François Hollande donne dans un entretien à Corse-Matin (à lire sur son édition numérique) une réponse prudente aux revendications des élus de l’île, qui réclament une place spécifique de la Corse dans la Constitution française et une décentralisation accrue.
Le président, qui est ce vendredi en Corse pour commémorer le 70ème anniversaire de la libération de l’île, a dit qu’il était prêt à ouvrir le dialogue mais ne s’est pas prononcé sur le fond de la motion adoptée à une écrasante majorité le 27 septembre par l’Assemblée de Corse.
Ce projet vise notamment à élargir les compétences de la chambre corse en lui conférant un pouvoir d’adaptation législatif encadré en terme de fiscalité et de maîtrise du foncier.
« Je demanderai (…) au gouvernement de recevoir les élus de l’Assemblée de Corse, pour poursuivre la réflexion sur la meilleure façon de tenir compte des spécificités de l’île« , a-t-il indiqué.
« Mon engagement c’est de respecter les élus et leur travail (…) Mais mon obligation, c’est de rester dans le cadre de la République », a-t-il dit, expliquant vouloir chercher « les solutions les plus pertinentes pour le développement de la Corse ».
Pour voir le jour, le projet des élus corses doit être validé par une réforme constitutionnelle et l’entourage de François Hollande rappelle, sans se prononcer sur le fond, que le gouvernement ne dispose pas de la majorité des trois-cinquièmes nécessaire pour faire adopter une révision de la constitution.
Le chef de l’Etat s’est aussi montré réservé dans son entretien au quotidien sur la volonté des élus d’instaurer la co-officialité, c’est à dire de considérer la langue corse comme une langue officielle sur l’île, au même titre que le français.
Non à l’accès limité à la propriété
« S’agissant de la langue corse, on fait déjà beaucoup », a dit François Hollande, prenant comme exemple le succès du dispositif ‘pas de classe sans langue corse’ dans le premier degré.
La question de rendre le corse une langue officielle reste un tabou pour certains hommes politiques français comme le ministre de l’Intérieur Manuel Valls, qui avait déclaré en juin qu’il n’était pas « concevable qu’il y ait sur une partie du territoire une deuxième langue officielle ».
François Hollande est aussi resté prudent sur la question d’une ratification de la Charte des langues régionales, pourtant l’un de ses engagements de campagne.
Le chef de l’Etat a dit qu’il attendrait de connaître les positions des parlementaires de la majorité et de l’opposition avant de décider d’engager une révision de la constitution pour permettre de ratifier la Charte.
Le président s’est par contre montré plus ferme sur la volonté de certains élus corses de vouloir limiter l’accès à la propriété aux résidents de l’île.
« Faire des règles d’accès à la propriété différentes entre les citoyens serait contraire au principe d’égalité et aurait pour effet de fermer le marché immobilier au détriment de tous« , a tranché le président.
« Les saisies d’avoirs criminels multipliés par 3 »
Sur le front de la sécurité, le chef de l’Etat a reconnu que la situation restait tendue, comme le rappellent les règlements de compte liés à des organisations criminelles rivales.
L’assassinat d’un entrepreneur immobilier le 18 septembre a porté à 17 le nombre de personnes tuées par balles en Corse depuis le début de l’année, contre 19 en 2012.
Evoquant les renforts arrivés sur l’île depuis un an, François Hollande s’est néanmoins félicité de la hausse des saisies d’avoirs criminels qui ont selon lui été multipliées par deux en 2012 par rapport à 2011 et qui le seront encore par trois en 2013.
La dernière visite de François Hollande sur l’île date de mars 2012. Il y avait, en tant que candidat socialiste, fustigé le bilan sécuritaire de son rival Nicolas Sarkozy.
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by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
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