La culture corse est une infime partie de la culture universelle mais précieuse comme toute fraction indispensable d’une entité indissociable et hétérogène. Opposer l’une à l’autre est dépourvu de sens et de logique : comment se détacher de la matrice nourricière sans se dessécher, sans se tarir ?
Peut-on citer une seule culture qui ait prospéré dans l’isolement, sans métissage, sans emprunts, coupée du monde qui l’environne ? Par opposition, on ne compte plus les cultures qui ont disparu par acculturation, englouties par des cultures dominantes qui sont l’apanage des hégémonies, surtout à visée économique.
L’interaction est patente et la voie salvatrice est de développer toutes les cultures, se nourrissant réciproquement de leurs échanges. La mobilisation nécessaire de la culture corse est une double exigence compte tenu de la gravité de son état et des menaces graves qui pèsent sur elle :
*nécessité de contester l’absence de lisibilité des subventions, les incertitudes financières…Mais la marge de progression est faible compte tenu des difficultés économiques, du tarissement continu des aides locales et étatiques.
* Nécessité de prendre en compte l’existence du peuple corse, sur sa terre, son patrimoine, bâti et naturel, sa mémoire, son développement, son identité et sa langue ; elle ne se fera pas contre les autres cultures du monde et notamment contre celles avec lesquelles nous cohabitons en Corse ; elle se fera avec elles, dans une synergie harmonieuse, d’intérêt mutuel. Mais, sans la maîtrise intégrale du circuit culturel, sans le pouvoir politique qui permettrait d’en assurer la progression, de fixer les priorités, le bénéfice serait limité.
Les Corses –d’origine ou d’adoption- qu’ils vivent ici ou dans la diaspora, savent, de manière rationnelle ou instinctive, que leur culture originale irrigue et vivifie leur corps, qu’elle est menacée à cour terme par une politique qui n’admet pas son existence, veut la noyer à travers des transferts, massifs, continus et programmés de population ; une politique qui pour réussir a le besoin impératif de nous priver de notre socle vital – la terre-, de notre micro-civilisation, de nos valeurs, de notre substance humaine. Cette politique est à l’œuvre depuis la romanisation, puis, ensuite, par la tutelle génoise et enfin française.
Malgré la disproportion des forces en présence, la Corse a résisté à toutes les tentatives séculaires de colonisation, par les armes, par l’obstination, les manifestations arc-boutées contre la main mise extérieure ; mais surtout par sa culture qui est le fondement principal de son identité, qui a été la base de sa politique d’intégration des non-corses, assise sur le droit du sol et non pas du sang.
Comment ne pas voir aujourd’hui que notre système culturel est menacé, certes par l’évolution du monde, par l’intensité des migrations économiques mais aussi par la volonté hégémonique du monde culturel anglo-saxon ? comme sont menacés la Méditerranée – notre berceau naturel-, l’Europe et aussi le reste du monde ; mais la principale menace vient de l’Etat français qui poursuit, contre vents et marées et contre la volonté d’une large majorité du peuple corse, une politique de négation de nôtre identité collective et d’éradication de notre peuple.
Le refus, notamment, d‘un système dérogatoire – Acquis historiques des Arrêtés Miot-, de la co-officialité de la langue, de l’autonomie fiscale, de la réforme indispensable de la Constitution française, sans laquelle aucune réforme d’envergure n’est possible ; le refus d’un statut politique d’émancipation nationale, s’inscrivent dans cette volonté de déni historique de nos droits ; ils sont refusés sans débat- sauf le grossier simulacre actuel-, au mépris de la volonté populaire, de la démocratie, des usages internationaux en la matière.
La culture corse, par son témoignage du refus de l’enfermement insulaire, par son enracinement populaire, par le « Riacquistu » qui, il ya quarante ans, a ravivé la flamme vacillante de la résistance et de la création, est le socle sur lequel le peuple corse reconnait son dénominateur commun et exige son respect ; la diversité de ses convictions politiques et de ses composantes, – associations, institutions etc-, la richesse des ses talents, la force considérable de sa légitimité, l’appartenance, reconnue à la mouvance culturelle internationale, a vocation à porter ici et partout ailleurs – Onu, Unesco, Union Européenne- une exigence de justice, d’identité nourrie aux sources de l’humanisme, une soif du Droit, sans aucune outrance ni violence.
Je pense que le mouvement culturel, dans globalité, devrait prendre l’initiative, à l’heure où va se jouer le destin de notre terre et de son peuple, de réunir, après les élections municipales de Mars 2013 afin de n’encourir aucune suspicion, toutes ses forces dans des Assises populaires de la Culture, à l’Università Pasquale Paoli ; afin, sans leadership de quiconque et à partir d’un ordre du jour, rédigé en commun, de procéder à une analyse, de définir une stratégie, de fixer un calendrier. Le retentissement serait immense et l’espoir probablement contagieux dans l’île ; la voie de l’émancipation ne pourrait plus être refusée par quiconque parce quelle serait adossée au Droit, à l’Histoire et enracinée dans le consensus populaire.
(…)
CorsicaInfurmazione.org by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
Alta FrequenzaCorsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]