#corse « Parution de « Littérature et politique en Corse », Jean-Guy Talamoni »

Quel est le fil conducteur de ce livre, tiré d’une thèse de doctorat ?

Le fil conducteur c’est l’imaginaire corse, tel qu’il apparaît dans les textes littéraires. Tout autant que la recherche historique, l’art et la littérature nous renseignent sur une société et ses mécanismes culturels. Comme l’a observé Milan Kundera, les livres et les tableaux sont le miroir où se reflète, se concentre et se conserve « le mode de penser et de vivre », en somme la culture profonde d’un peuple. Il serait possible d’étudier dans le même esprit les toiles de Canniccioni ou de Frassati, ou encore, en remontant plus loin, le « baroque corse »… Personnellement, j’ai choisi la littérature.

Dans quel but ?

On pourrait le faire pour le simple plaisir de la connaissance, ce qui est déjà beaucoup. Mais en ce qui me concerne, c’est aussi  et surtout parce que je suis dans l’action politique et que cette dernière ne doit pas se laisser déconnecter du monde de la pensée, ce qui est parfois le cas. J’ai simplement tenté d’améliorer ma propre contribution aux débats : il s’agit de mieux connaître les processus à l’œuvre au sein de la société pour mieux intervenir sur ces processus.

Quelle a été la méthode ?

Pour dire les choses le plus simplement possible, j’ai pris comme base un livre mythique du XVIIIe siècle, souvent cité mais rarement lu avec attention, la « Giustificazione della Rivoluzione di Corsica ». Ecrit par Salvini, un proche de Paoli, il constitue une véritable bible de l’imaginaire national corse. J’y ai repéré les éléments de cet imaginaire puis je les ai suivis à la trace dans les textes littéraires postérieurs, jusqu’à aujourd’hui. Cet exercice m’a permis de mettre en évidence une grande stabilité des représentations, par delà les époques et les changements de langues (italien, latin, français, corse…).

Qu’avez-vous avez appris sur la société corse à travers ce travail ?

D’une façon générale, lorsque l’on cherche à sortir du cliché, de l’ethnotype, c’est-à-dire de la corsitude de bazar, quand on prend réellement en compte la complexité des choses, on ne peut que rejeter les sornettes assénées par les beaufs français de base, et parfois même par un ministre…  Ou encore les doctes propos d’universitaires « corsologues » venus de l’autre côté de la mer pour nous dire ce que nous sommes. Les moins farfelus d’entre eux ne sont généralement pas en mesure de voir les choses dans leur globalité. Par exemple, Gérard Lenclud présente à peu près convenablement les forces centrifuges générant les divisions, la « mosaïque » que peut entrainer le système dit « claniste », mais il ne voit pas qu’il y a aussi, à toutes les périodes de notre histoire, des forces centripètes qui se manifestent par des démarches d’union. Les exemples les plus fameux sont la période paolienne ou, plus récemment, l’union contre l’occupant fasciste…  Le mouvement national moderne constitue d’ailleurs une bonne illustration de ces phénomènes cycliques division-union. Or, les observateurs extérieurs procèdent souvent par réduction, plaquant une grille simple et figée sur une réalité complexe et mouvante. Sans parler des journalistes parisiens, même s’il ne faut pas généraliser.

Faut-il rejeter les intellectuels extérieurs à la Corse ?

Certainement pas ! Les échanges, voire l’expression de désaccords, sont utiles et souvent enrichissants. Je pense en particulier aux séminaires animés à l’Université de Corse par le professeur Carlo Ossola, tout à fait passionnants, ou encore à ceux d’Augustin Berque, dont le travail remarquable rejoint des problématiques prégnantes en Corse, comme le rapport entre hommes et lieux…

La société corse est-elle violente par nature ?

À ce sujet, j’ai apprécié les propos tenus par l’écrivain Marco Biancarelli dans une récente interview : toutes les sociétés sont violentes et la nôtre n’échappe pas à la règle. Nous avons actuellement à cet égard un problème massif et nous cherchons à le traiter, notamment à l’Assemblée de Corse, même si nous sommes loin d’avoir toutes les compétences nécessaires. Ce qui est inadmissible c’est qu’un ministre de passage cherche à cacher le bilan désastreux de la politique judiciaire en mettant en avant nos spécificités culturelles, voire génétiques…

Lire la suite sur le Blog de Jean Guy Talamoni

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by @Lazezu 

Revue de Presse et suite de l’article  : 

sur Corse Matin, sur Alta Frequenza, sur RCFM, Sur Corsica, Sur le Journal de la Corse, Sur Paroles de Corse
Sur Alcudina, sur Corsica Infurmazione/Unità Naziunale, sur France 3 Corse, Sur Corse Net Info (CNI)

Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]

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