Depuis 2010, le groupe Corsica Libera à l’Assemblée de Corse s’abstenait régulièrement lors des votes sur le budget. En effet, malgré de graves réserves sur certains aspects du document, les indépendantistes estimaient devoir faire la différence avec la mandature précédente, celle du PADDUC de triste mémoire et de la servilité de la CTC à Nicolas Sarkozy.
Ils faisaient observer l’augmentation importante du budget langue corse (doublement dès 2010). Ils expliquaient également qu’en cas de rejet du budget, ce dernier serait confié aux services de l’Etat français.
Enfin et surtout, ils affirmaient vouloir encourager le Conseil exécutif, qui avait mis à l’ordre du jour les principales revendications de Corsica Libera : organisation des assises du foncier conformément à la demande de CL, vote de la motion de CL sur l’officialisation du corse puis du statut d’officialité, vote sur le transfert de la fiscalité des successions, vote par 46 voix sur 51 de la demande de révision constitutionnelle, position claire du Conseil exécutif en faveur du rapprochement des prisonniers. Sauf à être aveugles et sourds, expliquaient les membres du groupe CL, il était difficile de ne pas tenir compte de tout cela.
Depuis trois ans toutefois, certains responsables de Femu a Corsica accusaient en privé CL de faire preuve de complaisance avec la majorité de Paul Giacobbi. Cependant, jeudi dernier , le groupe Femu a Corsica changeait radicalement de position et emboitait le pas à Corsica Libera en s’abstenant à son tour.
Quant à Paul-Félix Benedetti, il votait contre mais pour des raisons extrêmement éloignées du budget, précisant qu’il aurait pu s’abstenir comme les autres nationalistes, mais accusant l’Assemblée de Corse de « maltraiter ses minorités », allusion à son propre statut de non-inscrit, ne lui permettant pas de participer à la vie de l’assemblée comme les membres des groupes.
Par ailleurs, Corsica Libera faisait adopter deux importants amendements, permettant accroître considérablement le budget langue corse. En fin de semaine à l’assemblée de Corse, la plupart des observateurs estimaient que cette abstention de Femu a Corsica validait la stratégie de Corsica Libera, stratégie qui a permis de nombreuses avancées depuis les élections de 2010.
Par ailleurs, il y a sans doute lieu de se réjouir de la cohésion retrouvée du courant nationaliste, au moment où s’ouvrent de difficiles négociations avec le gouvernement français.
Antò Vincentelli
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