Au début de mois de juin, le ministre de l’Intérieur de la France était en visite en Corse. U Cumunu avait mis en avant le fait que Manuel Valls venait avec un discours clair dans lequel la « République » primait sur la démocratie. L’exemple servant à appuyer ce propos était, pour la Corse, la question de la langue et le vote de l’Assemblée de Corse en faveur de sa coofficialité.
Logiquement, ce dossier a été évoqué au cours de la visite ministérielle, notamment par les deux groupes nationalistes qui ont tour à tour refusé de rencontrer Valls dans les locaux de la CTC. Une manière de protester contre ses propos sur la culture corse mais aussi contre sa décision de ne pas prendre en compte un vote des représentants élus du peuple corse.
La question de la langue corse a d’ailleurs fait l’objet d’une question orale de Corsica Libera lors de la session suivante de l’Assemblée de Corse, au lendemain de la visite de Valls. Le groupe indépendantiste, par la voix de Jean-Guy Talamoni, demandait alors à l’Exécutif ce que ce dernier avait prévu de faire pour convaincre les entités internes à la CTC de signer la charte de la langue corse, prenant en exemple les Chemins de fer.
Si le conseiller exécutif en charge de la langue, Pierre Ghionga, a répondu à Jean-Guy Talamoni, Paul Giacobbi a tenu à intervenir. Il a dit toute sa détermination à faire respecter les décisions prises par l’Assemblée dans le domaine du foncier, de la fiscalité et de la langue. Se rapportant directement à la rigidité « républicaine » face à tout ce qui peut être considéré comme une particularité régionale, il a tenu des propos forts estimant que la France « n’est pas un pays normal » et qu’elle faisait montre « d’une sorte d’intolérance à la diversité et à l’identité de ses régions ».
L’Exécutif allait donc se montrer « offensif », y compris en envisageant de mener des actions au niveau international pour contraindre une France « arrogante » capable de défendre « le tibétain au Tibet » mais pas « le corse en Corse ».
Si l’on ne peut que souscrire à ces propos, il faut également s’étonner du contraste entre ce discours dans l’hémicycle de l’Assemblée et les propos tenus par Paul Giacobbi lors de la visite de l’un des principaux partisans de l’immobilisme, à savoir Manuel Valls. Là, l’attitude était toute autre, entre remerciements mielleux à la signature de la dernière partie du PEI (promis depuis plus de dix ans) et quasi-approbation des propos du ministre sur la culture corse violente.
Pourquoi Paul Giacobbi, qui se targue de beaucoup de qualités, n’a pas utilisé sa verve et son sens de la formule devant Manuel Valls ? Se réserve-t-il le droit d’être offensif uniquement pour parader devant les élus corses ? Ce qui certain, c’est que la Corse n’a pas besoin que de paroles fortes mais aussi d’actes forts : le vote de l’Assemblée sur la coofficialité en est un. Reste maintenant à porter cette décision devant l’Etat français, et à lui imposer. Par tous les moyens possible.
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by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
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Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]