L’actualité récente – tirs de roquettes désamorcées sur deux gendarmeries- met à nouveau la violence au centre de la problématique corse, au moment crucial où l’île est entrée dans la voie irréversible de l’émancipation ; donc où elle est particulièrement vulnérable. Il n’y a aucune analyse approfondie de la part des commentateurs, ce qui rend la situation difficilement intelligible et est très anxiogène.
Le décryptage n’est certes pas aisé ; j’ai voulu y contribuer pour dénoncer une stratégie de provocation de Valls, une absence de réflexion des militants clandestins , et pour montrer aussi que la voie raisonnable existe et que rien ne pourra, désormais, empêcher la victoire du peuple corse qui lutte pour son droit imprescriptible à la vie.L’homme est dévoré par une ambition immédiatiste qui le consume ; aussitôt nommé Ministre de l’Intérieur, il a dit clairement, avant tout dialogue, son opposition totale à toute réforme sérieuse dans l’île : pas de révision constitutionnelle, pas de co-officialité de la langue notamment, pas de réforme des institutions. L’inconvénient majeur réside dans le fait que les Corses veulent s’engager dans cette voie de novation et tout particulièrement à l’Assemblée de Corse où des majorités massives en témoignent. Le Ministre de l’intérieur ne peut s’y résoudre ; là est sans doute la raison principale de l’hostilité totale et rédhibitoire, vis-à-vis de Paul Giacobbi.
Le Ministre de l’Intérieur qui se voyait déjà à Matignon après les récentes turbulences ayant déstabilisé le Premier Ministre, joue sur les craintes, les peurs, les inquiétudes des Français pour souffler sur les braises de l’insécurité, gisement majeur en vue de la prochaine élection présidentielle. L’oeil rivé sur les sondages, qui flattent son égo et avivent ses ambitions, il essaie d’apparaitre comme un homme de détermination, de fermeté. Tout est prétexte à des surmédiatisations organisées contre la délinquance, la criminalité, les Roms…. la Corse… ; il nous a stigmatisé, avec ses fumeuses omerta et mafia, l’accusation génétique de violence, confinant au racisme.
Cette attitude tente de faire diversion, de nous instrumentaliser comme bouc-émissaires des malheurs de la France, de faire oublier les 99°/° d’assassinats impunis, en Corse, relevant de la grande criminalité ou l’inexistence de la lutte contre la grande délinquance financière. Valls est muet sur le non-respect de la loi-littoral par l’Etat, en dépit de l’annulation de 13 PLU par le tribunal Administratif. Du moment que la Corse est mise à l’encan et dépecée !!! Vogue la spéculation débridée et impunie !!!
Par contre, il excelle dans la répression contre les militants clandestins où les résultats sont probants . Le résultat est évident : inefficacité totale contre le crime organisé et efficacité maximale dans la lutte politique. Sans que cette contradiction aveuglante ne le gêne !!! Et sans que personne ne l’interpelle sur ce scandale.
Manuel Valls, le provocateur
Mais Valls ne manque pas d’imagination et de cynisme : il ne perd jamais une occasion de faire l’amalgame entre les voyous et les nationalistes ; et il a une autre corde redoutable à son arc. Il s’inquiète ; les attentats s’apaisent, la société civile avance ; le dialogue –boiteux- s’amorce. Il interpelle dix nationalistes qu’il relâche puis, faute de réaction, vingt nationalistes avec orchestration maximale ; il en relâche quinze et n’a plus qu’à attendre l’effet du chiffon rouge. Les clandestins qui, une fois de plus se trompent, répondent par des attentats dont la résonance est maximale compte tenu des moyens employés et des cibles- les gendarmeries-, et du danger encouru aussi par des femmes et des enfants qui y sont logés ; le peuple corse les désapprouve. Et les démocrates, ailleurs aussi, s’interrogent. A noter cependant que, seul l’Express , a précisé sous la plume de Xavier Crettiez, _ un spécialiste éminent et reconnu- que les roquette étaint désamorcée !!! U détail sans doute pour Valls, muet sur le sujet.
Le déchaînement est garanti et Valls rentre en scène : transport dans l’île, regard noir et haineux, amalgames, menaces, intransigeances de matamore qui ne font peur à quiconque ; avec une variante cette fois-ci ; il ne comprend pas, dit-il benoîtement et cyniquement ; «le dialogue a commencé entre l’Etat et la Corse, toutes le portes sont ouvertes « et autres fadaises, en contradiction totale avec son attitude de fermeture absolue sur la « question corse » ; et la mise en place d’un processus de négociation de pacotille, conçu pour échouer. Le contenu, le choix des interlocuteurs, le lieu du « dialogue », la dilution sur trois ans en sont les garants.
Ceux qui en Corse n’ont pas compris le jeu trouble de Valls, n’on rien compris et ont mal jaugé l’homme : arriviste pressé, violent, il est capable du pire ; plus nous avancerons et plus il multipliera les provocations, dosées et graves, au moment opportun, puisqu’il est certain que les clandestins ne l’accepteront pas et y répondront de manière violente. Nous coupant ainsi de la population et compromettant l’émancipation, vitale pour notre peuple.
Certes, Valls est bien dans la tradition de l’Etat colonial ; « Francia », en 1977, avec ses 62 attentats impunis contre nous, ou encore les « barbouzes », à Bastelica en 1980, bénéficiant les uns et les autres, du parrainage de l’Etat « démocratique et républicain », ou encore le Préfet incendiaire Bonnet à Ajaccio, labellisé par Chevènement, Ministre de l’Intérieur, ont tout tenté pour fomenter la guerre civile qui aurait sonné le glas de nos espoirs et de la lutte pour la liberté. En vain, car, malgré la rage et la révolte qui nous ont habité depuis cinquante ans, nous n’avons jamais renoncé et nous avons lutté, avec mesure, sans céder à leurs grossières provocations et en veillant jalousement sur la paix interne dans l’île. La Corse a progressé envers et contre l’Etat, aveuglé par sa haine du peuple corse. Qu’il pensait avoir enterré.
Je répèterai inlassablement que l’île aspire à la Paix, à la démocratie, à la tolérance, à la fraternité entre les peuples, au développement équitable, à une solution politique, nouvelle, contractuelle, dans le cadre euro-méditerranéen et qui préserve les intérêts légitimes des parties.
Valls échouera dans son dessein de soumettre la Corse, de créer l’affrontement interne, si nous avons toutes et tous être à la hauteur des enjeux, si nous privilégions la raison au lieu de la passion ; si, dans la diversité, nous recherchons le rassemblement le plus large – la Corse y est prête- pour arracher pacifiquement notre droit à l’existence. Il ne faut pas oublier qu’il existe une opinion publique et une conscience internationales que les moyens modernes de communication nous permettent déjà de sensibiliser, et de mobiliser dès demain, adossés au droit et à la justice. L’heure est à la réflexion collective et à la détermination. J’ai toujours eu confiance. Nous serons toutes et tous présents au rendez-vous de l’Histoire, malgré les pièges grossiers des ennemis de la Corse.
Aiacciu u 9 Dicembre 2013
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by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]