#corse « Elections allemandes : L’Europe en sort gagnante »

Jamais des élections dans un pays voisin, et notamment en Allemagne, n’avaient autant focalisé l’attention. La crise des cinq dernières années a montré aux opinions publiques que les élections nationales n’ont plus seules la possibilité d’influer sur le sort de chacun. Et en s’intéressant à l’Allemagne, les citoyens se sont de facto intéressé à l’Europe.

L’image portée par le débat politique allemand est incontestablement rassurante. D’abord, on a échappé aux faux débats populistes qui polluent tant et tant les échéances essentielles dans de très nombreux pays européens : Le Pen en France, Beppe Grillo en Italie, UKIP en Grande Bretagne, Aube Dorée en Grèce, et d’autres encore aux Pays Bas ou en Suède . Le parti anti-euro AFD créé dans la suite de la crise économique européenne pour porter un message, à travers le rétablissement du mark, d’un repli sur soi de la riche économie allemande, est resté en dessous de la barre des 5% et n’aura pas de représentants à Berlin. L’époque de fièvre populiste que la presse allemande, pourtant traditionnellement très peu polémique, avait relayé il y a deux ans en ciblant la Grèce et ses excès budgétaires, est derrière nous, et ce message de raison rassure toute l’Europe.

Les résultats ont plébiscité Angela Merkel. C’était attendu, mais cela a été encore plus loin que prévu, au point que son allié traditionnel des Libéraux est lui aussi resté sous la barre de 5%. On arrive donc à un paradoxe : la chancelière allemande a gagné les élections, mais elle a perdu sa coalition gouvernementale, et elle devra composer avec un ou plusieurs des autres partis représentés à Berlin, SPD socialiste, Grünen écologistes, et Die Linke communiste. Pour des raisons évidentes, ce dernier ne sera pas invité à la négociation par la Démocratie Chrétienne CDU. Mais Angela Markel, tout en ayant fait gagner la droite, sera obligée de gouverner en coalition avec la gauche. Qui entrera au gouvernement ? Le SPD comme il y a une décennie ? Les Grünen qui, depuis plusieurs années, ont validé l’éventualité d’alliances avec la CDU et non seulement avec les socialistes ? En choisissant les Grünen, moins hauts en nombre de députés, Angela Merkel pourra réserver plus de place aux siens dans le futur gouvernement. Si bien que, malgré la novation que cela représente, l’hypothèse d’une coalition noire-verte, CDU-Grünen, est très sérieusement envisagée, Angela Merkel ayant rempli plusieurs pré-conditions, notamment sur l’abandon du nucléaire. Cependant, la solution plus classique noire-rose, CDU et SPD, est la plus souvent pronostiquée. Réponse dans un mois durant lequel l’attention envers la politique allemande ne va pas se démentir !

Vue d’Europe, la stabilité politique allemande est incontestablement reçue avec soulagement. Certes, cela ne va pas faciliter la tâche de ceux qui espéraient une Europe plus à gauche, mais la crédibilité de l’Europe en sort renforcée. Imaginons la catastrophe si un Le Pen germanique avait pu émerger et s’imposer dans la future gouvernance de la première économie européenne ! Le spectacle politique donné de l’autre côté du Rhin pourrait même avoir des effets positifs pour aider à combattre ici aussi la progression du populisme, pourvu que des dirigeants d’une trempe comparable puissent enfin s’imposer en France.
Dernier impact positif, c’est la réflexion qui s’installe autour du « modèle allemand ». Curieusement, quand le Figaro ou l’establishment politique de droite célèbrent ce modèle, ils oublient systématiquement l’essentiel : des länders totalement autonomes et un Etat à structure fédérale très avancée, ainsi que la sortie du nucléaire comme axe stratégique de développement. Ah si les gouvernements français pouvaient s’inspirer réellement du modèle allemand dans ces deux matières capitales, combien les choses seraient plus simples pour nous ! Un exemple parmi d’autres : le rapport sur les langues menacées que j’ai présenté lors de la dernière session de Strasbourg a été voté par l’unanimité des députés allemands, tous groupes confondus, tandis que les députés français, qui sont moins de 10% des députés européens, ont fourni 50% des votes négatifs.

Autre point qui nous intéresse, leur mode de scrutin qui mêle avec bonheur, avec un seul vote, une expression  proportionnelle pour bien représenter la diversité politique, et le choix d’un « député » par circonscription pour bien représenter les territoires. L’Assemblée de Corse serait tellement bien inspirée de s’en saisir pour parvenir à une future Assemblée de Corse élue à la proportionnelle, mais avec une représentation réelle des territoires, notamment les territoires ruraux.

Chez nous aussi, le « modèle allemand » pourrait être salutaire !

François ALFONSI

(…)

by @Lazezu 

Revue de Presse et suite de l’article  : 

 

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