(Unità Naziunale – publié le 30 avril 2018 à 16h21) En effet, l’actuelle crise des déchets prouve, s’il en était besoin, d’une absence de vision d’avenir, car c’est un véritable projet de société qui manque cruellement à la Corse, depuis quarante ans.
Malgré le PEI, octroyé par la France au titre de la réparation historique après trois siècles d’occupation, aucun projet structurant d’émancipation n’a vu le jour.
Alors qu’ailleurs les déchets ménagers représentent une richesse et contribuent à l’émergence d’une économie circulaire, chez nous il ne sont que le prétexte à une gestion publique trouble, et à l’enrichissement personnel de quelques opérateurs privés.
Le Syvadec, dont nous demandons la dissolution, démontre par son échec patent que la gestion des déchets ne s’improvise pas, et ne peut être appréhendée seulement d’un point de vue de la rentabilité.
La gestion sur place des déchets recyclables représente à la fois un potentiel d’emplois et une production de valeur ajoutée qui sont démontrés par toutes les initiatives mondiales.
Et, de notre côté, que faisons nous? Nous les enfouissons, nous les laissons aux corses de demain, à nos enfants, comme un cadeau empoisonné.
Au lieu de recycler le verre, de le fondre, de refaire des bouteilles pour nos viticulteurs ou nos brasseurs nous importons des centaines de tonnes de bouteilles tous les ans. On contribue ainsi à de l’emploi hors de Corse, en assistant impuissants à la fuite de capitaux qui seraient bien utiles à notre économie exsangue.
Nous importons des milliers de tonnes de compost alors que de micro-unités pour le compostage sont facilement réalisables dans chaque micro-région, et que des pavillons de compostages (150 rien qu’à Nantes), construits en pin Laricciu, pourraient contribuer à la valorisation de notre forêt et donner du travail à nos menuisiers.
Au lieu de favoriser les circuits courts et une agriculture paysanne, nous autorisons des milliers de m² de surfaces commerciales qui sont une porte d’entrée aux importations massives de produits emballés et empaquetés.
Ces grandes surfaces, présentes et à venir, surdimensionnées et responsables de l’importation d’emballages et produits difficilement recyclables sur place doivent impérativement être mises face à leur responsabilité écrasante dans l’épineux problème des déchets.
Leur vision libérale, qui ne correspond absolument pas au modèle de société auquel nous aspirons, doit nous conduire à leur imposer une implication majeure dans la gestion et la valorisation de nos poubelles. Les super et hyper marchés doivent être les principaux financeurs de la :
– Mise en place d’une recyclerie de verre, d’une consigne et arrêt de l’importation de bouteilles en plastique;
– Participation financière à la gestion des déchets, à la dé-pollution des sites sauvages et aux campagnes de promotion du tri;
– Promotion des emballages recyclables et unités de valorisation des matières plastiques.
Nous ne pourrons plus longtemps faire l’économie d’une véritable réflexion, écologique et sociétale, qui préservera la Corse de demain et l’avenir de nos enfants. Pour cela, en plus d’une prise de conscience citoyenne, nous aurons besoin d’un grand courage politique pour en finir avec ces vieilles pratiques clientélistes, pour ne pas dire mafieuses.
La Corse peut devenir le fer de lance d’un imaginaire collectif révolutionnaire face à un modèle capitaliste à bout de souffle, ou la croissance infinie est une chimère, et ou nous inventerons un modèle d’émancipation individuelle et collective indispensable à notre rêve de liberté.
CORE IN FRONTE
29 avril 2018