Il y a 22 ans disparaissait Filippu Franceschini, un jeune militant de la Lutte de Libération Nationale. Il y a 21 ans j’écrivais sur le site Unità Naziunale, un hommage à ce jeune corse, Mortu per a Nazione.
Déjà 20 ans, et il me semble que les raisons pour lesquelles Filippu se battait, sont toujours d’actualité.
« C’était un 3 juillet de l’année 2002 (source unità naziunale), quand nous avons appris la mort de Filippu.
C’était un jeune corse, discret, souriant, mais aussi un ardant défenseur de sa terre, de sa langue et de son peuple.
Nous avions fait ensemble quelques actions de résistance sur le terrain, notamment lors des mobilisations en soutien aux prisonniers politiques, et plus particulièrement l’action du port de Bastia en juillet 2001 (avec le Comité Anti-Répression, Sulidarità, Indipendenza, Ghjuventù Indipendentista) quand nous avions bloqué le départ des bateaux de la SNCM, une grosse action, tendue sous un soleil de plomb, une énième action pour demander le rapprochement des prisonniers politiques. Il avait cette sincérité et cette fougue de la jeunesse corse qui se bat pour son devenir. Sans hésitation il s’est engagé en politique pour défendre les intérêts de la nation corse et de son peuple. Il nous a quitté trop tôt, ma sara sempre à fiancu à noi.
« 21 ANNI dighjà chi hè corsu u to sangue. Oghje, dopu a 21 anni di dulore ci ferma sempre u to ricordu caru figliolu, caru fratellu, caru amicu, caru patriottu, serai sempre a fiancu a noi. »
Anthony Simonpoli
Hè mortu à l’età di 19 anni, Filippu Franceschini, militente naziunalistu di u Nebbiu.
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L’hommage d’Iviu Bourdiec dans le Ribombu N°28 (11 juillet 2002) :
Je ne te connaissais pas, Filippu. Et pourtant je resssens ta mort comme celle d’un proche, d’un très proche. Parce que tu appartiens à la génération de mes enfants; parce que comme eux, comme moi, comme nous tous, tu croyais à la vie, tu croyais à la Corse. Parce que tu appartiens à la jeunesse de ce pays, généreuse et belle, qui a repris le flambeau des valeurs ancestrales de notre terre que tant d’adultes enfermés dans le confort aliéné des lâches avaient abandonné sur l’autel de la soumission. Et ne m’en veux pas pour la solennité de mon propos, toi qui étais, m’a- t-on dit, la discrétion, l’effacement, la pudeur. Elle ne fait que traduire le symbole que te mort représente aujourd’hui pour tous ces jeunes, tes frères de lutte, venus si nombreux te rendre hommage et pleurer le frère, l’ami, le compagnon, le résistant. Parce qu’avant tout tu étais un résistant, digne descendant des martyrs de Ponte Novu, des pendus du Niolu et de tant d’autres dont le sacrifice émaillé l’histoire de la Corse éternelle. Ton combat pour la justice et la renaissance de notre nation s’inscrivait dans l’enthousiasme de cette jeunesse corse qui sait qu’elle va gagner sa lutte pour la justice et la dignité dans l’indépendance de son pays libéré, malgré les coups répétés d’un Etat colonial impuissant devant sa détermination.
Tu croyais, Filippu, à cette victoire, tu savais qu’elle est inéluctable. A la douleur des tiens, au désarroi de tes parents de ta soeur, de ton tout jeune frère, le colonisateur a répondu en envoyant ses reîtres, ses flics pour enquêter et harceler encore une famille meurtrie. Parce que ces gens-là ne respectent même pas la mort, comme ils ne respectent pas la vie. Et ceux qui pactisent avec eux ne sont pas dignes d’appartenir à cette terre de Corse qui était ta raison de vivre.
Je ne te connaissais pas, Filippu, mais je sais, comme tous ceux qui t’aimaient et te pleurent aujourd’hui, que ta vie restera un exemple pour la jeunesse corse. Celle qui a choisi, comme tu l’avais choisi, le combat, et l’espoir, et la foi indestructible dans l’avenir de notre nation. Aujourd’hui tu est retourné à cette terre qui t’a porté et à laquelle tu demeures indissolublement lié, de ce lien intemporel de notre mémoire collective…
…E poi l’etema gloria.
Iviu Bourdiec
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U MO FRATELLU CARU
Tu es né le 11 février 1983; juste un peu plus d’un an après moi.
Comme des jumeaux on a vécu main dans la main les plus belles années de notre vie. Tu étais beau comme un ange et tu aimais tellement la vie que tu te passionnais pour tout ce que tu faisais. Dès que tu faisais quelque chose tu t’y donnais entièrement et c’est pour cela que tu réussissais. Tu étais tellement courageux et tellement intelligent que tu aurais tout réussi dans ta vie…si seulement.
Même si tu ne parlais pas beaucoup, même si tu n’étais pas expansif, il suffisait d’un regard. Tu savais tout ce que je pensais, mais de toutes façons nous pensions pareillement.
Tu étais le lien de notre famille, car comme ton grand père dont tu portais le nom, et que tu as rejoins maintenant, tu avais compris comment fonctionnait chacun de nous et tu savais éviter les conflits.
Ta vie était une vie de passion, tu as fait tout ce que tu voulais, tout ce que tu aimais. Tu voulais toujours partir dans la montagne, escalader ta montagne, ta montagne corse que tu aimais tant, parce que là haut, tu t’y sentais libre.
Parce que tu voulais vivre libre, libre de tous les carcans de la société, de toutes ces lois injustes qui ne te convenaient pas. Tu voulais vivre libre d’être ce que tu étais et pas ce que le système en place voulait que tu sois.
« Tu voulais être corse, tu voulais parler ta langue et défendre ton peuple »
Tu voulais être corse, tu voulais parler ta langue et défendre ton peuple.
Vulii campa corsu nantu a to terra è ne era cusì fieru.
Tu disais que tu étais obligé de partir à Marseille pour faire tes études, mais que c’était pour pouvoir ensuite vivre chez toi, et travailler pour faire vivre ton pays.
Ma ùn si micca mortu u mo amore, sarai sempre vivu, camperai ind’i nostri cori, perché ùn ci scuderemu mai di te.
Ti tengu caru
A to surella cara,
Leria
Quelques photos :
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by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
sur Corse Matin, sur Alta Frequenza, sur RCFM, Sur Corsica, Sur le Journal de la Corse,
Sur Alcudina, sur Corsica Infurmazione/Unità Naziunale, sur France 3 Corse, Sur Corse Net Info (CNI)
Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]