« Non, Monsieur le ministre, un paysan ne cultive pas les ronces! » #Corse

« Le ministre de l’intérieur, Manuel Vals, confronté au problème d’un très grand nombre d’homicides en Corse, s’est laissé allé à dire que « la violence est culturellement enracinée en Corse ». Cette déclaration a fortement ému la population insulaire. Mais il ne suffit pas de s’offusquer. Il faut dire pourquoi le ministre de l’intérieur commet un grave contre sens.

La culture, selon qu’on se réfère a la philosophie ou à la sociologie, c’est ce qui est différent de la nature, ce qui est de l’ordre de l’acquis et non de l’inné, et ce qui soude une communauté. Autrement dit, la culture est le fruit de ce que les hommes et les femmes entretiennent, soignent développent. Ce qu’ils cultivent.

Lorsqu’un paysan nettoie et cultive son champ, c’est pour y faire pousser du blé, de la vigne, des arbres fruitiers ou des fleurs. Lorsqu’il n’a plus les moyens ou la force de cultiver ce champ, ce sont les ronces et les orties qui prennent la place des cultures. Il n’est jamais venu à l’esprit de personne de dire que le paysan dont le champ est envahi par les ronces, s’est mis à cultiver des ronces ou des orties. Il en va de même au sujet des valeurs qui fondent une société. La violence se développe dans une société lorsque les hommes ne parviennent plus à défendre les valeurs auxquelles ils croient pour le bien de leurs enfants et l’avenir de leur descendance. La violence se développe lorsque le travail vient à manquer, lorsque la pauvreté, la misère, les inégalités gagnent du terrain. Lorsque les intérêts de spéculateurs avides de gains prennent le dessus sur les intérêts et les préoccupations des honnêtes citoyens.

Lorsque j’habitais à Palerme, en Sicile, dans les années 1990, le maire de cette ville, Leoluca Orlando avait lancé l’idée de s’appuyer sur la culture pour lutter contre la mafia. Cette idée me parut belle mais j’avais un doute quant à son efficacité. Or j’avais tort. Leoluca Orlando voyait loin et il avait raison. Il avait compris que la violence des ronces et des orties se développe sur les terres qu’on laisse en friche. Il avait compris que pour lutter contre ces fléaux il faut planter du blé, des arbres fruitiers, des fleurs, entretenir les jardins, construire des théâtres, encourager la langue, l’écriture, la poésie, le cinéma, la photographie, les arts plastiques… Cela veut dire qu’en Corse plus encore qu’ailleurs, lorsque la crise économique pointe son nez, il faudrait éviter de couper dans les budgets de la culture. « 

Lire la suite de la position de Sampiero Sanguinetti sur le blog du Dr Edmond Simeoni

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by @Lazezu 

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