« Pour une émancipation réelle du peuple #corse, de tout le peuple corse »

Le récent décès du conseiller général du canton de Campuloru-Moriani a eu une conséquence symboliquement importante. Une femme, Henriette Danti, est entrée au Conseil général de la Haute-Corse, l’une des 14 assemblées départementales de l’Etat français à n’en compter jusque-là aucune. Notons d’ailleurs que la Corse-du-Sud présente un bilan à peine plus satisfaisant puisque seules deux femmes, Claude Degott-Serafino et Nathalie Ruggeri, y siègent.

L’entretien réalisé par le site CorseNetInfos avec la nouvelle conseillère générale nous apprend par ailleurs que celle-ci est devenue suppléante de Pierre-Louis Nicolaï par accident, en raison de l’obligation légale de présenter un ticket mixte à l’occasion des dernières élections cantonales. Rien d’étonnant à cela, il s’agit malheureusement encore trop souvent de la porte (dérobée) empruntée par de nombreuses femmes pour accéder aux responsabilités politiques.

Nous n’allons pas reprendre les différentes et nombreuses études réalisées démontrant que si les femmes sont sous-représentées dans la sphère politique, elles sont largement sur-représentées dès lors qu’il s’agit de l’emploi précaire, des tâches ménagères ou des violences conjugales. Ces données sont connues et accessibles, de plus il semble se dessiner lentement une sorte de consensus autour de ces points, même si les moyens permettant à une égalité réelle ne sont que rarement mis en place. D’autant que l’accès aux responsabilités ne peut être un objectif en soi, Laurence Parisot est tout autant à combattre que Pierre Gattaz, par exemple.

Intéressons-nous plutôt à la véritable cause de cette discrimination, de cette oppression, qui dépasse largement les seuls chiffres.

Car, si le discours est habituel, il reste cependant difficile à entendre, notamment de la part d’une femme. Plus loin dans l’entretien, Henriette Danti ajoute : « La perception féminine est, quand même, différente de celle des hommes. (…) Je crois, cependant, que les femmes font plus attention aux détails, elles sont plus réalistes, plus pragmatiques. »

Soyons clairs, si cette différence peut exister, elle est le fruit, comme les autres traits comportementaux, du contexte social, économique et culturel dans lequel évolue la personne. Les femmes ne sont ainsi pas plus réalistes que les hommes, ni plus pragmatiques. S’il existe évidemment des femmes plus pragmatiques que certains hommes, l’inverse est tout aussi vrai.

Cette volonté à vouloir attribuer des rôles en fonction de différences purement biologiques est dangereuse. Ainsi, si les femmes seraient cantonnées au travail domestique, à l’éducation des enfants (ne parle-t-on d’ailleurs pas d’école maternelle ?) ou à présenter une vision « plus pragmatiques », pourquoi ne pas pousser le raisonnement au bout de sa logique et considérer que les Corses sont génétiquement portés vers le clientélisme, les emplois subalternes, la soumission ?

A ces raisonnements absurdes, opposons une logique de résistance, une logique de libération. En particulier, les organisations se réclamant de la Lutte de Libération Nationale doivent prendre en compte cette dimension. On ne libère pas un peuple en conservant la moitié de celui-ci sous le joug d’une domination fondée sur le genre. La libération du peuple corse, si elle se veut réelle, doit être intégrale. C’est pourquoi il faut lier libération nationale et libération sociale. Et c’est aussi pour cela que la question du féminisme doit être intégrée de façon pleine et entière au combat des patriotes corses.

Questions trop peu souvent abordées dans les différents programmes et déclarations du mouvement national, il est temps que celui-ci s’en saisisse et fasse de la libération des femmes un des objectifs essentiels pour la construction d’une société juste. Et, nous l’avons compris, cela ne peut se faire uniquement avec des postures symboliques. Il ne suffit pas de rappeler que les femmes corses ont eu le droit de vote au XIVe siècle ou de présenter une femme à la présidence de l’assemblée de Corse. Cela est utile, certes, mais demeure insuffisant sans réflexion et stratégie globales.

Le combat nationaliste a permis d’imposer dans le débat public des éléments aujourd’hui largement partagés parmi lesquels, ce n’est pas le moindre, le fait que le peuple corse ne doit plus être un sujet passif mais l’acteur principal de son destin. De la même manière, une réflexion en profondeur doit être opérée afin que les femmes ne soient plus le « sexe faible » mais des actrices majeures de leur émancipation, de notre émancipation.

U CUMUNU

(…)

CorsicaInfurmazione.org by @Lazezu 

Revue de Presse et suite de l’article  : 

 

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