Peut-on douter de la pérennité du corse ? On le peut, car d’une année sur l’autre, l’idiome régresse au point que l’on se demande s’il survivra à la disparition de la génération charnière, celle qui en a encore l’intelligence et la maîtrise.
Cette génération-là l’apprenait instinctivement. C’était sa langue maternelle, transmise par la mère avec la « Ninni nanna », une berceuse précédant le marchand de sable, lequel était, jadis, chez nous, un parfait inconnu. Le corse, qui a perdu son privilège de première langue, est de moins en moins parlé dans la rue, mais de plus en plus enseigné à l’école. Et il le sera davantage demain, si le gouvernement le rend obligatoire, faisant droit aux corsistes et aux nationalistes qui en réclament à cors et à cris l’institution. Mais sa sauvegarde sera-t-elle assurée pour autant ? Rien n’est moins sûr. Car à l’entendre parler, aujourd’hui, à la radio, à la télévision, à l’université, on s’inquiète de son devenir. Il a perdu ses marques identitaires et la plus grande partie de son vocabulaire qui en faisait la richesse et la force. Maltraité, souillé par tant de barbarismes, il devient méconnaissable. Pourtant, c’est ce corse-là que l’on veut faire apprendre, coûte que coûte, de la maternelle à l’université et même au delà. Sans la moindre restauration — mais est-elle encore possible ? — et sans que ses enseignants n’aient pris, auparavant les indispensables cours de rattrapage, si tant est qu’ils puissent leur être dispensés. Pendant ce temps, les mamans corses continueront, comme si de rien n’était, à fredonner à leurs bébés les « Petites marionnettes » ou le « Meunier qui dort… » ou encore les placer devant un téléviseur branché sur « Canal J », grand dispensateur de dessins animés, en français, bien sûr. Parce que, de toute façon, « ninni nanna », c’est ringard et même si les « Petites marionnettes » ont à peu près son âge, elles gardent , grâce à l’Oréal, leur teint de jeune fille et s’ancrent dans la modernité. Ce que « Ninni nanna » , hélas, n’a su faire. Et même serait-elle parvenue à réaliser l’exploit qu’elle n’aurait eu, pour autant, libre accès aux berceaux.
journal de la Corse (en ligne depuis vendredi dernier)
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by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
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