Ce matin Corsica Libera a tenu une conférence de presse en vue des municipales qui se tiendront sur Bastia en mars prochain. La liste conduite par le Dr Eric Simoni, Un Alba Nova Per Bastia, a exposé ses propositions au sujet du projet du Port de la Carbonite.
« Depuis toujours, nous nous opposons au projet de port de commerce sur le site de la Carbonite , qui a été privilégié coûte que coûte par la majorité municipale sortante au détriment d’une alternative autrement plus crédible et pertinente pour le développement de la ville de Bastia.
Le port de la Carbonite ne répond à aucun besoin réel, en terme de développement durable, bien au contraire.
Le port de la Carbonite c’est:
– Un débat truqué en 2007, où l’on n’a tenu aucun compte des oppositions nombreuses et argumentées, où l’on a préétabli un cadre de travail tendancieux pour les experts, véritable escroquerie intellectuelle qui a permis de présenter ce projet fumeux comme le seul possible. Ce qui est un mensonge.
– La reprise de ce mensonge dans de vrais faux rapports officiels (rapport du CNPN du 20/12/2012) ouvrant la porte à une scandaleuse dérogation qui conduira à la destruction de 70 hectares d’herbiers de posidonies. Lorsqu’on connaît la rareté et la valeur économique de ces herbiers (100 fois supérieure à celle d’une prairie terrestre selon des économistes internationalement reconnus), lorsqu’on sait de plus que ces herbiers donnent sa couleur bleue à l’eau de mer, on s’aperçoit qu’à une catastrophe écologique s’ajoute un mauvais coup portéà l’économie corse. De plus, le non respect de la Directive Cadre sur l’Eau, texte majeur qui structure la politique de l’eau dans les Etats membres de l’Union Européenne, nous mettra au ban de l’Europe, avec, là aussi, des conséquences économiques difficiles à évaluer à l’heure actuelle.
– La destruction de la plage de l’Arinella, dernière plage qui reste aux Bastiais, et dont l’aménagement devrait, au contraire, être une priorité, tant pour le bien-être des habitants que pour sa valeur touristique, et donc économique. Les Bastiais des quartiers Sud seront les premiers lésés parcette atteinte inacceptable à leur cadre de vie.
– Le saccage d’un site magnifique qui est attractif y compris pour les plaisanciers, lesquels fuiront dès lors la destination bastiaise. Lier la création de ce port de commerce au réaménagement du port actuel pour la plaisance ne tient donc pas debout. Le caractère répulsif du projet sonnera définitivement le glas du commerce de proximité du centre ville.
– Une menace permanente sur le lido de la Marana et l’étang de Biguglia, du fait de l’interruption des courants marins par une digue “plein Est” de 500 mètres.
– Le cheval de Troie du tout-tourisme de masse, hyper saisonnier, destructeur de notre environnement naturel et culturel, sans aucune retombée pérenne en terme de développement, en totale contradiction avec les intentions affichées par ailleurs (projet de parc marin, Aires Maritimes Protégées,…). Ces dernières sont présentées par certains comme des “mesures de compensation”, alors qu’elles doivent être des orientations nécessaires pour un vrai développement. De plus, ces mesures ne seront, en aucun cas, susceptibles de rattraper les conséquences catastrophiques de ce funeste projet.
Ici encore, tout n’est que mensonges et faux semblants. Enfin, construire une telle infrastructure pour seulement absorber une pointe de trafic de passagers qui partent de Bastia, pour se diriger vers la Balagna ou Portivechju (où des aménagements portuaires sont par ailleurs déjà prévus pour eux), est une aberration. Cela n’aboutira qu’à encombrer un peu plus les routes corses en été, sans aucune retombée économique pour Bastia.
– Un coût exorbitant, qui s’élevait déjà, au moment des débats, à environ 250 millions d’euros. Un mensonge de plus pour rendre le projet comparable à d’autres. On sait, aujourd’hui, que le coût final se situera entre 500 millions et un milliard d’euros! Dans ces conditions, seul un opérateur privé pourra financer l’opération,et, en contrepartie, en deviendra concessionnaire pour les 50 ans à venir.
– La main mise d’un consortium du type Veolia, Bouygues ou Vinci sur un secteur vital de l’économie corse. Les risques de faillite, de changement de stratégie ou d’actionnaires, et, par voie de conséquence, d’abandon pur et simple du port sont ici bien réels. S’y ajoute,dans tous les cas, une gestion qui privilégiera, une fois de plus, et pour très longtemps, des intérêts étrangers à la Corse et aux corses. Ce que nous avons connu avec les déboires de la SNCM risque de nous apparaître comme une douce plaisanterie à côté de ce qu’on nous prépare. Ici ce n’est pas d’une Compagnie, mais de toute l’infrastructure portuaire, qu’il s’agit.
– Un coût social lourd, avec, dans les conditions qu’on vient de définir, une aggravation de la saisonnalité et de la précarité des emplois, du travail dissimulé, de l’absence de perspectives de carrière.
– La mise en évidence de l’aveuglement de l’équipe Zuccarelli qui finance, à grands frais, et à coups de rallonges dont on ne voit plus les limites, un projet de “voie douce” qui aboutirait, in fine… sur le port de commerce de la Carbonite et le quai de transfert des ordures!
Incohérence, conséquences désastreuses sur le plan environnemental et social pour les Bastiais, non sens économique, orientations négatives et sans doute catastrophiques de la politique touristique et des transports pour toute la Corse, voilà ce que représente le projet de la Carbonite.
Voilà pourquoi nous sommes si déterminés à le combattre, même si, aujourd’hui, nous sommes les seuls à nous être positionnés sans aucune ambiguïté à ce sujet.
C’est sans doute aussi parce que nous avons la solution.
Nous portons le projet alternatif qu’il faut à Bastia et aux Bastiais.
L’alternative: le projet d’Un’alba nova per Bastia
Un projet alternatif autrement plus pertinent existe. Il ne s’agit pas, bien sûr, du projet “concurrent” présenté lors du “débat” de 2007, véritable faire valoir, difficilement réalisable, du projet de la Carbonite.
Il s’agit d’un projet sérieux, nettement moins coûteux , qui prolonge certaines propositions déjà votées et financées par la CTC. Ce projet pourra, quant à lui, être financé par des fonds publics, et garantir une gestion conforme aux intérêts de la Corse.
Une extension de parking de 3 ha permettra de doubler la surface actuelle.
Le dragage du bassin, la démolition d’un tenon, la construction d’un quai pour les navires de croisières, l’aménagement du quai des martyrs pour la grande plaisance, répondront amplement aux nouvelles nécessités d’accueil, y compris pour des bateaux de 200 m.
Prolonger de 250 m la jetée actuelle en Sud-Est permettra de protéger le vieux port, d’augmenter sa capacité d’accueil de 300 anneaux, et d’offrir de bonnes conditions de travail aux pêcheurs.
De plus, les aménagements préconisés pourront être réalisés par des entreprises locales, qui ne verront pas le projet leur échapper, et ne risqueront pas d’être destinées, comme cela semble prévu, à jouer, au mieux, un rôle de sous traitance. Les emplois induits seront là aussi au rendez-vous, mais dans des conditions plus sûres sur le plan social.
Les enjeux de l’interface ville-port sont énormes. Garder les ports au coeur de la ville représente un atout considérable pour l’économie, et notamment le commerce, à condition , bien sûr, d’avoir un projet globalement cohérent, notamment en terme de circulation.
Par ailleurs, l’organisation d’un mouillage forain dans l’anse de Ficaghjola pourrait être envisagée, si besoin, pour absorber une éventuelle pointe estivale de plaisanciers.
Au total, notre projet alternatif présente des avantages incomparables:
Coût moindre (entre 300 et 500 millions d’euros d’économies selon les toutes premières estimations).
Préservation des intérêts de la Corse et des corses dans le domaine des transports maritimes.
Préservation de l’environnement et des richesses naturelles, véritables atouts économiques de Bastia.
Attractivité renforcée de Bastia, pour y fixer l’activité économique, et faire venir des touristes (plaisanciers entre autres).
Cohérence et adéquation avec un projet pour la ville, qui permettra de réaménager le site de l’Arinella, avec des conséquences positives dans tous les domaines ( bien être des habitants, tourisme, stationnement et circulation).
L’heure est à des choix clairs, qui engagent le présent et l’avenir des Bastiais. L’alternative existe. Et il est urgent de ne pas se tromper.
(…)
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