(Unità Naziunale – Publié le 26 avril 2018 à 07h13) OBJET : RUBRIQUE « HISTOIRE DE LA CORSE », FIGURANT SUR LE SITE INTERNET DE LA PREFECTURE, PRESENTANT DES PASSAGES OUVERTEMENT REVISIONNISTES.
CONSIDERANT que le site internet de la Préfecture de Corse propose dans sa rubrique « publications », une sous rubrique « la Corse et la Corse du sud » au sein de laquelle il est possible de consulter un résumé de l’histoire de la Corse,
CONSIDERANT l’absence d’appareil critique et de références bibliographiques reconnues,
CONSIDERANT que certaines assertions contenues dans cette publication sont particulièrement choquantes au regard des connaissances historiques dont nous disposons,
CONSIDERANT que le fait de mettre en ligne de telles contre-vérités, agrémenté d’appréciations personnelles du rédacteur de l’article, constitue une forme de révisionnisme bienveillant du passé colonial de la France en Corse,
CONSIDERANT que l’Assemblée de Corse, dépositaire et responsable des intérêts matériels et moraux du peuple corse, ne peut rester étrangère aux articles édités sur le site internet de la préfecture,
CONSIDERANT que les extraits reproduits ci-après ne sont pas exhaustifs,
CONSIDERANT que l’introduction générale comporte le passage suivant tiré de l’ouvrage « Histoire de la Corse » de F. Girolami-Cortona (Edit. La Librairie Marseillaise) : « Tous les peuples l’ont convoitée. Fière, elle a résisté avec héroïsme à tous. Enfin est venu le beau Français qui l’a prise de force, et, comme la Sabine elle a fini par aimer passionnément son ravisseur. »,
CONSIDERANT que cette citation, manifestement outrancière, comporte au-delà de la référence au syndrome de Stockholm une indéniable portée coloniale voire sexiste,
CONSIDERANT qu’il est indiqué au début du chapitre « la Corse française » que « La France essaye de négocier avec le chef de la jeune nation qui en 1755 et en 1763 avait sollicité une sorte de « protectorat » auprès de Louis XVI. Elle n’obtient de Paoli que la réaffirmation de sa volonté d’indépendance et l’acceptation d’un protectorat. A la suite du traité de Compiègne, en août 1764, Gênes permet l’installation de troupes françaises dans les villes de Bastia, Ajaccio, Calvi et Saint-Florent. Un officier corse, Matteo Buttafoco, servant dans les troupes royales, joue le rôle d’intermédiaire auprès de Paoli. »,
CONSIDERANT avant tout qu’entre 1755 et 1763 le roi de France était Louis XV (dit Luiggi Piombu en raison des tourments infligés aux nationaux par le feu nourri de ses armées aux projectiles en plomb) et non Louis XVI qui est né en 1754. De même, les dates indiquées ne correspondent pas aux faits relatés,
CONSIDERANT qu’en outre, cet extrait constitue à la fois un plagiat et une réécriture de l’histoire de la part des services de l’Etat,
CONSIDERANT en effet que le texte initial provient de l’ouvrage de monsieur Jean-Claude Di Pasquale « les fils de la Liberté » aux éditions Edilivre,
CONSIDERANT que le passage litigieux est totalement différent puisqu’il énonce : « Gênes essaye de négocier avec le chef de la jeune nation qui en 1755 et en 1763 avait sollicité une sorte de « protectorat » auprès de Louis XVI. Pasquale Paoli réaffirme alors sa volonté d’indépendance et l’acceptation d’un protectorat. A la suite du traité de Compiègne, en août 1764, Gênes autorise l’installation de troupes françaises dans les villes de Bastia, Ajaccio, Calvi et Saint-Florent. Un officier corse, Matteo Buttafoco, servant dans les troupes royales, joue le rôle d’intermédiaire auprès de Paoli. »,
CONSIDERANT que cette transformation a pour objectif de minimiser le l’annexion brutale et sanglante de la Corse en présentant la France comme une puissance qui tente de négocier (« La France essaye de négocier ») face à un Pasquale Paoli qui refuserait (« Elle n’obtient de Paoli »),
CONSIDERANT que cela constitue une manœuvre grossière pour tenter de légitimer une histoire officielle, réécrite et diffusée par les services de l’Etat,
CONSIDERANT qu’au sujet du traité de Versailles le site internet indique que « Le traité a un mauvais effet en Corse. Vendue ou cédée en gage d’une dette, le jeune royaume corse indépendant a le sentiment qu’une « transaction » s’est faite pardessus sa tête »,
CONSIDERANT que ce commentaire est stupéfiant car il laisse clairement sous-entendre qu’aucun acte malveillant n’aurait été matérialisé par ce traité et que la réaction des Corses relèverait d’une attitude quasi-paranoïaque envers un arrangement n’ayant aucune conséquence pour leur avenir, alors qu’il est reconnu de tous que celui-ci prévoyait la cession d’une nation indépendante par des signataires n’y disposant d’aucun droit,
CONSIDERANT que l’utilisation des guillemets à propos du terme « transaction » est également significatif sur le but recherché par le rédacteur de ce document,
CONSIDERANT en outre que la qualification de « jeune royaume corse » est mensongère puisqu’à cette époque la Constitution de la nation corse indépendante prévoyait des élections au suffrage universel ce qui fait d’elle une des premières républiques au monde,
CONSIDERANT qu’il convient de noter qu’à la même époque, la souveraineté de la France était exercée par un monarque absolu de droit divin,
CONSIDERANT que le passage retraçant la période postérieure à la défaite de Ponte Novu prétend que « La France s’efforce de consolider et d’asseoir pacifiquement sa présence en Corse »,
CONSIDERANT que cette affirmation constitue là encore une réécriture de l’histoire passant sous silence la « pacification » de la Corse notamment par les exactions des sinistres Marboeuf ou Morand dont le souvenir est encore vivace dans notre mémoire collective,
CONSIDERANT qu’il convient de ne pas oublier les méthodes « pacifiques » que Marboeuf utilisa pour « asseoir la présence française » et qu’il qualifia lui-même de la façon suivante : « Pour parvenir à éteindre tout à fait une race aussi exécrable, le premier moyen étant de leur ôter la facilité des retraites que leur offre les maquis, nous avons pris la résolution de les faire brûler dans toute l’étendue de l’île »,
CONSIDERANT que le texte litigieux indique également : « Les cahiers de doléances de 1789 sont, en Corse, dans les revendications qu’ils expriment de la même nature que ceux de leurs homologues continentaux (on sait que des modèles « clefs en main » de cahiers de doléances circulaient en France à cette époque) » sauf lorsqu’ils demandent la réouverture de l’Université ou la corsisation des emplois publics…,
CONSIDERANT enfin que concernant la dernière période relatée par le site internet et intitulée « de l’histoire à l’actualité (1945-20..)» il est indiqué en guise de conclusion finale : « La Corse entre alors dans un cycle de violences qui n’a toujours pas, à l’heure actuelle, cessé malgré des périodes plus ou moins longue de calme relatif »,
CONSIDERANT que ce chapitre ayant l’ambition de traiter de la situation actuelle de la Corse, s’arrête dans les années 70 et occulte totalement les 50 dernières années marquées par le combat des Corses pour la reconnaissance de leurs droits,
CONSIDERANT qu’il convient de rétablir la vérité historique en l’état des connaissances actuelles,
L’ASSEMBLEE DE CORSE DEMANDE à Monsieur le Préfet de Corse, en sa qualité de représentant de l’Etat et de Directeur de la publication, le retrait immédiat des passages soit révisionniste soit bienveillant avec le passé colonial de la France en Corse.