L’opération policière qu’a lancée le gouvernement espagnol à l’encontre du mouvement populaire Herrira réveille des souvenirs que la société du Pays Basque ne souhaitait plus vivre.
La stratégie développée par Madrid ces dernières années à l’encontre du Pays Basque a un seul objectif : celui de faire taire toute revendication. Au lendemain d’un nouvel appel à la paix lancé par ETA, Madrid a décidé de répondre par des arrestations, des perquisitions, des fermetures de locaux et de comptes bancaires. Celles-ci touchent cette fois-ci Herrira, mouvement large et représentatif sur lequel le gouvernement espagnol veut jeter le discrédit. À la veille d’une décision de justice importante qui doit provenir de la Cour européenne des droits de l’homme sur la doctrine dite “Parot”, Madrid souhaite marquer les esprits, non seulement en réitérant sa fermeture à un quelconque processus de résolution du conflit, mais en cherchant à provoquer colère, crispations et démoralisation dans la société basque.
Herrira, qui mène un travail remarquable pour la défense des droits des prisonniers et réfugiés politiques basques, dérange par son travail. Les 110 000 manifestants de Bilbo en janvier dernier, les 15 000 de Bayonne dont l’ensemble des sénatrice et députées socialistes du Pays Basque, tous ont défilé derrière une banderole de Herrira réclamant la libération des prisonniers malades, le rapprochement des 600 prisonniers basques… Une très grande majorité des acteurs du Pays Basque fait aujourd’hui le pas de la résolution définitive du conflit. Une très grande majorité approuve l’appel d’Aiete, font un avec les différents forums de la paix organisés, notamment à Bayonne. Le Parti populaire (PP) au pouvoir en Espagne, mais avec une représentation politique très minoritaire au Pays Basque Sud, souhaite conditionner la situation au Pays Basque.
Empêtré dans des affaires de corruption jusqu’à son sommet, le PP a besoin de faire perdurer le conflit au Pays Basque : le travail que mène Herrira en faveur du processus, du Pays Basque jusqu’à Strasbourg, nécessitait de la part du gouvernement espagnol une opération spectaculaire et médiatique. Le coup porté hier contre Herrira est une attaque contre la société basque dans son ensemble. Elle a pour unique objectif de détourner les partisans de la paix de leurs objectifs. Les attaques de l’État espagnol ne parviendront pas à détourner le Pays Basque de la feuille de route vers la paix. Elles nécessitent au contraire une plus grande détermination dans l’engagement de chacun.
Antton ETXEBERRI du Journal du Pays Basque
Photo en une de cet article, une sénatrice basque passée à tabacs par la police après les interpellations
Vive condamnation de la répression au Pays Basque
Soutien de La Gauche Indépendantiste Bretonne, Breizhistance, qui condamne vivement les actes de répression de ce jour au Pays Basque sud. Ce matin, la police espagnole, la Guardia Civil et la police autonome basque, la Ertzainza, ont procédé à l’arrestation de 18 membres d’Herrira aux sièges de la plateforme populaire dans les 4 provinces de Biscaye, du Guipuzcoa, de la Navarre et de l’Alava.
C’est une attaque contre le peuple basque qu’opère ici l’Etat Espagnol au vu de l’assise populaire de l’association humanitaire oeuvrant pour le respect des droits des prisonniers politiques basques. Faut-il rappeler que 100 000 personnes défilaient en début d’année à l’appel d’Herrira à Bilbao pour le respect des prisonniers basques et leur rapprochement au pays. C’est une violente attaque contre le processus de paix et de normalisation en construction au Pays Basque où les résultats éléctoraux de la gauche indépendantiste depuis 2012 ont été couronnés de succès historiques aux élections municipales comme parlementaires.
Un processus de paix où la question et le rôle des 600 prisonniers politiques est cruciale. Une attaque où la police autonome basque joue une fois de plus de concert avec la police espagnole en n’apportant comme seule réponse à la mobilisation et la colère populaire que la violence physique en matraquant une sénatrice indépendantiste de la coalition Amaiur, Amalaur Mendizabal. Nous apportons solennellement notre solidarité internationaliste et socialiste aux camarades basques victimes de la répression.