Les Ghjurnate internaziunale se sont achevées hier, peu avant 21 heures à Corte avec le meeting de politique générale de Corsica Libera qui s’inscrit dans le dialogue, mais attend des engagements forts
Une année. En une année, Corsica Libera a entendu se poser comme la pierre de faîte du changement institutionnel dans l’île. En une année, les élus ont défendu les lignes directrices de leur programme avec au centre le statut de résident pesant sur l’accession à la propriété.
C’est cette force réformatrice qu’a voulu porter hier lors de la clôture des Ghjurnate internaziunale de Corte Jean-Guy Talamoni dans un exercice toujours délicat puisqu’il s’adressait à ses militants mais aussi à la classe politique insulaire. Quelques minutes plus tôt, Jean-Marie Poli au nom de l’associu Sulidarità demandait une aide financière aux militants afin de poursuivre l’action en faveur des prisonniers dits politiques. Puis Ghjuvan-Filippu Antolini, membre de l’exécutif avait livré à la tribune un discours radical aux accents« d’A Francia fora ».
Paradoxes
Le passage tracé par Jean-Guy Talamoni qui a adressé un message de soutien aux militants du FLNC, faisait le pari d’une ouverture paradoxale.
Ouverture, parce que le mouvement avait renouvelé l’invitation aux autres élus de la classe politique traditionnelle. Si la gauche siégeait sur les bancs lors du débat, la droite, elle n’avait pas cette année, passé le col de Vizzavona. Aux élus deFemu a Corsica, Jean-Guy Talamoni glissait qu’il était temps de parler « d’une même voix » en préambule. Laquelle? Le paradoxe est que la famille indépendantiste parle elle-même à deux voix depuis la scission l’an dernier avec le Rinnovu de Paul-Félix Benedetti.
Malgré ces dissensions, Jean-Guy Talamoni s’est adressé à l’assistance en rassembleur et en progressiste : « Ce qui nous rapproche est plus important que ce qui nous divise ».
Tout en rappelant que les orientations du Padduc avaient été votées « y compris par la gauche républicaine » à l’assemblée de Corse. Au cœur de son intervention, la nécessité de reconnaissance du peuple corse qui a été admise par la mouvance. « A Corsica ùn hè micca un dipartimentu francese, hè una nazione vinta chi hà da rinasce », a-t-il poursuivi, citant la revue A Cispra en 1914. Une manière pour le tout nouveau docteur en littérature corse d’enraciner la question de la vocation nationale de l’île dans le temps. Mais cette réforme, dont le projet va être soumis à l’exécutif donnera le tempo de la rentrée territoriale. « Les principales orientations de Corsica 21 ont été validées : création d’un organisme d’évaluation des politiques publiques, officialisation de la langue corse, création du statut de résident pour accéder à la propriété», a-t-il énuméré, se réjouissant que le Padduc tourne le dos « à l’économie résidentielle.» Comment le statut de résident sera-t-il défini ?
La question a pesé sur les Ghjurnate aux deux conseillers exécutifs. Maria Guidicelli avait esquissé quelques instants plus tôt l’idée d’une résidence fiscale, intégrant tous ceux qui participent à la vie de l’île, sans notion d’antériorité. Pierre Ghionga allait dans le sens d’une révision constitutionnelle reconnaissant le statut de résident. Corsica Libera, à qui ses détracteurs reprochent de ne pas intégrer les Corses d’ailleurs, entendait réintégrer la diaspora avec la notion de « centre d’intérêts moraux et matériels » qui fait déjà partie du droit administratif. Cela peut être une sépulture ou le lieu de la scolarité par exemple qui définit le résident. Qu’en pense le président de l’exécutif, Paul Giacobbi ? À moins qu’il ne donne sa réponse sur Twitter, le réseau social qu’il affectionne, nul ne sait pour l’heure.
Jean-Guy Talamoni a fait preuve d’une grande clarté à ce sujet : « Nous sommes arrivés à l’heure politique des choix, nous arrivons au terme du processus, il faut passer à la pratique, le moment est historique », a-t-il indiqué. Mettant au pied du mur Paul Giacobbi.« De cette réponse du conseil exécutif découle l’avenir de la Corse, nous attendons sa position avec confiance, mais avec une confiance mesurée », a-t-il soulevé, en évoquant la nécessité d’un « front uni »pour parler d’une même voix à Paris.
De l’histoire, Jean-Guy Talamoni est revenu à l’actualité en rendant la France porte« l’entière responsabilité des dérives mafieuses ». « Nous nous refusons d’endosser un dixième de ce qui se passe, la politique française a failli », a-t-il dénoncé, fustigeant les « persécutions judiciaires ». Les dernières en date concernent les militants de la Ghjuventù Indipendentista et de Charles et Christophe Pieri. Le chef de file nationaliste a également soutenu les prisonniers dits politiques.
Son allocution s’est achevée avec la volonté d’une proposition de solution commune. Sera-t-elle possible sans renoncement à la violence ?
Paul Ortoli Corse Matin
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Revue de Presse et suite de l’article :
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