Deux succès de librairie : « Les parrains corses » (Fayard 2009) -suivi de « la guerre des parrains corses » (2013) -de Jacques Follorou et « Razzia sur la Corse » d’Hélène Constanty (Fayard 2012)-Prix du livre corse 2012- décrivent avec une précision clinique les maux qui rongent la Corse (« mafias » d’hier et d’aujourd’hui, spéculations, dérives diverses…) et qui s’amplifient depuis une cinquantaine d’années.
Le cinéma s’est emparé du sujet qui est traité dans les couleurs sombres d’une série noire. Tout cela est bien attristant et ne peut que nous enfoncer dans la morosité. Y a-t-il place pour l’humour dans un tel contexte ? Peut-on rire de ce qui devrait nous accabler ? Les Corses accepteraient-ils, après être montrés du doigt, d’être tournés en dérision ? – André Santini et Pierre Dottelongue avaient prouvé dans un livre fort distrayant que nos compatriotes doués pour l’ironie et la fameuse macàgna, étaient aussi capables d’autodérision (« O Corse île d’humour »).
Pétillon devait vérifier avec son « Enquête corse » que ce peuple grave, marqué par une « histoire tragique » et que l’on disait particulièrement susceptible, était capable de rire de ses travers à condition que les flèches décochées ne soient pas trempées dans le poison d’une méchante agressivité. En fait de vengeance, notre humoriste, à son étonnement, devait recevoir à Perelli d’Alesgiani, « le prix de l’humour Grossu Minutu » ! Le Canard enchaîné *a lancé, cette année, sur les traces des clandestins, des spéculateurs, fraudeurs et autres barons du crime, ses commandos de caricaturistes ( Pétillon, Lefredi-Thoron, Wozniak, Delambre, Pancho, Cabu, Kiro, Mougey… ). Ils mettent en scène la saga de la légende noire des Corses. Leurs traits, qui ont le tranchant du machete, taillent à l’envi dans ce maquis touffu. Dossier après dossier, l’île est mise à nu dans toutes ses turpitudes.
Rien ne nous est épargné.
Quelle sera la riposte de ceux qui se sentiraient dénoncés, moqués ? Et bien, l’esprit dans la grande tradition des chansonniers, aura, encore une fois, fait merveille. Les voilà désarmés par le rire. Le journal satirique est passé maître dans l’art d’instrumentaliser l’humour. Le journalisme d’investigation réussit à placer les révélations de ses enquêtes sous le pavillon de l’humour. Hélas, les Corses cloués au pilori restent assignés à leur enfer.
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by @Lazezu
Revue de Presse
Mensuel CorsicaCorsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]