Cagoulés et lourdement armés, une trentaine d’hommes du Front de libération nationale corse (FLNC) ont renoué avec de vieilles habitudes en tenant en Haute-Corse une conférence de presse clandestine dans une forêt située dans les environs de Bastia. Les indépendantistes clandestins du FLNC ont ainsi tenu à rendre hommage lundi à un militant indépendantiste assassiné le 28 juin en Haute-Corse et nie avoir participé à un attentat deux jours plus tôt contre un complexe touristique où travaillait son entreprise.
«Philippe (Charles-Philippe Paoli) était un militant historique de notre organisation, ceux qui ont accompli cet acte n’ont pas mesuré sa portée ni ses conséquences», écrit le Front de libération nationale de la Corse (FLNC) dans un communiqué transmis après la conférence de presse.
Le FLNC estime que la mort de M. Paoli, «injuste et inexplicable» et qui intervient «au moment où le mouvement national est en passe d’arracher d’importantes avancées politiques», le «rend triste» mais «renforce sa détermination».
Deux jours avant le meurtre, une résidence touristique visée par un attentat
Membre de l’exécutif du parti indépendantiste Corsica Libera, Charles-Philippe Paoli, âgé de 41 ans, a été tué par balles le 28 juin à Folelli (Haute-Corse) alors qu’il circulait en deux-roues. Deux jours auparavant, un attentat avait visé une résidence touristique à Santa-Maria-Poggio (Haute-Corse) dans laquelle son entreprise de BTP travaillait. Des inscriptions dénonçant la spéculation immobilière accompagnées du sigle FLNC avaient été tracées sur un bâtiment.
«Nous démentons toute participation à l’attentat contre le complexe Melody dont Philippe n’était ni gérant ni propriétaire», affirme le FLNC qui accuse «un groupe mafieux» d’être l’auteur de cet assassinat.
Corsica Libera avait déclaré lors d’une conférence de presse le lendemain de l’assassinat que l’attentat ne visait pas M.Paoli. Estimant que «la situation de chaos que connaît la Corse aujourd’hui est le résultat de la politique menée par l’Etat français», le groupe clandestin considère qu’«il appartient maintenant au mouvement national dans sa diversité de s’affirmer comme l’alternative». «Nous n’abandonnerons jamais ce que nous avons entrepris le 5 mai 1976», date de création du FLNC, est-il précisé.
Proche du nationaliste Charles Pieri, interpellé le 19 juin dans le village San-Gavino-di-Carbini (Corse-du-Sud) puis incarcéré pour avoir violé les termes de sa liberté conditionnelle, Charles-Philippe Paoli était connu des services de police. Il avait été condamné à six ans de prison par la dixième chambre de la cour d’appel en 2005 pour des extorsions en lien avec du terrorisme. L’antenne bastiaise de la direction régionale de la police judiciaire en charge de l’enquête de cet assassinat privilégierait, selon une source proche du dossier, la piste du crime de droit commun.
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