« Développement, Relations sociales, Corsisation des emplois et Langue #corse »

« Quelques pistes de réflexion à approfondir sur les évolutions depuis les années 80 

Si au début des années de contestation (60-70) on pouvait parler de non-développement de l’île, de désert économique, on pouvait invoquer néanmoins, de façon paradoxale, une jeunesse qui, aspirant à revenir ou à ne pas quitter l’île, arrivait relativement facilement à trouver un emploi en Corse.

Au plan économique, l’île était tributaire des circuits administratifs où beaucoup de jeunes pouvaient trouver un emploi. La corsisation, hormis une partie de ces emplois réservés à des cadres venus de l’extérieur, était effective. Dans le privé, qui vivotait, une vingtaine de « grandes familles corses » (héritières de possédants de patrimoines crées depuis plusieurs générations) se partageaient le marché et de facto, préféraient appliquer une certaine corsisation des emplois, tant les réseaux familiaux et amicaux étaient omniprésents dans l’île. Le paternalisme, (pas toujours négatif, même si des situations d’exploitation éhontée existaient) régnait sur les relations salariés-patrons corses d’alors, tant les patrons corses d’alors étaient proches des préoccupations de leurs employés qu’ils connaissaient ainsi que leurs familles depuis nombre d’années.

Une nouvelle économie

Avec les années 80 et l’intrusion d’une nouvelle économie, basée sur le tourisme et le tertiaire, quelques familles de nouveaux riches corses se sont ajoutées aux propriétaires patrimoniaux existants, avec lesquels pour s’adapter et faire fructifier leurs patrimoines, ils se rapprochaient des circuits et sociétés commerciales ou financières extérieures ou internationales, devenant même pour certains leurs prête-noms ou hommes de paille, tandis que de plus en plus de gens venus de l’extérieur s’inséraient dans les nouveaux circuits économiques issus de la politique du tout-tourisme (agro-alimentaire, transports, circuits hôteliers, immobilier, commerce…) ou du tertiaire.

Une nouvelle gestion des ressources humaines

Les relations salariés-patronat ont alors évolué, et si le paternalisme disparaissait de plus en plus, il allait être remplacé par une gestion des emplois et des salariés de type « capitaliste », surtout par les nouveaux « jeunes » entrepreneurs ou patrons qui, sacrifiant les relations sociales humaines, allaient privilégier un management de tout autre type, où la compétitivité et la recherche de résultats à tout prix étaient érigés en règle de fonctionnement et de gestion des ressources humaines.

C’est ainsi que malgré la petitesse de nombre de nos entreprises (une dizaine de salariés en moyenne) la plupart de celles-ci, sans doute rêvant aux entreprises du CAC 40, iront jusqu’à implanter le MEDEF, alors que l’on sait que les entreprises de ce réseau d’entrepreneurs emploie en moyenne des centaines de salariés.. C’en était fini des petits syndicats d’artisans, de commerçants ou d’entrepreneurs que nous connaissions dans l’île durant les années 70-80, lesquels d’ailleurs proches des revendications régionalistes puis autonomistes appliquaient de facto, par un consensus naturel, la corsisation des emplois, préférant embaucher de jeunes Corses en priorité.

Un nouveau patronat et de nouvelles pratiques peu sociales

Le nouveau patron corse des années 80-90, dans une nouvelle économie en Corse, qui désormais existait, même si on peut ne pas être d’accord avec le type de développement actuel imposé à l’île, s’inspirait désormais des méthodes de management pratiquées ailleurs, dont les maîtres-mots étaient compétitivité et rentabilité à tout prix, même si les salariés, désormais malléables et corvéables à merci, étaient laissés pour compte. C’en était fini des relations humaines au sein des entreprises. D’autant que nombre de ces entreprises au fil du temps étaient créées ou reprises par des personnes venues de l’extérieur (voir les listes des Chambres de commerce ou autres instituts consulaires), sans aucun lien ni avec la Corse, ni avec la culture, ni avec la langue, qui elles n’avaient aucun état d’âme.

La corsisation des emplois, une chimère ?

C’est ainsi que la « discrimination positive » au profit des salariés corse, acceptée et pratiquée naturellement jusqu’aux années 80 par les patrons corses, a été peu à peu abandonnée par le patronat de corse au profit d’une recherche à tout prix de rentabilité et de bénéfices, sans s’inquiéter des dégâts sociaux au sein de nombre de familles corses. Et c’est ainsi qu’une autre règle s’est de facto imposée, les Corses n’ont plus aucune priorité et même de façon plus ou moins officielle, beaucoup préfèreront embaucher des personnes venues de l’extérieur plutôt que des jeunes (ou moins jeunes) corses, réputés plus rétifs à certaines méthodes de management dignes des grandes multinationales.

L’exemple le plus flagrant peut se voir en matière de formation professionnelle dans le secteur hôtelier ou touristique en général : alors que nombre de formations sont diligentées dans nombre de localités de l’île (Lycées, formations AFPA ou autres…) On trouve peu d’emplois pour les jeunes qui en sortent munis d’un diplôme. On peut se demander à quoi servent ces formations et que deviennent ces jeunes pourtant formés ?

Régression sociale : Vous avez dit, lutte des classes ?

Le nouveau patronat ayant de facto des pratiques renvoyant à des méthodes d’exploitation faisant trop penser à la réalité d’une lutte de classes au détriment de nombre de salariés, et que les conflits sociaux, dont beaucoup souvent nés simplement du non-respect de la législation sociale ou du code du travail, vont se multiplier, y compris au sein des administrations de plus en plus décorsisées, alors qu’elles devraient donner l’exemple en matière d’application du droit du travail.

Ainsi, nombre d’entreprises de Corse sont gérées aujourd’hui par des « technocrates » souvent venus d’ailleurs et recrutés pour leurs qualités en matière de « gestion des hommes », appliquant les mêmes règles défavorables aux salariés en général et aux salariés corses en particulier, car voulant à tout prix appliquer les mêmes modes de gestion et de management que les grandes entreprises du CAC 40, adhérentes du MEDEF gérant pourtant, elles, des centaines de salariés.

Les éternels débats sur le développement de l’île

C’est ainsi aussi que de grands penseurs ou de grands décideurs nous embrouillent les esprits en permanence sur les solutions économiques à appliquer dans l’île (en matière de formation, d’emploi ou autre) comme si nous traitions d‘un continent, alors que nous sommes 300000 hab., tout juste au même niveau qu’un petit quartier de Marseille.

Mais peut-être tout simplement une réflexion plus réaliste et moins prétentieuse pourrait nous laisser entrevoir les clés d’un développement économique plus harmonieux et plus judicieux, dès lors que les intérêts des entreprises et des salariés seraient plus complémentaires, et que les bénéfices des nouveaux patrons ne seraient pas tout à fait incompatibles avec une plus grande justice sociale et une meilleure répartition des richesses et des bénéfices entre la majorité des habitants de l’île ?

Corsisation des emplois et langue corse

Pour revenir plus particulièrement au problème de l’emploi pour les Corses, un sujet qui dans les faits ne semble plus trop le souci premier de nombre de ces entreprises « modernes et compétitives », ne pourrions-nous pas par exemple, demander, surtout nous les nationalistes,

– à tous ces patrons ou nouveaux entrepreneurs, dont certains se plaisent à dire qu’ils sont proches de nos idées et qu’ils les soutiennent, d’embaucher en priorité des corses qui parlent corse

– A nos institutions, – sans attendre éternellement, une ratification des langues minoritaires par la France, qui si elle est nécessaire-, n’est sûrement pas suffisante pour sauver notre langue, de créer comme au Pays basque, un certificat de langue corse d’un certain niveau qui permettrait aux employeurs d’appliquer de facto, une « discrimination positive » en faveur de nos salariés ou demandeurs d’emplois corses . Au vu du nombre d’associations, d’entreprises, de structures économiques, d’institutions qui se gargarisent de signer des conventions sur la langue corse avec la Collectivité territoriale, cela devrait être relativement faisable et rapidement.

– A nos instituts consulaires (CCI, Chambres des métiers ou d’agriculture) de favoriser la corsisation des noms d’entreprises en tous genres qui se créent, (car il y a de moins en moins de noms de commerces ou autres en Corse), de favoriser des formations pour les salariés des circuits commerciaux ou artisanaux leur permettant de connaître un minimum de noms de produits corses qu’ils sont appelés à commercialiser, et d’organiser des campagnes d’information auprès de leurs clients en les informant qu’il est possible de parler corse dans leurs entreprises ou leurs commerces..

– La liste de ces actions est loin d’être exhaustive, si la volonté politique est là. »

 Petru Poggioli 24 décembre 2013.

(…)

CorsicaInfurmazione.org by @Lazezu 

Revue de Presse et suite de l’article  : 

sur Corse Matin, sur Alta Frequenza, sur RCFM, Sur Corsica, Sur le Journal de la Corse, Sur Alcudina, sur Corsica Infurmazione/Unità Naziunale, sur France 3 Corse, Sur Corse Net Info (CNI)

Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]

. . A l'accorta annant'à Google Infurmazione For Latest Updates Follow us on Google News Nos dernière informations sur Google Actus

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