportées, reconnaît Paul Medurio. Or, l’enjeu pour 2012 et 2014, c’est effectivement d’arriver aux commandes pour mettre en pratique directement les idées que nous proposons ». Les indépendantistes ont donc pour ambition d’organiser les courants nationalistes et leur donner ainsi toutes les chances d’accéder aux responsabilités en 2014.
Le traditionnel débat du dimanche après-midi porte cette année sur « une solution politique et une alternative nationaliste ». Des élus du mouvement national dans sa globalité ont été conviés pour participer à ce moment d’échanges. Les nationalistes dits modérés, qui n’assistaient plus aux Ghjurnate internaziunale depuis la scission de 2008 sont désormais les bienvenus sous le chapiteau cortenais. L’objectif est de définir ensemble une stratégie commune : « la priorité est que les nationalistes parlent d’une seule voix », insiste Jean-Guy Talamoni. Mais il n’est pas question pour autant de répéter les erreurs du passé et de fusionner. Il s’agit de dessiner « une configuration où on identifie l’idée nationale indépendantiste et l’idée autonomiste », précise le conseiller territorial.
Corsica Libera entend ainsi lutter contre « la tentation de certains courants politique de faire du nationalisme sans les nationalistes » et de s’approprier leurs revendications en les vidant de leur contenu. « Le mouvement national a une très importante représentativité, prévient Noël Sargentini. Dans sa globalité, dans sa diversité, il doit prendre ses responsabilités et c’est ce que nous proposons aux autres forces nationalistes. Nous ne pouvons plus rester dans la configuration dans laquelle nous sommes aujourd’hui ». Une proposition d’union qui s’adresse également aux forces politiques qui n’appartiennent pas au courant nationaliste mais qui ont la volonté de faire avancer la Corse. Car l’objectif premier reste « la prise du pouvoir dans ce pays, et rien d’autre », conclut-il.
Murielle kasprzak
http://www.corsematin.com/article/ajaccio/ghjurnate-internaziunali-di-corti-linvitation-faite-aux-moderes
Programme et Affiche 2011 – Ghjurnate Internaziunale di Corti : 1981 – 2011 « Trent’Anni », 5, 6 è 7 d’Aostu
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